Apprendre le vietnamien pour garder un lien avec le "pays du cœur"

L’association Pont pacifique ressemble - comme son nom l’indique - à un pont raccourcissant la distance qui sépare la Suisse du Vietnam. Parmi les nombreuses activités qu’elle mène, elle s’est fait la spécialiste de l’organisation de cours de vietnamien.

L’association Pont pacifique ressemble - comme son nom l’indique - à un pont raccourcissant la distance qui sépare la Suisse du Vietnam. Parmi les nombreuses activités qu’elle mène, elle s’est fait la spécialiste de l’organisation de cours de vietnamien.

Même s’ils sont nés ou sont arrivés dès leur plus jeune âge en Europe, la plupart des Vietnamiens de Suisse restent attachés à leur langue maternelle. L’école Âu Lac Viêt, à Genève, permet à ces Viêt kiêu d’apprendre le vietnamien ou de l’approfondir. Et des Suisses «de souche» y participent aussi.

Nous nous sommes rendus dans cet établissement, tenu par l’association Pont pacifique, lors d’une glaciale matinée d’hiver. Dans la salle de classe, six élèves, Suisses et Vietnamiens, s’apprêtaient à passer un petit test. L’épreuve écrite consistait entre autres à traduire un texte en français et à des exercices de grammaire. Selon Trân Hà Linh, enseignante, étudiante en master de finances à l’Université de Genève, les élèves sont très motivés et s’accrochent pour apprendre cette langue difficile.

Des cours pour adultes et enfants

Mai Linh est une jolie métisse suisso-vietnamienne de 23 ans. Elle a commencé à apprendre la langue de sa maman à l’école Âu Lac Viêt en septembre 2012. En quelques mois d’apprentissage, elle a commencé à pouvoir entretenir des conversations simples. « En parallèle aux deux cours hebdomadaires, je pratique le vietnamien à la maison. La prononciation est difficile mais j’ai vraiment envie de l’approfondir, pour être plus à l’aise à l’oral, notamment avec mes grands-parents et ma mère», a confié la jeune femme. En avril, Mai Linh reviendra dans le pays natal de sa mère dans le cadre d’un stage dans une organisation francophone à Hanoi. De fait, elle met les bouchées doubles afin de ne pas se heurter à cette fameuse barrière de la langue !

Garder un lien avec le «pays du cœur»

Huguette Micard, quant à elle, apprend le vietnamien en prévision d’un voyage dans le pays de ses ancêtres cette année. Malgré un nom à consonance bien francophone, elle est aussi d’origine vietnamienne. « Vraiment, le vietnamien est difficile, notamment la prononciation. Je suis arrivée en France à l’âge de sept ans avant de venir vivre en Suisse, et j’ai eu très peu d’occasion de pratiquer la langue de ma mère. Maintenant, à l’âge de 64 ans, la retraite me permet d’avoir plus de temps pour m’y consacrer » , confie-t-elle.

Selon le docteur Hoàng Van Khân, un Viêt kiêu qui vit à Genève depuis plus de 30 ans, aussi président de l’association Pont pacifique, les cours de vietnamien de l’école Âu Lac Viêt sont ouverts depuis 2005, avec l’encouragement de l’ancien ambassadeur vietnamien auprès de l’ONU à Genève, Ngô Quang Xuân. Au début, ils étaient organisés dans les locaux de la délégation vietnamienne auprès de l’ONU à Genève.

Avec un nombre croissant d’élèves, les locaux de la délégation vietnamienne deviennent étroits. « Je devrais louer un autre bâtiment plus large. Je suis vraiment encouragé et me suis adonné à étudier la méthode Tomatis appropriée pour l’enseignement du vietnamien à Genève », raconte Hoàng Van Khân. Cette méthode est basée sur celle d’Alfred Angelo Tomatis (1920-2001) - un médecin oto-rhino-laryngologiste, qui a consacré l’essentiel de sa vie professionnelle à étudier les processus liant l’écoute au langage.

Ces cours bihebdomadaires, chacun de trois mois, attirent tout type de public. Il y a bien sûr plusieurs niveaux. À chaque cours, en plus des parties indispensables comme vocabulaire, prononciation, grammaire, connaissances sur l’histoire et la culture vietnamiennes, les élèves apprennent et interprètent toujours trois chansons vietnamiennes, dont un air folklorique et une chanson du feu compositeur Trinh Công Son.

D’après Hoàng Van Khân, les apprenants sont nombreux. La plupart ont des attaches familiales avec le Vietnam, mais il y a aussi des Suisses et des Français «de souche» vivant à Genève qui désirent apprendre le vietnamien pour leur plaisir ou en vue d’un poste au Vietnam. D’après lui, tous les activités d’enseignement de la langue ou d’organisation d’activités culturelles comme l’accueil du Têt traditionnel, la fête de la Mi-automne sont le fruit de la communauté des Viêt kiêu de Genève, pour garder un lien avec le «pays du coeur». – AVI

Voir plus