L’Associationdes femmes vietnamiennes et les Vietnamiens vivant dansl’arrondissement londonien de Lewisham ont créé, il y a dix ans, uneécole vietnamienne afin de permettre aux enfants Viêt kiêu des 2e et 3egénérations d’apprendre la langue de leur pays d’origine et de préserverleur identité culturelle traditionnelle. Malgré un budget limité, lesprofesseurs réussissent à maintenir les cours grâce à l’aide de lacommunauté. Pour eux, enseigner cette langue est un moyen de laperpétuer au sein de la diaspora.
Des enseignants bénévoles
QuynhGiao, enseignante, estime que les Vietnamiens vivant à l’étranger sonttrès intéressés par l’apprentissage du vietnamien. Même s’ils sont nésou sont arrivés dès leur plus jeune âge en Europe, la plupart desVietnamiens de Grande-Bretagne restent attachés à leur langue d’origine.L’école vietnamienne de Lewisham permet donc à ces Viêt kiêud’apprendre le vietnamien, ou d’approfondir leurs connaissances.
L’écolepropose trois cours de niveaux différents. Le premier est destiné auxenfants de moins de sept ans et à ceux qui ne savent pas parlervietnamien. «Notre objectif est d’aider ces enfants à faire connaissanceavec la langue, via l’aide des volontaires», souligne Quynh Giao.
Ledeuxième est réservé à des élèves qui ont déjà des connaissances envietnamien. Mais leur niveau n’est pas encore suffisant pour qu’ilsemploient la méthode Tiêng Viêt vui (le vietnamien en s’amusant),publiée par le ministère vietnamien de l’Éducation et de la Formation.Il s’agit donc d’une étape préparatoire pour qu’ils puissent intégrer letroisième cours, où la méthode Tiêng Viêt vui est utilisée.
Laqualité de l’enseignement de l’école vietnamienne est citée commeexemple en Grande-Bretagne. Par ailleurs, les enseignants travaillenttous à titre bénévole.
«Les volontaires contribuentfortement au succès de l’école», insiste Quynh Giao. Il s’agit en grandepartie de Vietnamiens étudiant en Grande-Bretagne, qui veulenttransmettre leur patrimoine linguistique.
On demande à cesétudiants d’aider les élèves du premier cours. Ils leur apprennent àprononcer l’alphabète, à épeler les mots, à former des syllabes et àcommuniquer simplement. Leur seule motivation est leur attachementprofond à la langue vietnamienne et leur volonté de la transmettre àleurs élèves. Les écoliers sont eux aussi motivés et se démènent pourapprendre cette langue difficile. En plus des matières commevocabulaire, prononciation, grammaire, connaissances sur l’histoire etla culture vietnamiennes, les élèves interprètent également des chansonsvietnamiennes.
«Mes fils veulent apprendre la langue deleurs parents. Ils apprécient l’atmosphère conviviale de cette école,partage Nhung Adams, mère de deux enfants suivant des cours à l’écolevietnamienne. Tous les samedis, mes fils se lèvent très tôt et medemandent de les emmener à l’école pour qu’ils retrouvent leurs amis».
Beaucoupd’enfants demandent à leurs parents de les y inscrire. Parfois, lesparents leur préparent le déjeuner. Des plats vietnamiens bien sûr.
Pénurie de manuels d’enseignement
SelonQuynh Giao, la méthode Tiêng Viêt vui s’est beaucoup améliorée. Ellepermet aux enseignants de donner quatre compétences aux élèves,notamment dans les domaines de la compréhension orale et écrite.Pourtant, certains points de la méthode n’ont pas été renouvelés. Lesenseignants doivent donc rédiger eux-mêmes des leçons pour les élèves.Il manque aussi de manuels, ce qui ne facilite pas l’apprentissage pourles jeunes élèves.
«Nous souhaitons une collaboration plusétroite entre le ministère des Affaires étrangères et celui del’Éducation et de la Formation afin de poursuivre la publication demanuels destinés aux Viêt kiêu. Par ailleurs, il faut réfléchir àfournir des livres aux départements de vietnamien des universités et desécoles des pays d’accueil afin de favoriser l’enseignement sur place»,propose Quynh Giao. -CVN/VNA