Triêu Van Nguyên, 35 ans, a étéamputé d’une jambe il y a huit ans. Il a marché sur une mineantipersonnel près de chez lui, dans la commune de Thanh Thuy, districtde Vi Xuyên, province montagneuse de Hà Giang (Nord). «Il y en abeaucoup dans cette région, raconte-t-il. Parfois, alors que jetravaillais dans les champs, je tombais sur de petites mines».
Il n’est pas le seul à être touché par les conséquences de la guerre.Un de ses trois enfants est atteint de malformations congénitales. Safamille fait partie des foyers pauvres de la commune. Bôn Van Hon, 46ans, est dans la même situation que Nguyên. Il a été amputé des deuxjambes à cause de l’explosion d’une mine et fait face à des difficultésfinancières. Ses deux enfants ont eux aussi été blessés par des enginsexplosifs.
Soutien des proches indispensable
Selon le Comité populaire de Thanh Thuy, la commune compte 50 personnesblessées à la suite de l’explosion de bombes ou de mines. Mais elles nesont pas soutenues. Il n’existe pas d’aides pour qu’elles puissentsuivre un programme de réadaptation.
Cao Thi Mên,habitant la commune de My Trach, district de Bô Trach, province de QuangBinh (Centre), a été blessée par un engin explosif il y a vingt-cinqans. Handicapée, sa survie dépend de sa sœur. Il y a deux ans, grâce àl’aide de l’Association des handicapés de la province de Quang Binh,elle a eu la chance de bénéficier d’une opération et d’un programme deréadaptation. Elle a notamment suivi une formation professionnelle.Actuellement, elle gagne sa vie grâce à la fabrication d’articles enbambou. Elle enseigne aussi ce métier aux habitants de son villagenatal.
Malheureusement, très peu de victimes des bombeset des mines disposent d’un emploi stable. «La plupart dépendent deleurs proches. Ils ne bénéficient pas des aides destinées auxhandicapés», commente Tô Duc, chef adjoint du Département de laprotection sociale du ministère du travail, des invalides de guerre etdes affaires sociales. Afin de les aider, des projets ont été mis surpied dans les provinces du Centre. Menés sur une durée déterminée, ilsne suffisent pas.
800.000 tonnes de munitions non-explosées
Durant la guerre contre les Américains, la province de Quang Binh a étébombardée. Conséquence, 20.000 des 45.000 handicapés de la province ontété touchés par des munitions encore amorcées. Depuis 2011, laCroix-rouge de Quang Binh a déployé le projet «Prévenir les accidents etaméliorer le quotidien des victimes de bombes et de mines». Il vise àinformer et sensibiliser les habitants, en particulier les enseignantset les élèves, pour diminuer les accidents causés par les enginsexplosifs.
Dans le cadre de ce programme, 36 foyerstouchés dans huit communes et quartiers ont bénéficié d’aides pourdévelopper leur élevage. Leurs conditions de vie se sont améliorées.«Pour mieux connaître les risques liés aux engins explosifs, il estnécessaire d’établir une carte des zones infestées pour le service dudéminage, explique Hoàng Thi Mai Chi, membre du Groupe de conseils surles bombes et mines. C’est un travail dangereux, mais il est nécessairede le poursuivre pour garantir la sécurité des habitants».
Selon les chiffres, 800.000 tonnes de munitions non-explosées seraientencore enfouies dans le sol vietnamien. Dans la province de Quang Binh,159 communes sont encore très exposées. Au cours des dix dernièresannées, 164 accidents ont été recensés dans la province. Ils ont causé49 morts et 115 blessés, dont 21% d’enfants.
D’aprèsHoàng Van Thông, directeur adjoint du Service du travail, des invalidesde guerre et des affaires sociales de la province de Quang Tri (Centre),83% du territoire contient des engins explosifs. Quelque 7.000personnes en ont déjà été victimes. Ils se retrouvent souvent handicapésà vie, dépendent des aides de leurs proches et touchent une petitesubvention mensuelle. Entre 2006 et 2010, les victimes provenaientessentiellement des couches défavorisées de la population, quiessayaient de désamorcer les engins explosifs pour récolter du fer. Ilest donc nécessaire de les sortir de la pauvreté.
LeVietnam compte 6,7 millions d’handicapés, soit 7,8% de sa population.Parmi eux, nombreuses sont les victimes de bombes et de mines, détailleTô Duc, chef adjoint du Département de la protection sociale. Maisjusqu’à aujourd’hui, aucune étude n’a été réalisée dans le pays pourdéterminer le nombre de blessés et de morts causés par les enginsexplosifs après la guerre. On ne peut donc pas élaborer de politiquesd’assistance spécifiques pour ces victimes. -CVN/VNA