La conclusion d’accords de libre-échange par le Vietnam avec des partenaires étrangers se révèle plein d’intérêt pour développer les marchés et renforcer les exportations. Néanmoins, la plupart de ces accords ne produisent pas encore pleinement leurs effets.

Fin 2013, le Vietnam et l’ASEAN ont signé et ratifié des accords de libre-échange (FTA en anglais) avec six grands partenaires d’Asie de l’Est : ASEAN - Chine (ACFTA), ASEAN - République de Corée (AKFTA), ASEAN - Inde (AIFTA), ASEAN - Australie et Nouvelle-Zélande (AANZFTA), ASEAN - Japon (AJCEP).

Le pays a également conclu deux accords bilatéraux avec le Japon et le Chili. Ces FTA ont bénéficié aux exportations de l’ASEAN, notamment vers la Chine, la République de Corée et le Japon. Le Vietnam est un des pays qui profitent assez bien de ces FTA, avec 27,8% de ses exportations au Japon bénéficiant des taxes préférentielles, selon l’AJCEP, 21% de celles en Chine (ACFTA), et 79% de celles en République de Corée (AKFTA).

Grâce à ces FTA, les échanges commerciaux bilatéraux du Vietnam réalisés dans ce cadre ont fortement augmenté, représentant 60% du commerce extérieur du pays. Le bénéfice de ces FTA a largement contribué au développement des marchés et au renforcement de l’activité du secteur de l’import-export du Vietnam. Quelques chiffres parlants : la valeur à l’exportation vers les pays de l’ASEAN a augmenté de 30,07% en 2011 et de 27% en 2012. Ces chiffres étaient respectivement de 39,5% et 25% vers le Japon, de 52% et 17% vers la Chine, de 52,5% et 18% vers la République de Corée.

Les importations ont aussi considérablement augmenté après l’entrée du pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la conclusion de FTA. En revanche, le Vietnam subit la pression des produits exportés par les pays parties aux FTA. Depuis des années, le commerce bilatéral avec la Chine, l’ASEAN et la République de Corée est fortement déficitaire pour le Vietnam. Ainsi, le déficit avec la Chine est passé de 210 millions de dollars en 2010 à 16 milliards en 2012. Avec la République de Corée, la croissance annuelle du déficit commercial a été de 13,6% dans la période 2003-2006, puis de 21,8% de 2007 à 2010.

La hausse des importations vietnamiennes s’explique d’abord par la suppression des droits de douanes résultant des règles de l’OMC et des FTA convenus par le pays. En outre, plusieurs entreprises issues de l’IDE ont augmenté leurs importations pour profiter de l’ouverture du marché de la distribution, a expliqué Bùi Huy Son, chef du département Asie-Pacifique du ministère de l’Industrie et du Commerce.

Sous-exploitation des FTA

Les accords de libre-échange sont souvent présentés comme la suppression immédiate des entraves au commerce entre parties. Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, les traités de libre-échange sont extrêmement complexes. L’établissement du certificat d’origine, préalable indispensable au bénéfice de l’exonération des droits de douane, est soumis à des règles différentes pour chaque produit. Le coût d’obtention d’un tel certificat est élevé et les formalités nécessaires sont longues. Autre raison, les entreprises sont encore loin de satisfaire à toutes les normes diverses des FTA.

Afin d’exploiter plus efficacement ces accords de l’ASEAN, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Vu Huy Hoàng, a estimé que l’important était d’élaborer une stratégie en vue de faire converger ou d’harmoniser les cadres juridiques et de réduire les différences entre les accords. ‘’En tant que région au centre de plusieurs FTA, l’ASEAN dispose des conditions pour exploiter cet avantage et profiter au maximum des taxes préférentielles de ces FTA», a estimé Vu Huy Hoàng. Selon lui, c’est la structure économique qui a un rôle décisif dans la coopération entre parties. Les échanges commerciaux entre la Chine, l’Asean et le Vietnam se développent en raison de leurs différences de structure économique.

FTA avec l’UE

La signature de FTA, qui comprend une ouverture plus large des marchés dans la plupart des activités liées au commerce - biens, services, investissement, propriété intellectuelle...-, profitera largement au Vietnam. Le pays en bénéficiera dans ses relations économiques avec les 27 pays membre de l’Union européenne (UE), ce qui permettra de renforcer le commerce dans la région et dans le monde.

À présent, les exportations vietnamiennes en UE représentent seulement 0,75% des importations de l’Union, bien que celle-ci soit déjà l’un des premiers partenaires économiques du Vietnam, en commerce comme en investissement. Selon le Département général des statistiques, en 2012, l’UE est même devenue le premier marché à l’exportation du Vietnam avec un chiffre d’affaires de 20,3 milliards de dollars, représentant une croissance annuelle de 22,5% et 17,7% des exportations nationales.

La signature d’un FTA avec l’UE pourrait pleinement profiter au Vietnam avec l’exemption de taxes douanières pour au moins 90% des produits vietnamiens déjà commercialisés dans cette région. Mais des opportunités et défis attendent les entreprises vietnamiennes spécialisées dans les produits aquatiques, les chaussures à empeigne en cuir, l’électronique, les produits chimiques et autres secteurs lorsque le FTA Vietnam-UE sera en vigueur. Les principales exportations du Vietnam y subissent actuellement une taxation moyenne élevée de 10% pour les produits aquatiques et de 12% pour les chaussures et le textile-habillement. Avec le FTA cette taxation sera réduite ou supprimée, ce qui permet d’escompter une croissance annuelle des exportations de textile de 20%, et de 7 à 21% pour les chaussures, mais le pays rencontrera également des difficultés avec l’engagement corrélatif de suppression des taxes sur les produits exportés au Vietnam par l’UE...

Le FTA Vietnam-UE, s’il se concrétise, facilitera l’accès des produits et services des deux parties sur leurs marchés. Cet accord présente un intérêt non seulement évident mais aussi caché qui aura une large incidence pour le Vietnam, notamment en améliorant la position de son économie au sein de la chaîne de production mondiale. Le marché européen, fort de ses 500 millions de consommateurs, présente de larges opportunités pour les produits vietnamiens, a estimé le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Quôc Khanh. Selon les prévisions, le Vietnam et l’UE ont défini un itinéraire pour achever les négociations de leur FTA en septembre 2014 en vue de son entrée en vigueur en 2015. Après 2015, le Vietnam ferait partie de FTA représentant 55 pays du monde entier. -VNA