Hanoi (VNA) – Sur les eaux calmes de la rivière Vàm Co, les notes du don ca tài tu (chant des amateurs du Sud) ne sont pas qu’un simple écho du passé. Elles tracent aujourd’hui un itinéraire culturel unique, reliant traditions vivantes et découvertes touristiques. En associant art musical et navigation, la province de Long An propose une nouvelle expérience aux visiteurs, au plus près de l’âme du delta du Mékong.
Long An est reconnue comme étant l’un des berceaux de cet art musical emblématique du Sud du Vietnam, qui mêle chant et instruments traditionnels. La province a vu naître de nombreux maîtres de cette discipline, et son nom reste associé aux grandes étapes de l’évolution du don ca tài tu dans le delta du Mékong. Ici, cette musique n’est pas seulement un patrimoine. C’est une fierté locale, vivante et partagée.
À Tân Tru, au fil des ballades sur la rivière Vàm Co, qu’elles aient lieu à l’aube ou au crépuscule, les mélodies résonnent au cœur des paysages ruraux: les rizières, les élevages de crevettes, les silhouettes féminines vêtues d’ao bà ba glissant entre les palmiers d’eau. Le cadre intimiste des représentations sur bateau offre une parenthèse de sérénité, d’émotion et de philosophie populaire. C’est ce qui a décidé les autorités de Tân Tru à faire du don ca tài tu un axe fort du tourisme culturel et écologique local. Ngô Van Quôc, directeur du Centre culturel et de communication du district, insiste sur l’authenticité du patrimoine.

«Nous mettons un point d'honneur à créer des produits touristiques culturels uniques, qui n’existent nulle part ailleurs, pour attirer les visiteurs à Tân Tru. Nous renforçons aussi notre coopération avec les agences de voyage pour développer des circuits adaptés», dit-il.
Soutenu à la fois par les autorités et les habitants, le don ca tài tu bénéficie aujourd’hui de politiques publiques structurées, mais aussi d’initiatives concrètes. Concerts fluviaux, festivals, et surtout, une intégration croissante dans les circuits touristiques, notamment ceux par voie d’eau, Long An entend offrir aux touristes des souvenirs indélébiles, affirme Nguyên Van Hiên, président de l’Association provinciale du tourisme.
«Nous collaborons avec le Département provincial de la culture, des sports et du tourisme pour mieux faire connaître nos atouts. Les touristes venus du Nord en direction de Hô Chi Minh-ville sont invités à faire escale à Tân An ou à découvrir nos zones fluviales typiques», ajoute-t-il.

Long An met actuellement en œuvre un plan de préservation et de développement du don ca tài tu pour la période 2024-2026, avec une vision à l’horizon 2030. Ce projet comprend la formation de milliers d’amateurs, l’organisation de concours, et des actions de sensibilisation pour assurer la transmission du savoir musical.
«Avant, je chantais seulement au karaoké ou dans le quartier. Aujourd’hui, j’apprends vraiment la musique, les techniques, la diction. Les maîtres sont extrêmement dévoués. C’est passionnant», partage un apprenti.
«C’est une expression profonde de la culture vietnamienne. J’espère pouvoir transmettre cette passion à mes élèves, leur donner envie de découvrir cette tradition», renchérit une autre.
Grâce à une stratégie claire et des efforts conjoints entre acteurs publics et population, le don ca tài tu devient peu à peu une «spécialité culturelle» incontournable de Long An. Un art vivant, inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et désormais porteur d’avenir pour le tourisme du delta. – VOV/VNA