Lào Cai (VNA) – Si la vie des femmes issues des minorités ethniques reste trop souvent limitée aux tâches domestiques, nombreuses sont celles qui cherchent à s’extraire de cette destinée tracée d’avance. À l’image de femmes vivant dans le district de Van Bàn de la province montagneuse de Lào Cai (Nord).
Depuis plus de deux ans, la culture de la ramie (également appelée "ortie de la Chine") est devenue un métier familier pour les femmes du hameau de Dông Vê, commune de Chiêng Ken, district de Van Ban, province de Lào Cai (Nord). Les costumes colorés traditionnels des femmes des minorités ethniques Xa Pho, Tày, Dao, Thai et H’Mông se distinguent au milieu des champs qui sont sur le point d’être récoltés.
Dans le vent se mêlent les conversations et les rires de ces femmes. La timidité lorsqu’elles rencontrent des étrangers cède la place à la confiance, ainsi qu’à la fierté en présentant leur travail. "Dans le passé, la région ne cultivait que du maïs, du manioc et du riz, avec des gains de quelques millions par an. Notre vie quotidienne se heurtait à bien des difficultés. La pauvreté touchait bien des familles de cette région reculée. À partir de 2017, tout a changé grâce à la culture de la ramie", confie Luong Thi Diên, de l’ethnie Xa Pho.
La ramie (nom botanique : Boehmeria nivea et nom vietnamien : Cây gai xanh), est utilisée pour le secteur de textile-habillement. La plantation et les soins ne demandent pas beaucoup d’efforts. Pour la première récolte qu’environ, il ne faut trois mois et seulement 40-50 jours pour les suivantes. L’Association des femmes du district de Van Ban est l’unité qui met en œuvre le projet “Les femmes sont propriétaires de la chaîne de valeur des ramies”. Elle les encourage à planter des ramies afin de changer la structure des cultures rurales.
Pour la première période, les participantes étaient très inquiètes, craignant de ne pas réussir car c’était une nouvelle plante. De plus, avec des plantes vivrières comme maïs, riz ou pommes de terre..., si elles ne peuvent les vendre, elles pourront les manger ; tandis que pour la ramie, si la vente se heurte à des obstacles, la récolte est perdue. Avec leur détermination et le soutien de l’Association des femmes du district de Van Ban, bien des femmes ont rejoint ce projet. Et elles ont affirmé leur désir de faire fortune en se basant sur les potentiels de leur terre natale.
"Nous avons ouvert des formations dans lesquelles des experts analysent la valeur de cette plante. Les techniques concernant la plantation, le soin ont été également fournies aux femmes. La première année a été la démonstration la plus claire de l’efficacité économique apportée par les ramies. Un hectare rapporte 40-60 millions de dôngs, soit quatre à cinq fois plus que le maïs et le manioc. Ainsi, la superficie s’est élargie pas à pas. Trois hectares au début, et 10 hectares actuellement avec 30 familles participantes", révèle Nguyên Thi Quyên, responsable du projet "Les femmes sont propriétaires de la chaîne de valeur des ramies", de ladite association.
Parallèlement au projet "Les femmes sont propriétaires de la chaîne de valeur des ramies", le district de Van Bàn compte actuellement de nombreux modèles économiques appartenant à des femmes d’ethnies minoritaires, qui visent à élaborer des marques à partir de produits locaux typiques. On peut citer la transformation des pousses de bambou, la confection de banh chung, de sauce pimentée... Les femmes de l’ethnie Tày vivant dans le chef-lieu de Khanh Yên ont créé des groupes des femmes spécialisées dans la confection des banh chung pour satisfaire les besoins locaux et aussi ceux des touristes.
"Nous sommes divisés en groupes pour la vente en gros et au détail. Nos membres sont pour la plupart des femmes pauvres, qui souhaitent développer l’économie familiale. Nous nous entraidons mutuellement afin d’améliorer notre niveau de vie. Nous souhaitons que nos produits soient plus connus et que l’envergure commerciale se développe mieux", déclare Hoàng Thi Huê, de l’ethnie Tày, chef-lieu de Khanh Yên, district de Van Bàn.
Promouvoir l’esprit entrepreneurial
Les femmes de minorités ethniques sont confrontées à de nombreux défis et l’un d’eux, c’est que beaucoup d’entre elles ne maîtrisent pas la langue vietnamienne, ce qui limite leurs capacités à accéder aux informations et aux marchés. En outre, il existe encore des normes culturelles qui ne soutiennent pas toujours les aspirations entrepreneuriales des femmes. Pour Hoàng Thi Vân, de l’ethnie Tày, vivant dans le village de Tông Phây, commune de Duong Quy, lorsqu’une femme décide de participer aux modèles économiques, cela signifie qu’elle veut affirmer son rôle dans la famille, et pas seulement demeurer une femme au foyer. "Nous nous sentons plus confiantes, plus valorisées et heureuses de nous être libérées du vieil état d’esprit d’être uniquement liés aux obligations familiales. La participation des femmes aux modèles de développement économique contribue également au développement économique local", remarque-t-elle.
Van Bàn compte près de 90.000 habitants, en majorité (85%) d’ethnies minoritaires. Depuis quelques années, il est l’un des cinq districts bénéficiant des assistances du programme GREAT (Gender Responsive Equitable Agriculture and Tourism en anglais) dans la province de Lào Cai.
Financé par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce à hauteur de 33,7 millions d’AUD (environ 24,8 millions d’USD), le GREAT a été mis en œuvre de 2017 à 2021 dans les provinces de Son La et Lào Cai afin de créer des opportunités pour les femmes dans l’agriculture et le tourisme. Il vise à augmenter le revenu de plus de 40.000 femmes et à les aider à rehausser leur confiance ainsi que leur importance au sein de la famille et de la société.
Malgré de nombreux défis, les femmes des minorités ethniques du district de Van Bàn s’efforcent constamment de s’émanciper. Nombre d’entre elles sont devenues directrices de coopératives, dirigeantes de groupes affiliés, chefs d’entreprise...
Les efforts, l’esprit entrepreneurial ardent et le soutien des autorités locales et des projets nationaux et étrangers seront des points d’appui pour que ces femmes aient plus confiance en elles et renforcent leur voix au sein de la communauté. – CVN/VNA