Hanoï (VNA) – Le Vietnam dispose encore d’un important potentiel pour renforcer son rôle en tant que membre actif, proactif et responsable de l’ASEAN. Ce potentiel repose sur les progrès remarquables réalisés au cours des trois dernières décennies, ainsi que sur les réformes structurelles que le pays poursuit activement.
C’est ce qu’a affirmé Hoàng Thi Hà, experte senior à l’Institut d’Études sur l’Asie du Sud-Est à Singapour, lors d’un entretien avec l’Agence vietnamienne d’Information (VNA), à l’occasion du 30e anniversaire de l’adhésion officielle du Vietnam à l’ASEAN (28 juillet 1995 – 28 juillet 2025).
Selon elle, la contribution la plus marquante du Vietnam réside dans sa montée en puissance à partir d’un point de départ modeste. Un Vietnam pacifique, stable, en développement et profondément intégré à l’économie mondiale a renforcé la cohésion intra-régionale et rehaussé la stature internationale de l’ASEAN. En 2024, le PIB vietnamien atteignait 476,4 milliards de dollars, soit 23 fois plus qu’en 1995, représentant 12 % du PIB de l’ASEAN contre 3,1 % à son adhésion.
Le Vietnam a joué un rôle moteur dans l’élargissement de l’ASEAN de six à dix membres et dans la réduction des écarts de développement grâce à des initiatives comme l’Initiative pour l’Intégration de l’ASEAN (IAI).
L’adhésion à l’ASEAN a coïncidé avec la normalisation et le renforcement des relations avec les États-Unis et la Chine dans les années 1990, marquant une percée stratégique qui a permis au pays de sortir de l’isolement. Elle a offert au Vietnam un environnement stable et propice aux réformes et à l’adoption d’une économie de marché ouverte. L’intégration à la Zone de libre-échange de l'ASEAN (AFTA) dès 1995 a permis au Vietnam d’acquérir de l’expérience en négociation tarifaire, en coordination intersectorielle et en réforme économique. Cela a ouvert la voie à son adhésion à l’OMC en 2007 et à la signature de multiples accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux.
Aujourd’hui, le Vietnam est l’une des économies les plus ouvertes de l’ASEAN, avec un commerce extérieur équivalent à 170 % de son PIB – juste derrière Singapour. Ce haut degré d’ouverture repose sur un vaste réseau d’accords de libre-échange conclus par l’ASEAN avec ses principaux partenaires (Chine, Japon, République de Corée, Inde, Australie, Nouvelle-Zélande). La participation au RCEP a renforcé la position du Vietnam dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et amélioré sa compétitivité.
Trente ans après son adhésion, le Vietnam s’est transformé tant sur le plan économique que géopolitique. D’un rôle initialement prudent et défensif, il est passé à un leadership plus confiant, promouvant la coopération régionale par les mécanismes dirigés par l’ASEAN. En 2010, alors président de l’ASEAN, il a organisé la première réunion ADMM+ et contribué à l’élargissement du Sommet de l’Asie de l’Est aux États-Unis et à la Russie.
Dans un contexte régional en mutation, Hoàng Thi Hà estime que grâce à sa position géopolitique, à sa capacité d’intégration et à une diplomatie affirmée, le Vietnam peut continuer à renforcer la solidarité de l’ASEAN, contribuer à définir des positions communes sur les enjeux stratégiques et faciliter l’engagement constructif des partenaires extérieurs.
Elle se dit confiante dans l’avenir du Vietnam au sein de l’ASEAN, notamment grâce aux réformes en cours axées sur la gouvernance, l’environnement d’investissement et l’innovation. L’orientation vers une économie numérique, verte et fondée sur la connaissance consolidera la contribution du pays à une ASEAN résiliente et durable.- VNA