
Au milieu des bambous, Trân Thi Do, 76 ans, une artisane de la commune de ThaiMy, district de Cu Chi, à Hô Chi Minh-Ville, divise tranquillement chaque tubede bambou en fines tiges utilisées pour le tissage des paniers.
«Chaque jour, je peux faire deux paniers d’une valeur totale de 12.000dôngs. Je gagne juste assez d’argent pour acheter des bonbons aux enfants»,partage Mme Do. «Auparavant, la vannerie faisait vivre tousles habitants de la commune et contribuait à augmenter les revenus et à réduirela pauvreté dans le secteur. Pourtant, en raison du développement de l’économiede marché, les produits en plastique et en aluminium tuent à petit feu lespaniers en bambou. Non, la vannerie n’est pas morte, mais elle a du mal àsurvivre. On continue malgré tout d’exercer cette activité avec amour»,ajoute-t-elle.
Comment agir pour changer la situation?
Thai My n’est pas un cas isolé. Des dizaines de villages de métiers de Hô ChiMinh-Ville ont subi le même sort. Nguyên Thi Bay, une artisane de la commune deTân Thanh Tây, spécialisée dans la fabrication de matelas en badamier, serappelle de l’époque où les consommateurs venaient des provinces voisines deDông Nai, Tây Ninh et Long An pour leurs produits.
«Nos produits artisanaux ne peuvent plus concurrencer les produitsindustriels en raison de nos faibles ressources financières, de notreproduction à petite échelle qui s’explique par notre technique de fabricationtraditionnelle, et de la monotonie de nos produits. Voilà pourquoi de plus enplus de monde est obligé d’abandonner ce métier», regrette Mme Bay.

Ngô Van Ty, propriétaire d’une fabrique de balais en herbes dans le 8earrondissement,a fait savoir qu’autrefois, son produit était très connu dans la région. «Notrebalai, en plus d’être très résistant, est entièrement fabriqué à la main. Mais depuis trois ans, on ne peut plus rivaliser avec les balais produits à bascoût et vendus à un prix dérisoire», raconte M. Ty.
Certains villages de métiers ont décidé de faire usage des nouvellestechnologies et de renforcer le marketing et la promotion de leurs produitspour tenter de survivre. Les artisans tentent aussi de mettre l’accent sur leurmode de production respectueux de l’environnement.
«J’essaie de créer de nouveaux designs pour suivre les tendances du moment.Pour améliorer l’exportation, nos produits doivent être plus beaux, plusdurables et plus légers», résume Nguyên Huu Bèn, directeur de laCompagnie de fabrication des stores en bambou Thanh Truc, dans le districtde Cu Chi. «Pour l’amour et la nostalgie que j’éprouve à l’égarddu métier de mes ancêtres, je veux à tout prix le conserver pour mesdescendants», ajoute-t-il.
Le quartier de tissage des nattes de Binh An, dans le 8e arrondissement,n’est plus dans la mémoire de grand monde. «Pour les artisans comme moi, cemétier traditionnel représente la survie et la mémoire de notre lignée. Je nel’abandonnerai jamais. Nous voulons développer nos produits mais nous n’avonspas suffisamment d’argent», fait savoir Vo Thi Xuyên, une habitante duvillage de Binh An.
Un espoir qui ne tient qu’à un fil
Selon le chef du voyagiste Lửa Việt, Nguyên Van My, les villages d’artisanat traditionnels risquent dedisparaître non seulement à Hô Chi Minh-Ville mais aussi à Hanoï, Hôi An(Centre) et Binh Duong (Sud). «Pour sauver les villages de métiers, l’Étatdoit déterminer la liste des villages de métiers à être préservés enassociation avec le tourisme et leur accorder des politiques d’assistance etd’exonération des impôts. En même temps, il faut investir dans lesinfrastructures touristiques», affirme M. My.
Pour sa part, Trân Truong Son, vice-président de l’Association des paysans,estime qu’il est nécessaire de créer des coopératives de villages de métiers etd’encourager les gens, les organisations à participer aux activités depréservation et de développement des villages de métiers. Il s’agit deprovoquer une prise de conscience collective des habitants sur l’importance depréserver ces villages.
Récemment, Hô Chi Minh-Ville a élaboré un projet d’aménagement des villages demétiers à l’horizon 2020. L’enjeu de la préservation des villages traditionnelsdoit être de leur donner les moyens de se développer de façon pérenne. – CVN/VNA