Hanoï (VNA) - Le Vietnam a adhéré à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 1970. L’organisation du VIIe Sommet de la Francophonie en 1997 à Hanoï a posé la première pierre du succès de ses politiques d’intégration régionale et internationale. Analyse d’experts.

Vietnam, un acteur majeur de la Francophonie hinh anh 1L’organisation du VIIe Sommet de la Francophonie à Hanoï a été un succès pour le processus d’intégration internationale du Vietnam. Photo : VNA

Selon Nguyên Thiêp, ambassadeur et correspondant national du Vietnam auprès de l’OIF, l’organisation du VIIe Sommet de la Francophonie à Hanoï a été un succès pour le processus d’intégration internationale que le Vietnam a entamé dans les années 1980 avec la devise «Le Vietnam souhaite être l’ami de tous les pays dans le monde pour la paix, l’indépendance et le développement».

Elle affirmait alors la justesse de la politique étrangère indépendante, autonome et orientée vers l’intégration internationale du pays - politique largement soutenue par les nations du monde. Le succès de ce sommet a institué le retour du Vietnam au sein de la communauté de la Francophonie après de nombreuses décennies de guerre et d’embargo.

Ce premier Sommet organisé en Asie se voulait la preuve de l’agrandissement de la Francophonie, présente sur les cinq continents. Il s’agissait d’une étape importante dans l’évolution des institutions de la Francophonie, par la mise en application de la Charte révisée et l’élection du premier secrétaire général de la Francophonie, Dr. Boutros Boutros-Ghali, qui ont renforcé la stature internationale de cette organisation.

En outre, le succès de ce VIIe Sommet témoignait de la capacité du Vietnam d’accueillir et d’organiser des conférences de niveau global et de diriger un ordre du jour complexe. «Grâce à ses expériences acquises durant ce Sommet, le Vietnam a par la suite organisé de nombreuses conférences de haut niveau comme le VIe Sommet de l’ASEAN en 1998, le Sommet Asie-Europe ASEM 4 en 2005 et le Sommet de l’APEC 14 en 2006», a estimé M. Nguyên Thiêp.

Rayonnement global de la Francophonie

Vietnam, un acteur majeur de la Francophonie hinh anh 2La Fête de la Francophonie a eu lieu le 19 mars au Jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville. Photo : CVN

Pour Tôn Nu Thi Ninh, présidente du Fonds pour la paix et pour le développement de Hô Chi Minh-Ville, ex-ambassadrice à l’Union européenne et ex-vice-présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, si l’adhésion du Vietnam à l’Association des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) en 1995 a constitué le premier jalon sur le chemin de la réintégration internationale du Vietnam de l’après-guerre, la tenue du VIIe Sommet de la Francophonie à Hanoï en 1997 a démontré la volonté d’engagement actif et de contribution originale de notre pays vis-à-vis du multilatéralisme, une des pierres angulaires constantes de notre diplomatie.

Le Sommet de Hanoï a donné à voir au monde le rayonnement global de la Francophonie, et le Vietnam a réussi son rite de passage sur la scène diplomatique internationale.

Espace économique de la Francophonie

La Déclaration de Hanoï aura eu une empreinte particulière avec la proposition du Vietnam sur la coopération économique au sein de la communauté de la Francophonie. «Lors du VIIe Sommet de la Francophonie, on a cité pour la première fois la notion d’+Espace économique de la Francophonie+ pour affirmer que l’économie et le développement sont deux piliers de la coopération francophone», a fait savoir M. Thiêp.

Depuis, la coopération économique est devenue l’objectif des réunions des instances de la Francophonie. Les résultats de ces efforts témoignent de la stratégie pour la Francophonie, approuvée lors du Sommet de Dakar en 2014, et de l’adoption de la démarche francophone de développement de la coopération tripartite au XIIIe Sommet de la Francophonie à Kinshasa (République démocratique du Congo), en 2012. Le Vietnam a contribué activement à l’élaboration de ces deux documents, qui sont la pierre angulaire de l’accélération de la coopération économique au sein de la Francophonie, dont la coopération tripartite et Sud-Sud. Le Vietnam a organisé aussi le Forum régional sur la coopération économique francophone en avril 2014 et la réunion régionale pour l’Asie et le Pacifique sur le projet de Réseau des acteurs francophones pour la coopération Sud-Sud et tripartite en mai 2017.

Nombreux projets de coopération tripartite
   

Vietnam, un acteur majeur de la Francophonie hinh anh 3Des stands présentant les couleurs culturelles des pays francophones lors d'un programme d'échanges culturels tenu le 18 mars 2017 à Hanoï. Photo : CVN

Ces dernières années, le Vietnam a coopéré avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’autres parraineurs pour réaliser de nombreux projets, programmes de coopération tripartite avec les pays africains comme le Sénégal, le Bénin, la République démocratique du Congo, etc. Trente ans après l’instauration du Doi Moi (Renouveau), les réalisations socio-économiques du Vietnam sont spectaculaires. Le pays en a tiré de précieux enseignements qu’il est aujourd’hui prêt à partager avec les pays africains, notamment dans l’agriculture, la santé et l’éducation.

On peut affirmer que la communauté de la Francophonie dispose de riches potentiels pour mettre à exécution le modèle de coopération tripartite de façon efficace, répondant par là-même aux aspirations et intérêts du Vietnam. Dans les temps à venir, le Vietnam et les autres pays de la Francophonie auront maintes opportunités de renforcer leur coopération.

D’après Mme Tôn Nu Thi Ninh, l’empreinte du Vietnam sur le VIIe Sommet de la Francophonie a été marquée sur trois plans : coopération économique, réforme institutionnelle et présentation d’un Vietnam en marche.

Le Vietnam a recommandé et réussi à faire adopter l’ancrage économique de la Francophonie comme l’une des conditions indispensables pour la pérennité de la Francophonie dans le monde contemporain en général, et en Asie plus particulièrement. Cette synergie entre Francophonie, économie et entreprise constituait un axe majeur que l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) voulait adopter pour les années à venir.

Le Sommet de Hanoï a entériné la création du poste de Secrétaire général avec pour but, entre autres, de donner une plus grande visibilité internationale à notre organisation. Le Vietnam, comme pays hôte, a joué un rôle constructif et habile dans le processus de recherche d’un consensus, dans un contexte de vues divergentes, pour déboucher sur le choix de Boutros Boutros Ghali, ancien Secrétaire Général des Nations unies, comme premier Secrétaire général de la Francophonie.

Conscient de l’enjeu considérable de l’organisation d’un tel événement, qui plus est pour la première fois, le Vietnam s’est déployé tous azimuts pour offrir aux participants des cinq continents un sommet inoubliable à tous points de vue, tant pour ce qui est de la substance que pour la touche singulièrement vietnamienne de notre accueil, qui a permis à nos amis de la Francophonie - particulièrement ceux d’Afrique et du Moyen-Orient jusque-là quasiment absents sur notre territoire - de découvrir le nouveau Vietnam en marche, a conclu Mme Tôn Nu Thi Ninh. -CVN/VNA