Lors d’un forumd’entreprises Vietnam-France organisé récemment à Paris par le ministèrevietnamien de l’Industrie et du Commerce et l’Agence française pour ledéveloppement international des entreprises (UBIFRANCE), plusieursexperts ont affirmé que les deux pays ont une attractivité réciproquepour leurs entreprises et que les opportunités de coopération et departenariat sont nombreuses.
Le Courrier du Vietnamde l’Agence vietnamienne d’information (VNA) a interviewé MurielPénicaud, directrice générale d’UBIFRANCE et présidente de l’Agencefrançaise pour les investissements internationaux (AFII) ; Marc Cagnard,chef d’UBIFRANCE au Vietnam et Phan Van Thuong, directeur général de lacompagnie GOC Food Processing Export JSC.
L’excellence des savoir-faire français dans les secteurs clés
- Le Vietnam a un grand besoin d’améliorer ses infrastructures detransports et énergétiques. Quel savoir-faire les entreprises françaisespeuvent-elles apporter au Vietnam pour développer ses secteurs ?
Muriel Pénicaud : Les secteurs de l’énergie et des infrastructuressont très importants en France. Dans le secteur des infrastructures,nous avons à peu près tous les domaines d’infrastructures. D’ailleurs,nous exportons beaucoup notre savoir-faire en infrastructures, soit sousforme de partenariat, soit sous forme d’export.
En énergie,nous avons toute la gamme, de l’énergie renouvelable aux énergieshydraulique et nucléaire. Nous avons de nombreuses entreprises, degrands groupes. À côté, il y a aussi tout un tissu de PME, d’entreprisesde croissance qui sont prêtes à aller exporter leur savoir-faire sousforme de partenariat ou soit sous forme d’export. Ces deux secteurs sonttrès forts en France. La santé, l’agro-alimentaire, les infrastructuressont vraiment des secteurs de force de la France, reconnus dans lemonde.
- Le Vietnam est une cible pour lesentreprises françaises. Dans le sens inverse, les entreprisesvietnamiennes auraient-elles les opportunités en investissant en France ?
Muriel Pénicaud : Les investisseurs vietnamiens sont lesbienvenus en France. Ceux qui sont déjà venus y ont trouvé un très bonniveau d’infrastructures, une énergie qui est très peu coûteuse parrapport au reste de l’Europe, une démographie très dynamique pour ceuxqui sont dans les biens de consommation. Et puis surtout, il y abeaucoup de recherche et de développement, de technologies, de talent,et un très haut niveau d’éducation supérieure.
Lesinvestisseurs qui viennent en France souhaitent développer leursproduits sur le marché français, mais aussi sur le marché européen,puisque la France est la porte d’entrée pour tous les marchés européens,avec 500 millions d’habitants. La France représente parfois la ported’entrée pour l’Afrique et le Moyen-Orient.
Donc, lesinvestisseurs sont les bienvenus. L’AFII, qui est la sœur d’UBIFRANCE,est là pour les accueillir. Elle donne des conseils personnalisés, pourles aider à trouver les localisations et des partenaires, mais aussi àconnaître toutes les opportunités, les aides à l’importation et àl’installation. Nous sommes très heureux d’accueillir de plus en plusd’investisseurs vietnamiens.
- Le Vietnam va signeravec l’Union européenne un accord de libre-échange. Que doivent faireles entreprises françaises et vietnamiennes pour s’y préparer ?
Muriel Pénicaud : Je pense que tout le monde attend cet accord delibre-échange. Il va aider à développer et à faciliter l’environnementd’affaires. Puisque les entreprises vietnamiennes comme les entreprisesfrançaises veulent investir dans la durée, il faut bien connaître lemarché, bien connaître le pays. C’est vrai pour les investisseursvietnamiens en France, c’est vrai pour les exportateurs ou investisseursfrançais au Vietnam. Ce qui est important, c’est d’apprendre àdécouvrir le marché, à entrer en relation avec des partenaires, cela estle travail que fait notre agence UBIBRANCE et AFII. Nous avons uneconnaissance profonde des marchés et puis nous discutons et échangeonsaussi avec ceux qui ont déjà cette expérience. Nous organisons une miseen relation qui est très importante pour que l’investissement soitsolide, durable et puisse profiter aux deux parties durablement.
UBIFRANCE au Vietnam, une équipe qui connaît son travail
- Quelle est la mission d’UBIFRANCE au Vietnam ?
Marc Cagnard : Avec deux bureaux à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville, notremission est d’accompagner les entreprises françaises sur le marchévietnamien pour les aider à se développer. Nous avons aujourd’huienviron 300 entreprises françaises qui se sont installées soit à Hanoi,soit à Hô Chi Minh-Ville dans de nombreux secteurs d’activités. Lamission d’UBIFRANCE est de faire venir de nouvelles entreprises, de lessensibiliser à l’intérêt du marché vietnamien, aux opportunitésimportantes qu’offre le marché vietnamien. C’est donc dans ce cadre quenous avons organisé cet atelier en lien avec le ministère vietnamien del’Industrie et du Commerce. Avec une trentaine d’entreprisesvietnamiennes présentes à Paris à cette occasion, la délégationvietnamienne est très importante aussi. Nous essayons de favoriser lerapprochement entre entreprises françaises et vietnamiennes pourdévelopper leur partenariat. Voilà l’objet de cet atelier aujourd’hui.
- Quelles opportunités représente le Vietnam pour les entreprises françaises ?
Marc Cagnard : Les opportunités au Vietnam pour les entreprisesfrançaises sont très nombreuses dans tous les secteurs d’activité. Biensûr, les opportunités se trouvent dans ce dont le Vietnam a besoin enparticulier, notamment pour les infrastructures de transport, d’énergie,d’environnement.
Nous avons tout ce qui est bien deconsommation en général, notamment, s’agissant des produits français dela cosmétique ou des produits de santé ou alors tout ce qui a trait à ladistribution, la nouvelle forme de la distribution, la franchisecommerciale, là nous avons des entreprises très puissantes. Et puis, untout nouveau secteur qui vient d’émerger c’est celui des technologies del’information et des communications. Dans ce secteur, les entreprisesfrançaises viennent de remporter récemment de beaux succès, puisqu’il y ade grands besoins au Vietnam. Dans le cadre de cet atelier même, legrand opérateur de téléphonie vietnamienne Viettel a eu des rencontresavec des partenaires français pour leur développement au Vietnam et àl’international.
- D’après vous, 300 entreprises françaises présentes au Vietnam, est-ce beaucoup ?
Marc Cagnard : C’est évidemment jamais assez. Chaque jour, il y a denouvelles entreprises qui viennent s’installer. Ceci dit, 300entreprises est un volume important, qui est loin d’être négligeable. Ily a vraiment une communauté d’affaires française très importante auVietnam, constituée de filiales mais aussi d’entrepreneurs français quisont partis s’installer au Vietnam. Tous ces gens, à quelques exceptionsévidemment, mais dans l’ensemble, ils réussissent. C’est donc gagnantpour elles et gagnant pour leurs partenaires vietnamiens.
- Quelles sont les difficultés pour les entreprises françaises au Vietnam ?
Marc Cagnard : Les difficultés, les intervenants les ont déjà évoquéestout à l’heure. Nos entreprises sont sur un marché lointain, nonfrancophone, un marché de culture asiatique. La France a une histoirecommune avec le Vietnam, mais aujourd’hui ce n’est pas facile pour nosentreprises de réussir sur ce marché qui présente encore dans certainsdomaines des niveaux de droits et taxes élevés, voire desréglementations évolutives auxquelles il faut savoir s’adapter. Donc, ily a un effort à faire pour nos entrepreneurs, ainsi que de bonnescompréhensions, des approches du marché en terme culturel. Donc, c’estnotre mission d’UBIFRANCE sur place de favoriser ces rapprochements, cesbonnes compréhensions par les entreprises françaises pour les intérêtsréciproques des entreprises des deux pays.
«Les opportunités sont énormes»
Phan Van Thuong : Nous exportons en France des ananas en conservedepuis 2010, puis des jeunes maïs et litchis en conserve depuis 2013.Vers la fin de cette année, nous pourrons exporter vers la France unegrande quantité de cornichons. Nous attendons en ce moment de recevoirl’IFS (International Food Standards), un certificat sur les normes del’agroalimentaire dans la grande distribution. Une fois que nous auronsce certificat, nous signerons les contrats d’exportation avec desgroupes français Casino et Siplec. Ainsi, nos produits seront présentsdans les rayons des supermarchés français.
Nousavons déjà exporté nos produits vers un certain nombre de pays comme leJapon, la République de Corée, les États-Unis, la Suisse et l’Allemagne.Pour nous, le marché français est important, car c’est une ported’entrée pour les marchés européens. Les difficultés existent toujours,mais si nous sommes résolus, nous y parviendrons. La question est queles entreprises doivent chercher à se restructurer, se réinventer. Unefois que nous produirons des biens de haute qualité, les entreprisesfrançaises ne nous diront jamais «non». Les opportunités sont trèsgrandes. Il faut de la volonté et de la détermination pour réussir. –VNA