Les progrès de la science ont permis d’en apprendre davantage sur les risques et les dommages qu’entraine la consommation de drogue sur notre cerveau. Le gouvernement vietnamien, en collaboration avec divers organismes internationaux, lance une nouvelle stratégie pour combattre la toxicomanie, soigner ses victimes et les aider à prendre un nouveau départ.

«Le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales a mis sur pied un nouveau projet de lutte contre la toxicomanie . L’objectif est de réduire le temps de traitement dans les centres de désintoxication en renforçant le processus de sevrage au sein de la communauté. Ce projet prévoit aussi des mesures d’aide aux toxicomanes : soins, travail, réinsertion sociale…» , a déclaré Nguyên Trong Dàm, vice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales. Et d'ajouter que ce projet donne la priorité à la méthadone comme analgésique de substitut lors de la désintoxication.

«Nous disposons actuellement d’une soixantaine de centre de sevrage par la méthadone. En 2015, plus de 70.000 personnes devront y avoir accès», a-t-il fait savoir. Les premiers résultats montrent d'ores et déjà une efficacité supérieure de la méthadone sur d'autres moyens de désintoxication. Elle n’est toutefois efficace que comme substitut à l’héroïne seulement.

Nguyên Huu Dac, vice-président de l’Association des personnes âgées du Vietnam, a souligné l’importance de changer d’attitude vis-à-vis des toxicomanes. Longtemps considérés délinquants, et ils sont de fait isolés de la communauté. Or la dépendance aux drogues est une maladie chronique, et il en va de la responsabilité de la famille et de la société de lutter contre cela. Il faut construire davantage des centres de désintoxication, encourager le sevrage à domicile, mais aussi assurer une formation spécifique aux médecins. Enfin, il est essentiel d’accélérer la production de médicaments.

Les centres de désintoxication (appelés centres N o 6) ne s’intéressent le plus souvent qu’au versant médical de la dépendance. Or, un aspect majeur du problème réside dans la difficulté pour les patients à réintégrer la société après le traitement. «Nous souhaiterions recevoir un soutien psychologique, et ainsi que l’appui de notre famille et de notre communauté pour nous aider à reprendre notre vie en main», a confié Huynh Nhu Thanh Huyên, qui a suivi une cure pour 10 ans de toxicomanie.

Les méthodes de sevrage gagneraient à être diversifiées, pour lutter plus efficacement contre les drogues. «Malgré la volonté de renoncer à la drogue et de lutter contre la dépendance, les patients ont souvent peur de vivre en centre N o 6, parce qu’il est très difficile de réintégrer la société après ces cures», a-t-il ajouité.

Selon un rapport, le Vietnam compterait plus de 172.000 toxicomanes, posant des défis de santé publique et causant des effets négatifs sur le développement socioéconomique du pays .

«Changer le regard des employés et des médecins de ces centres sur leurs patients est indispensable. Ils méritent l’accès à des services de haute qualité» , a estimé le vice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, Nguyên Trong Dàm.

L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) a fait savoir dans son rapport daté du 26 juin 2013, il y aurait quelques 315 millions de toxicomanes à travers le monde. Sa directrice Zhuldyz Akisheva a affirmé que «l’UNODC apporte son soutien aux gouvernements pour lutter contre la production, le trafic et l’abus de drogues illégales». – VNA