Vacances d'été : un séjour à la pagode
Le but est de donner aux enfants et adolescents des leçons sur l'amour
et la responsabilité, tout en leur créant une cour de récréation saine
et profitable.
Au pied de la Tour Bao Ân (Tour de la
Reconnaissance), qui se situe dans l'enceinte de la pagode Bang A (arr.
Hoàng Mai - Hanoi), une foule d'enfants est assise, pleurant à chaudes
larmes en écoutant prêcher le bonze supérieur Thich Viên Tri.
Sa leçon intitulée "Acquérir des connaissances pour savoir aimer"
vient, comme un nouveau vent, souffler sur leur âme. D'aucuns baissent
la tête en se souvenant de leurs actes de désobéissance envers leurs
parents. D'autres sanglotent en repensant à l'amour que leur ont porté
ces derniers... L'homélie s'est en effet imprégnée dans ces jeunes
esprits : "Toute personne a de l'amour dans son cœur" . Aux tourments
et réflexions des enfants participant au cours, le bonze supérieur a
fourni, à l'aide d'histoires et d'expériences vécues, des réponses et
des explications simples, sincères mais non moins convaincantes.
Une fois la séance de morale terminée, plus de 300 membres du cours se
ruent dans la cour de la pagode. Ils se divisent en plusieurs groupes
dont chacun est pris en charge par un bonze. L'ambiance est très
joyeuse et enthousiaste... À 11h00, tous les élèves se réunissent au
réfectoire. C'est une salle à manger spacieuse où sont servis des
plateaux végétariens. Plusieurs se précipiteraient sur leur bol de riz
s'ils étaient chez eux, étant donné leur ventre vide ; mais ici, ils
font preuve d'un comportement particulier, d'une patience étonnante.
En suivant l'instruction des bonzes, les enfants invoquent Bouddha par
des prières, puis procèdent au rituel du culte du riz. Plus de 300
filles et garçons, de 10 à 17-18 ans, lèvent leur bol de riz à la
hauteur du front... et n'ont la permission de manger que dix minutes
plus tard. Après la sieste, la journée se poursuit à partir de 13h00
par des séances de méditation, de prières et de récréation. De 19h00 à
20h00, c'est le temps d'apprendre le livre canonique de la Piété
Filiale (Sûtra Ullambana). La journée se termine à 21h00, les enfants
vont se coucher pour se lever le lendemain à 04h30, entamant une
nouvelle journée. Ces élèves ne viennent pas seulement de Hanoi, mais
aussi d'autres provinces telles que Quang Ninh, Hai Duong, Hai Phong.
"Au début, j'ai été complètement dépaysée, mais aujourd'hui je m'y suis
habituée. Les amis sont sociables et conviviaux ; du coup, j'aime bien
le cours. On nous apprend l'histoire, on nous apprend à aimer et à se
débarrasser des tentations. Avant chaque repas, nous devons invoquer
Bouddha, accomplir le culte du riz. Nous devons aussi observer les
règles du lieu. Tout cela nous forge la patience, la persévérance
devant les difficultés et nous apprend le respect pour le riz, notre
nourriture de base" , confie Nguyên Minh Duong du lycée Nguyên Binh
Khiêm, qui n'avait jamais dû faire la vaisselle ni la lessive avant de
venir à la pagode.
Selon le bonze supérieur Thich Tâm
Thành, vice-président du Comité d'organisation du cours, nos jeunes
sont actuellement nombreux à mener une vie futile, hâtive, voire
insignifiante, nombreux sont des toxicomanes, pour la drogue mais aussi
pour les jeux-vidéo et négligent complètement leurs études scolaires...
Ce séjour en pagode sert de "pont d'amour" reliant ces
jeunes à leurs familles, leur apporte conseils et soutien faces aux
soucis psychologiques. C'est aussi l'occasion pour eux d'écouter, de
chercher à se comprendre, à se retrouver, à reconnaître la vie et à se
sortir des chagrins et des peines, en vue d'une vie sereine et
heureuse. Aussi, ce stage de bouddhisme est-il un séjour de vacances
court mais profitable dans ce qu'il permet à ces jeunes, en leur créant
une cour de récréation saine, d'acquérir des connaissances générales
d'une part et de s'initier au bouddhisme, à la méditation relaxante
d'autre part...
Afin d'aider les enfants et adolescents
à obtenir en une semaine les connaissances et compétences nécessaires,
la pagode Bang A a dû mobiliser treize enseignants bouddhistes
professionnels, un médecin, un groupe de cuisiniers et une vingtaine
d'étudiants bénévoles. Venus de l'Institut de Bouddhisme, ces
enseignants sont à la fois érudits et expérimentés, tout en restant
très proches des élèves. Les leçons leur apprennent à savoir ce qu'est
l'amour. Il faut tout d'abord avoir de l'amour pour les membres de sa
famille, ensuite pour ses amis, pour son entourage et, au-delà de tout
cela, c'est l'amour pour le pays, pour la patrie. Beaucoup d'enfants
l'ont longtemps ignoré, il leur est même arrivé de bouder, voire de
faire des reproches à leurs parents lorsque ceux-ci n'ont pas pu
répondre à leurs demandes. À la fin de chaque leçon, les enfants ont le
droit de faire part de leurs réflexions et de poser des questions...
"En écoutant le sermon +Comme le soleil+, prêché par les bonzes et
louant nos parents de nous avoir donné la vie et de nous avoir élevés,
j'ai pleuré. Je me suis sentie coupable envers les miens. Plus d'une
fois j'avais vu maman pleurer, impuissante devant nous. Et alors, j'ai
compris la phrase +À qui possède encore sa maman, prière de ne pas la
faire pleurer+" , écrit ainsi une fille dans son journal intime à
l'issue de ce stage de bouddhisme gratuit. En plus des "compétences de
vie", les élèves bénéficient aussi de leçons d'histoire du Vietnam
données par le bonze supérieur Thich Bao Nghiêm. Les leçons se font en
alternance avec des séances sportives et artistiques distrayantes.
C'est un vrai séjour de vacances salutaire pour ces 300 enfants. -AVI