Membre du Comité du patrimoine mondial pour lemandat 2013-2017, le Vietnam continue d’œuvrer pour préserver sestrésors culturels mais aussi ceux du monde entier. Rencontre avec DangVan Bài, vice-président de l’Association des patrimoines culturels duVietnam. Le Vietnam a été élu l’an passé membre du Comitédu patrimoine mondial pour le mandat 2013-2017. Quelles responsabilitéscela implique-t-il ? Le Comité du patrimoine mondial estl'un des plus importants de l'UNESCO. Il a vocation à prendre desdécisions sur plusieurs points majeurs en matière de reconnaissance despatrimoines culturels et naturels mondiaux, d’évaluation de l’état deconservation de ces derniers à l’échelle planétaire, de définition desorientations du développement de la Convention du patrimoine mondial. Membrede ce comité, le Vietnam a deux responsabilités majeures. La premièreest d’agir activement pour protéger nos sites reconnus patrimoinesmondiaux en respectant le droit international, et faire en sorte qu’ilsdeviennent une passerelle d’échanges culturels avec le monde. Ladeuxième concerne les activités extérieures. Lors des sessions du Comitédu patrimoine mondial, le Vietnam, fort de ses expériences, doitapporter de nouvelles initiatives pour déterminer avec les autresmembres des orientations dans la préservation et la protection despatrimoines culturels mondiaux. Nous devons transmettrenos idées pour faire de ces trésors un facteur contribuant à éveiller lemonde sur l’amour pour la paix. Comme vous le savez, le monde estconfronté à de grands défis, dont les changements climatiques, lapollution environnementale, les conflits ethniques et religieux, etc.C’est pour cela que la culture doit devenir un moyen d’éveiller laconscience de l’homme sur ces questions. Le Vietnam aégalement pour mission de contribuer à perfectionner le mécanisme degestion de ce comité pour encourager les pays membres à se montrer plusactifs dans la protection des patrimoines. Le Vietnam participe aussi àl’examen, l’évaluation des dossiers de candidature des autres pays envue d’une reconnaissance par l’UNESCO. Selon la Conventiondu patrimoine mondial, chaque année, les pays ayant des patrimoinesculturels mondiaux doivent fournir un rapport sur leur état. Les membresdu comité ont pour tâche d’évaluer et d’examiner ces rapports. Si unpays ne respecte pas les réglementations, il sera signalé pour corrigerses actes.
Lequartier ancien de Hôi An, province de Quang Nam (Centre) est un bonexemplaire du Vietnam dans ses activités de préservation des patrimoinesculturels.
Quelles expériences le Vietnam peut-il partager au monde dans ce domaine ? J’aimeraisvous citer tout d’abord un exemple : celui de la cité impériale de Huê(province de Thua Thiên-Huê, Centre). Le Vietnam dispose d’un vraibagage d’expériences dans la préservation et la restauration desouvrages architecturaux en bois de ce site. Des experts étrangers ontconstaté que Huê est à même de devenir «un laboratoire» de l'Asie duSud-Est dans la préservation des ouvrages architecturaux en bois, avecla possibilité d’y créer un Centre régional de formation sur placespécialisé dans ce domaine. Le Vietnam peut partager àl’international des expériences vivantes dans la préservation despatrimoines culturels en rapport avec les institutions religieuses et decroyances. Sur les plus de 40.000 monuments historiques et culturels duVietnam, plus de 3.000 ont été classés monuments nationaux, parmilesquels plus de 2.000 ont un rapport avec la religion. Le culte desrois Hùng (fondateurs du pays) par exemple, pratiqué autrefois danstrois villages de la province de Phu Tho (Nord), est aujourd’hui unculte au niveau national. Et il a été reconnu par l'UNESCO commepatrimoine culturel immatériel de l'humanité. À l’inverse,quelles expériences le Vietnam peut-il tirer de l’international enmatière de protection et de préservation des patrimoines culturels ? Endécembre 2013, j’ai assisté à un colloque à Séoul en République deCorée sur la protection des patrimoines culturels bouddhiques. Un point aparticulièrement retenu mon attention : outre la préservation desvaleurs culturelles matérielles et immatérielles que ces derniersvéhiculent, il faut préserver le caractère sacré et moral du site. Desexperts ont également souligné la nécessité de faire de chaquepatrimoine culturel bouddhique une destination du tourisme religieux auservice de la communauté, tout en veillant à garder son âme et sonauthenticité. En d’autres termes, ils peuvent devenir unlevier du développement du tourisme culturel. Mieux, ils peuvent êtreperçus comme un outil pour rendre l’homme meilleur au moyen despréceptes que la religion prône. Ce colloque m’a appris une nouvelleapproche sur le patrimoine culturel qui pourra s'appliquer au Vietnam.Par ailleurs, comparé à d’autres pays, le pays souffre d’une pénuried’experts dignes de ce nom dans l’évaluation et la préservation despatrimoines. Le Vietnam devra déterminer clairement les responsabilitéset les devoirs des citoyens dans ce devoir de protection et depréservation. Autre enseignement à retirer : le fait deconsidérer le rôle de la communauté dans la protection des patrimoines.Pour l’heure, nous nous concentrons sur cette tâche sans penser quel’objectif est de servir l’intérêt de la communauté. Un patrimoineculturel, durant son existence, doit rapporter des intérêts culturels etéconomiques à ses auteurs, à ses créateurs ou aux gens qui viventalentour. Lors d’un récent séminaire traitant de la préservation de laculture dans les villages anciens de Hanoi, j’ai souligné que toutevaleur, aussi importante soit-elle, n’est que virtuelle. Elle n’estlégitime que quand elle sert à l’homme. -CVN/VNA