Hanoi (VNA) - Pham Van Phuc, Docteur et chercheur de l’Université des sciences naturelles, a passé près de dix ans à chercher de nouvelles applications médicales pour les cellules souches. Il a été un des dix lauréats du prix Sphère d'or 2015, réservé aux jeunes chercheurs.
Pham Van Phuc, 34 ans, chef adjoint du laboratoire de cellules souches de l’Université des sciences naturelles, relevant de l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville, a obtenu son doctorat en physiologie humaine et animale à l'âge de 30 ans.
Son parcours a commencé cependant beaucoup plus tôt quand il était étudiant en deuxième année à l'Université des sciences naturelles, il y a plus de dix ans. Alors que le Professeur Phan Kim Ngoc (maintenant responsable du laboratoire dédié aux cellules souches à l’Université des sciences naturelles de Hô Chi Minh-Ville) faisait son cours, Phuc l’a interrompu, à la grande surprise de ses camarades de classe.
Le jeune homme avait décidé de partager son opinion sur le sujet, une initiative rare chez les étudiants vietnamiens. Nullement vexé, le Professeur Ngoc n’a pas considéré la hardiesse du jeune Phuc comme grossière ou irrespectueuse, bien au contraire. Décelant le haut potentiel de l’étudiant, il lui a demandé de l’accompagner au laboratoire pour le familiariser à l’environnement de recherche.
«Sans l'aide du Professeur Ngoc et d'autres collègues, je ne serais pas qui je suis aujourd'hui», a rappelé Phuc. Et le jeune chercheur avoue une implication totale dans l’étude des cellules souches et une motivation pour traiter les maladies considérées comme incurables.
Le bonheur de contribuer à la science
D’abord mentor, le Professeur Ngoc est devenu par la suite un patient de Phuc. Souffrant d’une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) incurable en temps normal, il a suivi un traitement expérimental issu de la technologie des cellules souches développé par Phuc lui-même.
En 2012, l’hôpital de l'Université de médecine et pharmacie de Hô Chi Minh-Ville a décidé d'utiliser les résultats de l'étude de Phuc et de ses collègues pour effectuer des greffes de cellules souches sur 37 patients pour traiter l'arthrose, une maladie articulaire qui résulte d'une dégradation du cartilage articulaire et de l’os sous-jacent. Avec succès : les patients n’ont développé aucune complication et la thérapie a prouvé son efficacité.
Actuellement, ces deux protocoles thérapeutiques mis au point par Phuc sont employés à Hô Chi Minh-Ville par la policlinique Van Hanh, les hôpitaux Nguyên Tri Phuong et 115, ainsi que par celui de l’Université de médecine et pharmacie.
Selon le jeune chercheur, le coût d’un traitement similaire dans les pays développés est trois fois plus élevé que celui élaboré dans son laboratoire. En effet, son équipe a mis sur un pied en 2013 un kit pratique suivant la technologie d’extraction de cellules souches à partir de tissus adipeux. Une prouesse qui a permis de faire émerger le Vietnam dans le milieu scientifique mondial.
«Pourquoi le monde peut le faire, et pas nous ?» Une question qui était sans réponse jusque là pour le jeune chercheur, et qui l’a motivé à se consacrer à la recherche. Une quête qui l’a amené à rejeter des offres d’emploi de sociétés étrangères, pourtant bien mieux payés. Mais le jeune homme a ses principes. «Je pense que je suis encore redevable à mon mentor, et je veux développer le laboratoire pour qu’il devienne un centre de recherche de niveau international», a avoué Phuc.
Passion infinie pour les biotechnologies
Payant aujourd’hui, le choix de Phuc n’était pourtant pas le plus simple à assumer il y a une dizaine d’années. À cette époque, l’étudiant regardait ses camarades partir l’un après l’autre pour l’étranger pour poursuivre leurs études. Alors que lui avait décidé de rester dans son petit laboratoire, soutenu financièrement par des bourses d’études. De quoi attiser les «on-dit» et la défiance.
«Les rumeurs se sont répandues sur mon choix d’étudier au Vietnam en lieu et place de l’étranger, on avait commencé à mettre en doute mes capacités», s’est souvenu Phuc. Son mentor n’a pas non plus été épargné. «Mon professeur a dû également faire face aux critiques, notamment d’accueillir dans son laboratoire un tel +perdant+. Il avait par ailleurs essayé de me convaincre par deux fois de partir du laboratoire et d’aller à l’étranger».
Au début de sa carrière, les biotechnologies étaient une discipline encore assez nouvelle au Vietnam, avec seulement quelques années d’existence. Néanmoins, Phuc a senti le potentiel immense de la biologie et de la biomédecine. «Un médecin peut guérir un certain nombre de patients, mais une technologie médicale peut sauver des millions voire des milliards de vies. Je continuerai à poursuivre mes études dans ce domaine», a poursuivi le chercheur.
Pour Phuc, les difficultés ne sont pas un obstacle, mais plutôt des défis qui alimentent sans cesse sa passion pour la recherche sur les cellules souches. Ce jeune Docteur a été un des dix lauréats du prix Sphère d'or 2015, réservé aux jeunes chercheurs et attribués par le Comité central de l’Union de la jeunesse communiste Hô Chi Minh.
Le 9 janvier dernier, il a reçu avec d’autres jeunes chercheurs le prix KOVA 2015, qui honore des scientifiques exceptionnels, des étudiants et tous autres contributeurs pour la société à travers le Vietnam. Plus de 50 articles scientifiques de Phuc ont été publiés dans des revues scientifiques internationales.
Il utilise également son temps libre pour donner des leçons au sein de son université, car il considère l'éducation comme une mission et une source d'inspiration pour les futures générations de scientifiques et de chercheurs. En parlant de son élève et maintenant collègue, le Professeur Ngoc a partagé que Phuc était une personne honnête et courageuse, prête à se lever pour la justice et avec un désir ardent de contribuer au développement de la science au Vietnam. - CVN/VNA