Expert de classe mondiale en matière de sécurité minière, le Docteur japonais Isei Takehiro a proposé ses services pour revenir travailler au Vietnam. Son plus grand souhait : limiter au maximum les risques d’accident pour les mineurs vietnamiens.

Le Docteur Isei Takehiro est le premier volontaire de haut rang envoyé par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) pour aider le Vietnam dans le secteur de la sécurité minière. Selon les dires de l’agence, Isei serait l’un des experts les plus expérimentés en la matière au Japon. Il a pris part à de nombreuses conférences internationales sur la sécurité minière en tant que représentant du Japon, et a ainsi parcouru plus de quarante pays et territoires dans le monde. Isei a aussi participé à l’enseignement des causes des accidents miniers dans une vingtaine de pays.

«Ce n’est pas par hasard que je fais ce métier, confie Isei Takehiro. Je suis né en 1943, l’année où le Japon commençait à développer la technologie de l’exploitation minière. À cette époque, plusieurs accidents mortels ont été constatés dans les mines au Japon. Je me souviens nettement de la catastrophe minière survenue dans les années 60. On a dénombré plus de 450 morts, ce qui en a fait le pire accident minier dans mon pays, comme dans le monde. Quand j’étais étudiant en quatrième année, le Japon a enregistré encore trois autres graves catastrophes minières. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté de participer au groupe de recherche sur les liaisons entre l’explosion de gaz et l’explosion minière quand le gouvernement me l’a demandé».

De 2001 à 2006, Isei Takehiro a été désigné conseiller en chef par le gouvernement japonais pour s’occuper du projet de construction d’un Centre de gestion de sécurité minière du Vietnam, à Quang Ninh (Nord). Isei a également participé à la mise en service d’un Département de recherche sur la sécurité minière.

Un yen par an

De retour au Japon en 2006 à la fin de son mandat, Isei Takehiro est resté en contact avec ses collègues du Centre de sécurité minière par téléphone et par e-mail pour les conseiller en cas d’incident. Deux ou trois fois par an, il achète lui-même ses billets d’avion pour le Vietnam afin de suivre le développement du centre.

«Serais-tu tombé amoureux d’une jeune fille au Vietnam ?», l’interrogea sa femme. «C’est vrai, je suis tombé amoureux. Mais je suis tombé amoureux du Vietnam, et pas d’une fille quelconque», répondit-il en souriant.

Même à la retraite, Isei Takehiro a toujours espéré retourner au Vietnam pour continuer à assister ses camarades du centre. Alors, lorsqu’il a appris que la JICA recrutait des volontaires de haut rang pour travailler au Vietnam, Isei Takehiro n’a pas perdu une seconde pour envoyer une lettre témoignant de son entière motivation. Sa candidature a été acceptée, et c’est comme cela qu’il a quitté son pays pour s’envoler vers le Vietnam.

«Nous rigolons souvent à l’idée que le Docteur Isei Takehiro, très connu au Japon en matière de sécurité minière, vienne travailler au Vietnam pour l’équivalent d’un yen par an», partage Pham Xuân Thanh, directeur du Centre de sécurité minière.

Un expert dévoué

Avant la fondation du Centre de sécurité minière en 2001, le volume d’exploitation de charbon au Vietnam approchait les 10 millions de tonnes par an. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 40 millions. Le nombre d’accidents a nettement diminué en raison d’un meilleur contrôle de l’air minier. Toutefois, les accidents demeurent encore un grand défi pour ceux qui travaillent dans ce secteur.

«Si l’on compare le taux de mortalité dans le secteur minier avec le taux d’accidents mortels sur la route, on observe qu’en proportion les travailleurs dans les mines sont exposés à plus de risques mortels que les personnes qui circulent sur la route», souligne Isei Takehiro. Il affirme : «C’est une des raisons pour lesquelles je souhaite travailler au Vietnam avec mes camarades du Centre de sécurité minière, de façon à renforcer la sécurité et diminuer le nombre d’accidents dans les mines».

Au Vietnam, le Docteur Isei Takehiro a participé à la fondation d’un laboratoire spécialisé dans les causes de l’explosion de l’air et à la mise en service d’une salle d’expérimentation d’équipements électriques pour la prévention des explosions. En outre, il a enseigné les méthodes de gestion sécuritaire des lieux pour diminuer au maximum les risques d’accidents. Aux dires de cet expert, le contrôle de la sécurité minière est extrêmement important ; c’est ce qui permet de minimiser les accidents pour les mineurs.

Pham Tuân Thành a toujours travaillé aux côtés d’Isei Takehiro et ne cache pas son admiration : «C’est une personne sérieuse, minutieuse et disciplinaire. Avant de commencer à travailler, il élabore souvent un plan concret». Il ajoute : «Il a toujours un carnet dans sa poche pour écrire les informations et les données importantes. Ensuite, il en fait une synthèse pour les travaux de recherche. Ce n’est pas le cas de tous mes camarades du centre».

Isei Takehiro terminera son mandat de volontaire au Vietnam au mois de septembre prochain. Il y a toutefois quelque chose qu’il n’a pas réussi à accomplir et qui le tracassera toujours : «Je vis au Vietnam depuis presque une décennie. Malgré cela, mon vocabulaire ne me suffit pas pour aller au marché et faire des négociations, car le vietnamien est difficile à prononcer».

Bien qu’il ne puisse pas s’exprimer en langue vietnamienne, l’image de ce Docteur japonais amical restera toujours dans le cœur des fonctionnaires et des employés du Centre de sécurité minière. – VNA