Des pistes pour réconcilier croissance économique et environnement
Hanoi, 4 décembre (VNA) - Faire évoluer l’économie vietnamienne vers une économie verte et durable qui favoriserait croissance et emplois tout en préservant l’environnement nécessitera une détermination soutenue et constante, une industrie métallurgique respectueuse de l’environnement et la création d’un environnement concurrentiel sain. Avis de spécialistes.
Nécessité d’une industrie métallurgique respectueuse de l’environnement
- Truong Thanh Hoài, chef du Département de l’industrie lourde, ministère de l’Industrie et du Commerce
Le Vietnam envisage de construire vers 2030 de grandes aciéries. Pour développer une industrie métallurgique sans porter atteinte à l’environnement, il est nécessaire de bénéficier d’abord d’une coordination étroite entre les diverses administrations publiques concernées par les projets. Pour ce, le ministère de l’Industrie et du Commerce a reçu encore une nouvelle compétence, celle d’étudier les projets sur le plan de technique (outre le plan d’économie), conjointement avec son homologue des Ressources naturelles et de l’Environnement, en vue de la délivrance de la licence d’investissement et d’activité commerciale.
Mise en application du principe «pollueur-payeur»
- Nguyên Thê Chinh, directeur de l’Institut des stratégies et politiques sur les ressources naturelles et l’environnement (ISPRNE)
À mon avis, l’important, c’est que l’ensemble des administrations de ressort central comme local applique avec responsabilité la réglementation. Dans une économie de marché, il existe deux principes fondamentaux : le pollueur paie, et celui qui tire profit d’un environnement sain paie. Le problème, c’est d’en déterminer les critères. Actuellement, l’ISPRNE étudie un mécanisme de gestion dans la défense de l’environnement.
Création d’un environnement concurrentiel sain
- Trân Du Lich, économiste
En effet, le Vietnam a défini un modèle «trois en un» exigeant en même temps croissance économique, équité sociale et environnement. Un objectif difficile à atteindre et il est nécessaire de prendre des mesures efficaces pour obliger les acteurs économiques à respecter strictement la législation en vue de mettre fin à la concurrence déloyale, à la contrefaçon sous toutes ses formes, et l’état dit de «corrosion de l’environnement»... En tout en état de cause, il est absolument nécessaire de créer un environnement concurrentiel sain sur la base du système législatif. C’est, pour l’heure, une tâche urgente.
Devoir de protéger l’environnement
- Lê Dang Doanh, économiste
Dans le mécanisme d’économie de marché actuel, la «main invisible» présente trois défauts principaux : les acteurs économiques agissent dans leur intérêt personnel sans tenir compte de l’intérêt général, ils «corrodent l’environnement», et s’enrichissent selon le modèle dit de «groupe minoritaire». Je suis d’accord avec le point de vue selon lequel le mécanisme d’économie de marché ne peut pas régler la problématique que pose l’environnement. Cela nécessite une intervention régalienne. Aujourd’hui, la Loi sur l’environnement comporte plusieurs lacunes qui peuvent être exploitées.
De fait, ce qui est anormal, c’est que ceux qui ne respectent pas la loi profitent des avantages liés à son application, laquelle est financée par le contribuable. Si l’État ne fait rien, il est sûr que la situation dite de «corrosion de l’environnement» se perpétuera.
(1) La "main invisible", un concept formulé par l’économiste Adam Smith dans son livre "The Wealth of the Nations" (La Richesse des Nations, 1776), est l’ensemble des actions individuelles des acteurs économiques qui, guidés uniquement par leur intérêt personnel, contribuent à la richesse et au bien commun. L’Etat n’a donc pas à intervenir sur le marché puisque celui-ci se régule naturellement. – CVN/VNA