Quang Ninh (VNA) - Binh Liêu, un district montagneux rattaché à la province septentrionale de Quang Ninh, a une population composée à 96% de minorités ethniques. Il a encore une autre particularité: dans ses écoles, les élèves et les enseignants s’habillent à la traditionnelle.
C’est devenu une habitude. Pendant la première semaine du mois et tous les lundis et vendredis des semaines restantes, les élèves et les enseignants de Binh Liêu portent leurs costumes traditionnels à l’école. À chacun leurs motifs et leurs couleurs, ce qui fait de la cour de l’école une jolie mosaïque de la diversité culturelle locale, comme nous fait remarquer Luc Thanh Thuy, une enseignante Tày de l’école primaire de Huc Dông.
«Je suis heureuse et fière de cette façon de revendiquer notre identité, qui est un excellent moyen de sensibilisation auprès des élèves», dit-elle.
Le port de costumes traditionnels à l’école est obligatoire depuis l’année scolaire 2015-2016. Les écoles de Hoành Mô et de Dông Van ont été les premiers établissements à l’appliquer. Très vite, l’obligation est devenue un plaisir partagé, affirme Tô Dinh Hiêu, directeur adjoint du centre Information du district.
«Au début, les gens étaient plutôt réticents. Ils avaient l’habitude de s’habiller à l’occidentale, ce qui est quand même beaucoup plus pratique. Mais le travail de sensibilisation a porté ses fruits et les parents d’élèves ont encouragé leurs enfants à arborer leurs costumes traditionnels pour revendiquer leur identité. D’ailleurs, à l’époque, les adultes avaient déjà l’habitude de porter leurs costumes traditionnels aux grandes occasions, à l’exception des élèves à l’école. Les mères et les grandes sœurs ont alors décidé d’en confectionner pour les petits», raconte-t-il.
Récemment, le district de Binh Liêu a organisé pour la première fois un concours destiné à trouver la personne qui défile le mieux en costume traditionnel. La plupart des participants étaient des élèves, qui ont été invités à faire part de leurs connaissances sur l’art vestimentaire de leurs ethnies respectives. Chu Mùi Duong, une Dao et Hoàng Thi Lan, une San Chi, étaient de la partie.
«À mon école, il y a beaucoup de Dao et d’autres communautés ethniques. Mais ce sont nos costumes Dao qui sont les plus colorés et les plus élaborés. Je suis fière de mon costume qui me met en relief par rapport aux autres», dit la première.
«Nous les San Chi avons l’habitude de nous habiller à la traditionnelle aux grandes occasions, tels que le nouvel an et les mariages, mais de plus en plus de gens le font pour aller au champ, à la forêt et même pour aller jouer du foot», indique la seconde.
Inspirés par le milieu scolaire, les fonctionnaires et la population en général ont pris goût à la tradition, et surtout aux possibilités de l’actualiser. Les Tày, qui représentent la moitié de la population locale, ont ainsi eu l’idée de remplacer le tissu traditionnel, qui est plutôt dur, par des tissus plus souples et donc plus confortables, tout en maintenant la forme originale. Le résultat est que les Tày portent désormais leurs costumes traditionnels dès qu’ils le peuvent, affirme Nguyên Thi Tuyêt Hanh, présidente du comité populaire de Binh Liêu, elle-même Tày.
«C’est une belle tradition culturelle que nous tenons absolument à préserver et à valoriser, d’autant plus que la richesse culturelle est une ressource majeure pour le développement socioéconomique local, en particulier le tourisme», déclare-t-elle.
Avec la langue et les mœurs, les costumes participent de l’identité culturelle d’un peuple. Qu’ils soient sophistiqués et colorés comme ceux des Dao, ou simples et monochromes comme ceux des Tày et des San Chi, ces vêtements regorgent d’histoires culturelles et historiques. Le plaisir que prennent les communautés ethniques d’aujourd’hui à perpétuer l’art vestimentaire traditionnel est donc un signe de leur attachement à leur identité, et plus généralement, au pays. -VOV/VNA