Hanoi (VNA) - À l’ère de la transformation numérique, les technologies de l’information et de la communication se développent rapidement au Vietnam, jouant un rôle central dans tous les domaines de la vie économique et sociale.
À mesure que les technologies de l’information et de la communication progressent au Vietnam, les risques liés à la cybersécurité ne cessent de croître. Les cyberattaques deviennent plus fréquentes, sophistiquées et ciblées, entraînant des pertes économiques importantes et affectant la confiance des utilisateurs dans l’univers numérique.
Une menace de plus en plus complexe
Selon les rapports des sociétés Viettel Cyber Security et Vietnam Cybersecurity Joint Stock Company, l’année 2024 a enregistré des chiffres alarmants : plus de 14,5 millions de comptes compromis, des pertes estimées à 11 millions de dollars dues aux données cryptées par des ransomwares, ainsi que plus de 924 000 attaques par déni de service (DDoS), soit une augmentation de 34 % par rapport à 2023. Les cybercriminels ont de plus en plus recours à l’intelligence artificielle (IA) et aux technologies de type deepfake pour lancer des campagnes d’usurpation d’identité indétectables, utilisant des voix, images ou vidéos falsifiées pour tromper les internautes.
Le secteur financier et bancaire demeure la cible privilégiée des attaques, représentant 71 % du total des cyberattaques. Par ailleurs, de nouvelles tendances inquiétantes émergent, telles que les attaques contre les services de cloud computing, les chaînes d’approvisionnement technologiques, les grands modèles de langage (LLM) ou encore les applications d’IA dans la gestion des données.

Selon Vu Ngoc Son, chef du Département technologique de l’Association nationale de cybersécurité, les groupes de pirates ne fonctionnent plus de manière isolée, mais s’organisent désormais comme de véritables entreprises technologiques structurées. « L’usage de l’IA pour générer des logiciels malveillants ou usurper des voix et images rend la détection et la prévention des attaques extrêmement complexes », souligne-t-il.
Une réponse stratégique et proactive
Face à cette situation, le 3 avril 2025, le Premier ministre a publié le télégramme officiel n°29/CĐ-TTg demandant aux ministères, services et localités de renforcer la prévention et la lutte contre la criminalité technologique visant à escroquer sur le cyberespace. De plus, la Résolution n°57-NQ/TW du Bureau politique, datée du 22 décembre 2024, souligne l’importance de garantir la cybersécurité dans le cadre de la percée scientifique, de l’innovation et de la transformation numérique nationale.
Les experts s’accordent à dire que le Vietnam doit désormais passer d’une posture passive à une approche proactive en matière de cybersécurité. Les organismes et entreprises doivent régulièrement mettre à jour leurs systèmes, adopter des solutions de base telles que pare-feu, antivirus, sauvegardes de données, et, si possible, investir dans des dispositifs avancés comme les centres de supervision de sécurité (SOC) ou les systèmes de détection des points terminaux (EDR). Des exercices de cybersécurité doivent également être organisés régulièrement pour améliorer la capacité de réponse.
Les particuliers jouent également un rôle crucial. Il est recommandé de renforcer la sécurité de ses comptes en utilisant des mots de passe complexes, en activant l’authentification à deux facteurs, en évitant de réutiliser les mêmes mots de passe, en se méfiant des liens suspects et en évitant d’utiliser les réseaux Wi-Fi publics pour des transactions sensibles.
Sensibiliser et former pour mieux se défendre
Néanmoins, le manque de ressources humaines spécialisées reste un défi majeur. Selon l’Association nationale de cybersécurité, plus de 20 % des institutions au Vietnam ne disposent pas de personnel dédié à la cybersécurité, tandis que plus de 35 % d’entre elles souffrent d’un manque de main-d’œuvre qualifiée. À l’échelle nationale, on estime que le pays pourrait connaître une pénurie de plus de 700 000 professionnels dans ce domaine dans un avenir proche.
Pour remédier à cette situation, l’Association a développé la plateforme de formation et de certification en cybersécurité nCademy, proposant des cours en ligne allant du niveau débutant à avancé, accessibles à la fois sur le Web et sur les applications mobiles. Cette initiative vise non seulement les professionnels, mais aussi le grand public, en vulgarisant les notions de cybersécurité.
Vu Ngoc Son affirme que nCademy contribuera à réduire les inégalités d’accès à la formation entre les localités, tout en permettant à chacun d’accéder à un enseignement de qualité, indépendamment de sa situation géographique. Prévue pour être officiellement lancée le 6 mai 2025, cette plateforme participera à instaurer une culture d’apprentissage et de renforcement continu des compétences en cybersécurité.
La cybersécurité n’est plus une simple affaire technique. Elle constitue aujourd’hui un pilier essentiel de la sécurité nationale, de la stabilité sociale et du développement durable de l’économie numérique. Seule une prise de conscience collective et une action proactive permettront de bâtir un espace numérique sûr, fiable et résilient. - VNA