Preserver la beaute traditionnelle du « village ancien » et du « vieux metier » a Cu Da hinh anh 1Photo: VietnamPlus

A 20km à l’ouest du centre-ville de Hanoï, au bord de la rivière Nhuê, Cu Dà est l’un des rares villages qui mêlent encore l’architecture locale au style colonial.

Comme de nombreux villages du delta du Fleuve rouge, Cu Dà dispose toujours d’un banian (un arbre séculaire souvent placé au centre des villages traditionnels), d’un embarcadère, d’une maison commune et d’une porte d’entrée. On y aperçoit également des maisons campagnardes typiques, à trois ou cinq travées. Mais en se baladant dans le village, on remarque au milieu des habitations locales des maisons modernes à l’architecture coloniale.

Vu Van Bang, un habitant, décrit son village : « Les anciennes maisons du village ont été construites entre 1890 et 1945. Avant 1975, Cu Dà disposait d’une centaine d’habitations de ce type dont des villas françaises. Une cinquantaine de logements anciens en bon état sont conservés dans le village, dont certains de style français. Les maisons vietnamiennes, elles, sont essentiellement constituées de trois travées et deux appentis».

L’organisation du village de Cu Dà fait penser à un squelette de poisson avec un axe principal coupé par plusieurs chemins transversaux qui conduisent aux différents groupements de maisons. Les maisons traditionnelles vietnamiennes y ont été construites en bois, recouvertes de tuiles plates ou à emboîtement. Les charpentes ont été élégamment sculptées.

La maison de Trinh Thê Sùng est parmi les plus anciennes du village. Il la présente : «Ma maison a été construite en 1874 en bois de margousier. Elle a une superficie de 200m² répartis en cinq travées et deux appentis. Quatre générations de ma famille ont habité dans cette maison. Nous continuons de l’entretenir régulièrement, la tuilerie est par exemple changée tous les dix ans».

Les visiteurs s’enthousiasment face aux maisons de style colonial de Cu Dà. Leur présence s’explique par l’activité commerciale prospère du village à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, durant la colonisation française. Plusieurs commerçants de Cu Dà y ont fait construire des villas françaises à un étage.

Nguyên Van Bao, propriétaire de l’une d’elles, indique : «Ma maison a été construite il y a plus de 100 ans suivant l’architecture française coloniale avec des balcons et des motifs de décoration de l’époque sur deux niveaux. Il y a aussi une petite cour. Les matériaux utilisés, le carrelage, l’acier ou le granit avaient été importés directement de France. Les touristes français, américains et anglais visitent très souvent ma maison. Les télévisions viennent aussi y tourner des films».

La maison commune, les pagodons ainsi que la pagode du village ont été classés vestiges historiques nationaux. Dans ces lieux sont conservés plusieurs décrets royaux, des sentences parallèles (des inscriptions en caractères chinois) et des objets de culte précieux.

Vu Van Thân, un ancien du village, retrace l’histoire de ces constructions : «Cu Dà est un village en banlieue de Hanoï avec une histoire de plus de 400 ans. La pagode du village a été construite il y a 300 ans, la maison commune et les pagodons il y a plus de 200 ans. Notre village dispose encore d’un ancien puits où l’eau était tellement transparente et propre qu’elle était offerte au roi».

Proche de la capitale, Cu Dà est une destination attrayante pour les touristes qui souhaitent s’échapper un peu du tumulte hanoïen. Ils peuvent y apprécier son aspect ancien et romanesque et son architecture originale alliant encore de nos jours paysages campagnards vietnamiens et architecture française. 

Cu Dà est connu comme le «village des hommes d’affaires». Au début du XIXe siècle, nombre de villageois se rendaient à Hanoi pour tenter leur chance dans le commerce. Devenus riches, ils rentraient à Cu Dà, où ils construisaient de belles maisons. La plupart sont inspirées du style occidental. Elle compte deux étages, un balcon et une façade en mosaïque. Le village est également le premier et le seul du Vietnam avec des maisons numérotées et des panneaux pour chaque ruelle, comme en ville.

Depuis la nuit des temps, on fabrique de la sauce soja à Cu Dà (tuong Cu Da), le produit phare du village. Elle est produite à partir de riz gluant, de soja, de sel blanc et d’eau.

Ce n'est pas un hasard si la chaîne CNN appelle Cu Dà un « paradis des vermicelles ». Bien que ce village soit connu pour son métier traditionnel de production des « tuong » (sauce de soja), le « miên » (vermicelles de canna) de Cu Dà est célèbre dans toutes les régions du pays.

Depuis des générations, ses vermicelles parcourent du Nord au Sud et est devenu un plat familier des millions de familles. La marque commerciale des vermicelles de Cu Dà vient au cœur comme une chose incontournable grâce à des vermicelles dorées mais lorsqu’elles sont cuites, elles sont très claires, tendres et parfumée.

Il y a beaucoup d'émotions quand on parle de Cu Dà, un village aux architectures mixtes de toutes sortes, de l'Asie à l'Europe, malgré de différentes architectures, l’âme vietnamienne se ressent toujours au village.

Selon les changements de temps et le mouvement inévitable de la société, Cu Dà a également rapidement revêt de nouveaux vêtements en construction. Les vieilles maisons à l’âme vietnamienne, à l'architecture chinoise ou française disparaissent progressivement, laissant la place aux grands bâtiments de style de l'architecture contemporaine dans la campagne du Vietnam que l'on peut voir n'importe où au pays en forme de la lettre S.

Parallèlement au développement de la société, Cu Dà a également été contraint de se transformer pour s'intégrer à la vie générale. Par conséquent, l'image de Cu Da est actuellement une combinaison de l’ancienneté et de la modernité et de l'âme ancienne et de la vie réelle des habitants de Cu Dà. –VietnamPlus