Plus de 240 images tirées d’une opale de 1,75 kilo
Le minéralophile Vo Van Hai est actuellement membre de l’Association
des arts et des lettres de la province de Dak Lak (Hauts Plateaux du
Centre). Il est réputé parmi les passionnés de minéraux pour sa
créativité. Hai poursuit l’école du suiseki (pierre travaillée par
l’eau), un art japonais. Cet homme a consacré 27 ans à la recherche de
pierres dont la forme ou le graphisme évoque des animaux, des figures
humaines, des paysages ou simplement de belles formes abstraites.
"En 2003, j’ai acheté une opale de 1,75 kilo. Dès le premier regard, je
l’ai trouvé extrêmement belle : ses couleurs, sa forme ainsi que la
sensation de fraîcheur une fois en main m’ont subjugué. J’y ai vu dedans
des images bizarres, j’ai imaginé aussi des scènes vivantes", se
rappelle-t-il.
M. Hai a payé 1,5 million de dôngs sans
négociation, bien qu’il sache que ce type de pierre ne valait qu’une
dizaine de milliers de dôngs le kilo (à l’époque). Au lieu de se limiter
à l’exposer dans son salon, il a décidé de valoriser au maximum ses
valeurs esthétiques. "Personnellement, je sens que les pierres ont aussi
leur attraction si on les comprend. Elles ont aussi leur âme. Elles
cachent des mystères et peut-être contiennent des messages sur la vie
spirituelle de l’homme", explique-t-il.
M. Hai raconte
aussi qu’un peintre vietnamien, très réputé, lui a proposé 1,5 milliard
de dôngs pour l’acquérir, mais il a décliné l’offre. Sans regret. Vo Van
Hai a été le premier parmi les collectionneurs de pierres à réaliser de
microphotographies de la structure de minéraux dans un but purement
artistique. Après des années de recherche, en 2009, il a réalisé ses
premières images. Détaillant le processus, l’artisan affirme qu’il reste
assez compliqué pour une personne qui n’est pas spécialiste. "Pour
faire simple, je mets l’opale sur un scanner, je détermine l’angle que
je trouve le plus beau et qui donne une image intéressante. Après avoir
capturé l’image, le scanner va l’agrandir de 400 à 600 fois",
précise-t-il. De 2009-2010, Hai a réalisé 243 images grand format.
M. Hai a décidé de rassembler ces images dans un livre où elles sont
classées selon différents thèmes. Chaque image est accompagnée d’une
légende avec des vers de sa propre composition. "Vous pouvez imaginer un
dragon volant, une Mère héroïne vietnamienne, des lignes de sapins au
soleil, des femmes du Nam Bô en tenue traditionnelle ou des collines
fleuries", présente l’artiste.
Ces images lui ont aussi
rappelé de grands événements internationaux dont le naufrage du Titanic,
Hiroshima, l’attaque terroriste du 11 Septembre, etc. Les images sont
imprimées sur du do , un type de papier fabriqué à partir de
Rhamnoneuron balansae , utilisé aussi pour la fabrication des imageries
populaires de Dông Hô. Ses couvertures sont en bois de caféier.
L’ouvrage, de 168 pages et d’un format de 60 x 80 cm, pèse 81 kilos.
Depuis 2010, il figure dans le livre des records Guiness du Vietnam.
-VNA