OIT: 400 millions de personnes dans le monde perdent leur temploi a cause du COVID-19 hinh anh 1400 millions de personnes dans le monde perdent leur travail à cause du COVID-19. Photo: Vietnam+

La pandémie de COVID-19 a provoqué des troubles sur le marché du travail, avec des pertes massives d'emplois et de revenus au premier semestre 2020 et la reprise au second semestre sera incertaine et incomplète, a averti l'Organisation internationale du travail (OIT).

Dans sa quatrième édition de l'Observatoire intitulée «Le COVID-19 et le monde du travail » publiée récemment, l'OIT a abordé des perturbations sur le marché du travail au premier semestre 2020. L’OIT a déclaré que la fermeture des lieux de travail et la mise en œuvre d'autres mesures de confinement, combinées à la détérioration rapide des conditions économiques, avait entraîné des pertes immédiates et massives d'heures de travail au premier semestre de 2020.

Au premier trimestre de cette année, environ 5,4% des heures de travail dans le monde (correspondant à 155 millions d’emplois à temps plein) ont été perdues par rapport au quatrième trimestre 2019. On estime qu'au deuxième trimestre 2020 les pertes devraient atteindre 14% (correspondant à 400 millions d’emplois à temps plein) par rapport au dernier trimestre 2019, la baisse la plus forte étant enregistrée dans les Amériques.

Les facteurs qui entraînent cette réduction des heures travaillées varient considérablement selon les pays pour lesquels les données pertinentes sont disponibles. Dans certains pays, les heures de travail plus courtes et le fait «d’avoir un emploi mais de ne pas travailler» (par exemple les congés temporaires) ont contribué à la baisse de manière significative, alors que, dans d’autres pays, c’est le fait pour les gens de se retrouver au chômage ou inactifs qui a conduit à ce déclin.

Ces variations montrent que se concentrer seulement sur le chômage constitue une vision trop limitée pour évaluer l’impact de la pandémie sur le marché du travail.

Un impact disproportionné pour les femmes au travail

Alors que la crise du COVID-19 touche les travailleuses de manière disproportionnée sur plusieurs aspects,  certains acquis de ces dernières décennies risquent d'être perdus et les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail aggravées.

Contrairement aux crises précédentes, les emplois des femmes sont beaucoup plus menacés que ceux des hommes, car la crise impacte beaucoup le secteur des services.

Par ailleurs, les femmes représentent une grande proportion des travailleurs qui sont en première ligne, notamment le personnel de santé et les travailleurs sociaux, alors que l’accroissement du fardeau des soins (non rémunérés) alimenté par la crise touche les femmes dans une proportion plus importante que les hommes.

Perspectives pour le deuxième semestre 2020

Selon les estimations de l’OIT, la reprise du marché du travail au deuxième trimestre 2020 sera aléatoire et partielle. Dans le scénario de référence, les pertes en heures travaillées devraient être encore de 4,9% (ce qui équivaut à 140 millions d’emplois à temps plein) au quatrième trimestre de cette année.

Cependant, si l’on applique un scénario pessimiste, qui présuppose une deuxième vague de la pandémie au deuxième semestre 2020, la perte en heures travaillées resterait aussi élevée, à 11,9% (ce qui équivaut à 340 millions d’emplois à temps plein) au dernier trimestre. Même si l’on suit un scénario optimiste, qui se base sur une reprise économique rapide, les heures de travail dans le monde ne reviendraient probablement pas au niveau d’avant la crise à la fin de l’année 2020.

Politiques pour une reprise économique riche en emplois

En ce qui concerne le marché du travail pour le reste de l’année 2020, les résultats dépendront des choix politiques et des mesures prises, ainsi que des évolutions futures de la pandémie. Jusqu’ici, la plupart du temps, de nombreux pays ont injecté des ressources sans précédent pour stimuler l’économie et l’emploi, à travers notamment des mesures fiscales, monétaires et liées à la protection sociale. Il reste que l’espace fiscal a des limites dans un certain nombre de pays à bas revenu et à revenu intermédiaire.

Aller vers une reprise économique riche en emplois nécessitera de relever des défis majeurs, notamment : a) Trouver un bon équilibre au niveau des mesures prises; b) intervenir de manière durable à la bonne échelle ; c) venir en aide aux groupes de personnes les plus vulnérables et les plus touchées et générer des résultats plus équitables sur le marché du travail; d) assurer une solidarité et un soutien au niveau international; et e) renforcer le dialogue social et le respect des droits au travail.

Des recommandations importantes pour relever ces défis sont contenues dans la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail de 2019, qui définit une vision d’un programme centré sur l’humain, fondé sur l’investissement dans les capacités des individus, dans les institutions du travail et dans des emplois durables pour l’avenir. -VietnamPlus