
Hanoï (VNA) - Noah Nguyên est le propriétaire du compte YouTube"Lai ngua chân" ("Des fourmis dans les jambes") consacré à ses visitesde 145 pays du monde. Ses voyages sont souvent teintés de dangers, maissa passion pour l’exploration de nouvelles terres, singulières etinsolites, continue de le motiver à poursuivre son périple.
Lachaîne YouTube de Noah Nguyên, suivie par près de 540.000 abonnés,relate ses aventures empreintes de joie et de découverte. Durant sesvoyages, il a parfois eu des expériences difficiles, notamment uneagression à l’arme blanche en Colombie en 2019. Il conserve encore unepetite cicatrice sur l’une de ses jambes en souvenir de cet événement.
Un voyageur polyglotte
NoahNguyên est diplômé du Département de russe de l’École supérieure delangues étrangères de Hanoï (actuellement l’Université de Hanoï) en2005. Un an plus tard, il s’est rendu en Allemagne pour poursuivre desétudes universitaires en linguistique et en philosophie. En 2010, il aachevé son cursus et obtenu des diplômes dans ces deux domaines.
"Mapassion pour l’aventure coule depuis toujours dans mes veines. Lorsquej’étais étudiant au Vietnam, mes voyages étaient limités par le manqued’argent. À l’époque, la Chine représentait ma destination la pluséloignée. En arrivant en Allemagne et bénéficiant de meilleuresconditions, cette passion s’est déchaînée. Rien n’a pu l’entraver", se remémore Noah Nguyên.
Dotéde compétences en langues étrangères, il a rapidement obtenu unecertification en allemand. En plus de maîtriser le russe et l’allemand,Noah Nguyên parle couramment l’anglais et peut également communiquer demanière basique en français, en chinois et en polonais. Cette maîtrisedes langues étrangères lui a été d’une grande utilité pour entreprendreses aventures aux quatre coins du monde.
Des rencontres inoubliables...
En2007, Noah Nguyên a entrepris son premier voyage en visitant leDanemark ainsi que d’autres pays de l’Union européenne. Ensuite, il amis les pieds aux États-Unis. Les années suivantes, le globetrotteur aplanifié des pérégrinations dans divers pays sur tous les continents.
"Quandj’ai débarqué en Afrique pour la première fois, mon objectif initialétait d’observer la faune sauvage. Cependant, à mesure que je voyageais,ma passion ne faisait que croître. J’ai alors décidé de visiter tousles pays membres des Nations unies", raconte l’aventurier.
Lorsquele nombre de pays visités a atteint environ 80, Noah Nguyên a trouvéque l’objectif de visiter les 195 pays n’était pas inatteignable. C’estpourquoi il a modifié la nature de ses voyages et choisi de consacrer dutemps à mieux comprendre les aspects méconnus de chaque destinationplutôt que de simplement enrichir sa liste des pays visités. "Contrairementà la plupart des gens, j’ai une préférence pour les destinations moinsdéveloppées et encore peu fréquentées par les touristes", confie-t-il.

Selonlui, des pays comme l’Afghanistan et l’Irak ne sont pas aussi dangereuxqu’on pourrait le penser. Les habitants sont accueillants et amicaux.Son véritable défi a été l’Afrique, un continent où il est difficiled’obtenir des informations touristiques.
Lepremier pays africain que Noah Nguyên a visité fut l’Égypte. Il s’estensuite rendu au Kenya, en Ouganda, au Cameroun... Avec persévérance, ila parcouru 35 pays du continent noir. "Les pays d’Afrique sont sauvages, mystérieux et recèlent de nombreuses découvertes", exprime-t-il. Cependant, il déplore aussi l’extrême pauvreté qui prévaut dans certains de ces pays.
NoahNguyên s’est rendu au Burundi, le pays le plus pauvre d’Afrique et mêmedu monde. Lors de sa visite d’un village, il a acheté des bonbons pourles distribuer aux enfants et offert une petite somme d’argent auxvillageois. En retour, ils l’ont accueilli en chantant et en dansant, leconsidérant comme un hôte de marque.
Levoyageur s’est également enfoncé en forêt pour rendre visite à destribus nomades au Cameroun, à qui il a offert briquets et boîtesd’allumettes. En échange de sa sincérité, il a été accueillichaleureusement. "Apporter de la joie aux autres, c’est apporter de la joie à soi-même", affirme-t-il.
NoahNguyên a même débarqué au Somaliland, une terre encore méconnue. Sesaventures l’ont également conduit chez les Mursi, une tribu d’Éthiopieoù les femmes pratiquent la scarification et portent une plaque dansleur lèvre inférieure.
Le Vietnamien arencontré des Pygmées au Congo et une tribu cannibale en Papouasie(Indonésie), qui demeure aujourd’hui encore un véritable mystère pour lemonde contemporain. Il a également participé à une fête vaudou auBénin, découvrant des pratiques religieuses originales. Noah Nguyên atraversé l’Amazonie, le poumon de la planète, et a eu des rencontresinoubliables, dont celle avec un roi ayant 40 épouses et 80 enfants àMaroua au Cameroun.
Àla suite de ses aventures, Noah Nguyên a publié près de 200 vidéos sursa chaîne YouTube "Lai ngua chân". Ses productions ont étéchaleureusement accueillies et très appréciées par les internautes. Lachaîne de télévision allemande SAT1 a même réalisé un reportage sur lui,l’appelant "le Vietnamien parcourant le monde".
… aux situations dangereuses
Toutau long de ses pérégrinations ces 15 dernières années, Noah Nguyên a dûfaire face à d’innombrables situations dangereuses, certaines mettantmême directement sa vie en péril.
En 2018,au Mozambique, un voleur a défoncé la porte de son auberge, fouillé sesaffaires et volé son ordinateur portable ainsi qu’un objectifd’appareil photo.
Le Cameroun est le paysoù il a passé le plus de temps, près de trois semaines au total. Laraison en est que ce pays est souvent décrit comme une version miniaturede l’Afrique. Il a parcouru le pays de l’Ouest au Sud et s’est mêmeaventuré dans le Nord, la région la plus dangereuse d’Afrique où lesinsurgés de Boko Haram sont prêts à s’attaquer aux étrangers.
La peur et les blessures
"Unefois, je me suis retrouvé au Nord du Cameroun, à la frontière avec leTchad, où les insurgés de Boko Haram sont très actif. Même les membresles plus aguerris du groupe Every Passport Stamp sur Facebook, quirassemble des passionnés de voyages autour du monde, n’osent pas s’yrendre. Mais si je prenais un autre chemin, cela m’aurait pris plusieursjours supplémentaires. C’est pourquoi j’ai décidé de traverser cettezone avec une escorte de la police locale", se souvient-il. Son convoi était composé de 30 autobus, trois camions et trois voitures de police, tous armés.
NoahNguyên était à bord d’un autobus délabré. Un homme âgé et son père,très affaibli, étaient également présents. L’autobus avançaitpéniblement sous une chaleur accablante. La route était sinueuse etcahoteuse. Quelques dizaines de kilomètres après le départ, le vieilhomme s’est éteint subitement. Son fils et le cadavre ont été laissésdans une infirmerie communale au bord de la route.
Lespéripéties ne se sont pas arrêtées là. Peu après, un pneu de l’autobus acrevé. C’était la tombée de la nuit et le véhicule s’est retrouvé seulau milieu de l’immense désert. Noah Nguyên avait la chair de poule àl’idée que les insurgés de Boko Haram puissent surgir à tout moment.Heureusement, après une demi-heure, l’autobus a pu reprendre la route.
Fin2019, Noah Nguyên a été attaqué par des voleurs armés alors qu’il sepromenait dans les rues de la capitale Bogota en Colombie. Deux hommesl’ont attaqué avec des couteaux, cherchant à lui voler son sac. NoahNguyên a décidé de se défendre car son sac contenait tous ses documentspersonnels ainsi que les documents liés à ses voyages. À la fin, il aperdu un appareil photo et a eu plusieurs blessures. La propriétaire deson auberge l’a accompagné à l’hôpital.
"Lessentiments d’anxiété et de peur sont toujours présents lors de mesvoyages. Cependant, les connaissances acquises sont des cadeauxinestimables", souligne-t-il, tout en insistant cependant sur lefait qu’il ne se précipite pas dans des situations dangereuses pour êtreconsidéré comme un héros.
Chaque année,Noah Nguyên réalise en moyenne six à sept voyages, d’une durée de cinq àdix semaines chacun. En tant que free-lance, il n’est pas limité pardes contraintes de temps.
À l’intention des Vietnamiens passionnés d’aventure, il leur conseille : "Vivez votre passion, mais en sécurité !" . - CVN/VNA