Dans le delta du Mékong, l’eau de mer gagne du terrain et met en péril les rizières. Des agronomes, dont la professeure-docteure Nguyên Thi Lang, tentent de relever le défi en élaborant de nouvelles variétés de riz hybrides.
La généticienne Nguyên Thi Lang est l'une des sept femmes à avoir reçu le Prix des femmes vietnamiennes en 2011 pour ses réalisations exceptionnelles dans la production de dizaines de variétés de riz hybrides résistantes à la salinité et aux rendements élevés.
Nguyên Thi Lang est née en 1957 dans la province méridionale de Bên Tre. En 1994, elle a défendu avec succès sa thèse de doctorat en génétique et sélection intitulée "Recherche génétique sur les caractères physiologiques et hétérosis du riz".
En 2009 elle a obtenu le titre de professeur. De 2006 à 2012, elle a été cheffe du Département de génétique et de sélection des variétés de riz à l’Institut de recherche sur le riz du delta du Mékong.
Bien qu’à la retraite, elle travaille toujours en tant que chercheur principal à l’Institut de recherche sur le riz du delta du Mékong et dirige la Section de biotechnologies à l'Université de Cuu Long.
Nguyên Thi Lang a dirigé et participé à une centaine de projets sur la production de riz. Elle a encadré aussi une trentaine de chercheurs menant des thèses de doctorat et de maîtrise. Elle a à son actif de nombreux brevets d’invention appliqués avec succès.
Elle est surtout connue pour ses variétés de riz résistantes à la salinité provenant d'une variété de riz flottant surnommée "riz magique" (la tige s’allonge en même temps que la montée des eaux, jusqu’à 5-6 m).
Cette variété autochtone d’une grande vitalité que l’on trouve dans la plaine de Dông Thap Muoi (Plaine des Joncs) donne des grains sucrés et parfumés, et a sauvé la vie de beaucoup de gens durant la guerre.
La professeure-docteure Nguyên Thi Lang et son mari, le professeur Bùi Chi Buu, aussi un scientifique bien connu, sont allés à Dông Thap Muoi pour étudier comment combiner les particularités de cette variété de riz flottant avec une autre à haut rendement afin de créer une nouvelle variété.
Après 10 années de recherche, une nouvelle variété de riz appelée AS996 (ou OM2424) a vu le jour. Elle peut pousser sur un sol alcalin avec peu de phosphate, est résistante au sel et aux nilaparvatas, se développe bien dans différentes régions et donne de hauts rendements...
Elle est devenue une variété standard en raison de sa résistance aux conditions difficiles. Des dizaines de variétés de riz résistantes à la salinité de la famille "OM", tels que OM4498, OM5930, OM4900 OM6073 ont été produites. "OM" est l'abréviation de Ô Môn, lieu où se trouve le siège social de l’Institut de recherche sur le riz du delta du Mékong.
La professeure-docteure Nguyên Thi Lang a créé 24 variétés de riz reconnues comme des variétés nationales.
Le delta du Mékong, surnommé "le grenier à riz" du pays (plus de 90% de la production de riz pour l'exportation), est durement touché par le changement climatique et son corollaire : la montée du niveau des océans.
Depuis de nombreuses années, Nguyên Thi Lang et d'autres scientifiques de l’Institut axent leurs recherches sur la création de variétés de riz résistantes à la salinité, à haut rendement et de bonne qualité, adaptées au changement climatique.
La professeure-docteure Nguyên Thi Lang mène aussi des recherches sur d'autres variétés qui ont une forte teneur en éléments nutritifs et sont résistantes aux insectes ravageurs, aux maladies, à la sécheresse et aux inondations prolongées...
Pour elle, rechercher de nouvelles variétés de riz capables de s'adapter au changement climatique n'est pas seulement une urgence, une tâche difficile, mais aussi un bonheur. – AVI
