Mme Nguyên Thi Ngoc Phuong, directrice et professeure de médecine, une des meilleures expertes vietnamiennes des effets de l'agent orange sur la santé, est actuellement vice-présidente de l'Association des victimes de l'agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA).

Connue pour ses contributions à la création de 13 villages Hoà Binh (Paix) où des enfants touchés par l’agent orange sont pris en charge, elle a soutenu les victimes vietnamiennes dans leur combat pour la justice et a demandé à la partie américaine d'assumer ses responsabilités pour les conséquences sur la santé du peuple vietnamien des épandages massifs de ce produit toxique.

Dans les années 1970, alors qu’elle est obstétricienne, Mme Phuong est confrontée à de nombreux cas de bébés présentant des malformations, mais sans bien en cerner la cause. En parcourant des documents médicaux, elle tombe sur un rapport scientifique de l’Académie américaine des sciences daté de 1964, qui évoque la possibilité d’une relation entre les anomalies congénitales et l'agent orange-dioxine déversé pendant la guerre au Vietnam.

Pour confirmer ses soupçons, en 1982, elle mène une étude auprès de plus de 1.000 familles de la commune de Thanh Phong, district de Thanh Phuc, province de Bên Tre (Sud). Le résultat montre que le pourcentage de bébés malformés dans les zones traitées par l'agent orange est trois ou quatre fois supérieur que dans les endroits épargnés. En 1983, elle dévoile les résultats de ses recherches dans un magazine britannique et n’a cessé depuis d’étudier les effets de l'agent orange sur le peuple vietnamien.

Grâce aux efforts de Mme Phuong et de la VAVA, le 15 mai 2008, la Chambre des représentants américaine a ouvert une audience intitulée "Notre responsabilité oublié : que pouvons nous faire pour aider les victimes de l'agent orange". Lors de cette conférence, Mme Phuong a été la première scientifique vietnamienne à parler de cette question.

Lors de la 3e audience, le 15 juillet 2010, elle a appelé la Chambre des représentants et les compagnies chimiques américaines incriminées à prendre leurs responsabilités et indemniser les plus de trois millions de victimes vietnamiennes.

"Les patients souffrant de cancer et d’autres maladies causées par l'agent orange meurent tous les jours. Et chaque jour, des bébés malformés naissent. Justice doit leur être rendue et ils doivent être indemnisés pour les souffrances endurées par eux-mêmes et par leurs familles", a-t-elle indiqué.

Selon Mme Phuong, "la lutte pour la justice et l'indemnisation des victimes vietnamiennes se heurteront à d'énormes obstacles". Cependant, de premiers résultats ont été obtenus. Lors de 3e audience, les représentants du gouvernement américain ont déclaré qu'ils étaient disposés à coopérer avec le Vietnam dans l'amélioration de l'environnement contaminé par l'agent orange. Le Groupe de dialogue États-Unis-Vietnam sur l'agent orange va donner 300 millions de dollars (30 millions/an) pour aider le Vietnam à traiter les zones contaminées et développer des services d’aides aux victimes.

Mme Phuong est une obstétricienne de haut niveau. Depuis 1997, elle mène des recherches sur les technologies de procréation médicalement assistée. Elle a réussi à mettre en application la technique de vitrification par congélation des embryons. Elle a également établi une banque de sperme, un réseau de soins pour les femmes enceintes et a organisé des cours de formation de sages-femmes dans les régions reculées. À ce jour, près de 700 sages-femmes de divers groupes ethniques vivant sur les hauts plateaux du Centre ont été formées.

La Dr Nguyên Thi Ngoc Phuong en quelques dates :

La Dr Nguyên Thi Ngoc Phuong, vice-présidente de l'Association vietnamienne des victimes de l'agent orange (VAVA), vice-présidente de l'Association des obstétriciens-gynécologues du Vietnam et présidente de l'Association de lutte contre l’infertilité de Hô Chi Minh-Ville.
- Né en 1944 à Biên Hoà - Dông Nai.
- Diplômée de la faculté d'obstétrique. En 1994, elle est élue au sein du Conseil des professeurs français et reconnue comme professeur de médecine par le président français.
- Vice-présidente de la 8e Assemblée nationale (1987-1992).
- Vice-présidente de la Commission des relations extérieures de la 9e Assemblée nationale du Vietnam (1992-1997).
- Directrice de l’Institut de cardiologie de Hô Chi Minh-Ville (1989-1991)
- Directrice de l'Hôpital Tu Du de Hô Chi Minh-Ville (1990-2005)
- En 2000, elle reçoit le titre de "Héros du Travail".
- En 2004, elle reçoit le titre de "Médecin du peuple".
- Elle est maintenant membre du Conseil sur la santé des femmes en Asie, de l'Initiative Asie-Pacifique sur l’endocrinologie de la reproduction et du Groupe de dialogue Vietnam-États-Unis sur l'agent orange/dioxine. – AVI