Au Vietnam, ladinanderie a ses hauts lieux. Lông Thuong, qui nous intéresse aujourd’hui, estun village rattaché à la province de Hung Yên, de la périphérie de Hanoï, unvillage qui vit du et pour le cuivre.
Lông Thuong et ladinanderie, la dinanderie et Lông Thuong, c’est une vieille histoire, une trèsvieille histoire, même, puisqu’elle remonte au 12e siècle. C’est à un certainKhông Minh Không, qui a vécu sous la dynastie des Ly, que le village doit savocation artisanale. Il y a d’ailleurs sa statue, une statue en cuivre, bienévidemment: les villageois lui devaient bien ça…
Mais Lông Thuongest aussi un village qui fait la résistance... Il y a trente ans encore, sestrois voisins Van Ô, Xuân Phao et Bùng Dông abritaient eux aussi de trèsnombreux ateliers de dinanderie. Aujourd’hui, seul Lông Thuong restefarouchement attaché à son artisanat traditionnel, auquel il doit sa renommée.C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Duong Van Tâp, l’un des ténorsde la dinanderie locale.
«Chez nous, ça setransmet de père en fils… Moi, par exemple, mon père a commencé à m’apprendre àfabriquer des petites pièces quand j’avais une dizaine d’année. À l’époque,tout le monde, dans le village, était plus ou moins impliqué dans ladinanderie. Il arrivait même que la fabrication d’une pièce soit répartie entredifférents ateliers, chacun étant chargé d’une étape particulière», sesouvient-il.
De toutes cesétapes nécessaires à la création d’un objet en cuivre, celle qui consiste àfaçonner le moule reste apparemment la plus importante, d’après Duong Van Long,un autre dinandier du village.
«La qualité duproduit fini dépend pour beaucoup de celle du moule», nous explique-t-il.«Quant au moule lui-même, son façonnage passe par tout un processus trèsprécis.»
Un processus…Presque un protocole, avec tout ce que cela suppose de rigueur et d’exactitude.Du façonnage du moule jusqu’à la finition, l’artisan doit rester parfaitementvigilant et sûr de la démarche à suivre.
Pour ce qui estdes produits, ils sont divers et variés. Il y a bien sûr des objets de culte,des cloches, des brûle encens, des bougeoirs, mais surtout des statues. C’estd’ailleurs à ses statues que le village doit sa réputation, à ses statues et àceux qui les font, comme Duong Viêt Bach, dont c’est la spécialité numéroun.
«Regardez cesstatues! On a l’impression qu’elles ont été fabriquées il y a cinquante ans,alors qu’en fait, c’est juste une technique bien particulière qui leur donnecette patine… C’est fou ce qu’on arrive à faire, maintenant, avec des outilsmodernes…», nous dit-il.
Bel enthousiasme…Il n’en reste pas moins que la dinanderie reste un métier pénible, réservé àceux qui éprouvent une sorte de ferveur à son endroit, et qui le conçoiventcomme un héritage à transmettre, ce qui est le cas de Duong Van Viên…
«Ceux quiviendront après nous vont devoir raisonner en termes de compétitivité, mais ilne faudrait surtout pas qu’ils en oublient la dimension culturelle de ladinanderie artisanale», nous confie-t-il.
Il y aeffectivement gros à parier que l’avenir de la dinanderie artisanale passerapar un mode de production plus industriel. Mais il y a tout aussi gros à parierqu’elle y gagnera, en quantité comme en qualité…-VOV/VNA