Jakarta (VNA) – Une série d’attentats suicides revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) ont semé le chaos jeudi en plein cœur de Jakarta où des extrémistes inspirés par les attaques de Paris ont tué trois civils, dont un Canadien et un Néerlandais, et détruit un café Starbucks proche d'un centre commercial.
Ces attaques ont été menées de manière quasi-simultanée, en plein cœur de Jakarta, avec une première déflagration vers 10h50 heure locale près d’un café de la chaîne américaine Starbucks, non loin des centres commerciaux, les bureaux de plusieurs agences de l’ONU et des ambassades, a déclaré la police.
Six explosions se sont succédé dans les dix minutes qui ont suivi, puis des échanges de tirs ont été entendus devant le très fréquenté centre commercial Sarinah, au centre de Jakarta. Vingt personnes ont été blessées et les cinq assaillants, dont trois kamikazes, ont péri dans ces attaques menées à l’aide d’explosifs.
Un porte-parole de la police, Anton Charliyan, a relevé que les auteurs des violences de jeudi à Jakarta avaient "suivi l’exemple des attentats de Paris", quand des islamistes liés au groupe Etat islamique avaient tué 130 personnes dans des attaques coordonnées le 13 novembre dernier.
Dans un communiqué en arabe publié sur internet, l’organisation djihadiste a annoncé que plusieurs engins avaient "explosé concomitamment à des attaques par quatre soldats du califat avec des armes légères et des ceintures explosives".
Le président indonésien Joko Widodo a d’emblée dénoncé des actes "terroristes". "Notre nation et notre peuple ne devraient pas avoir peur, nous ne serons pas vaincus par ces actes terroristes", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Metro TV, ajoutant que les autorités "condamnaient cet acte qui a perturbé la sécurité et semé la terreur parmi la population".
Plusieurs pays ont aussitôt condamné ces attentats, dont les Etats-Unis qui, par la voix du secrétaire d’Etat John Kerry, ont rappelé qu’ils étaient "totalement engagés" dans le "combat" contre les groupes comme l’EI. D’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Australie, Singapour, la Thaïlande, la Malaisie ont affirmé apporter leur soutien au gouvernement indonésien dans sa lutte contre la violence et l’extrémisme.
L’implication du groupe Etat islamique risque de créer de vives inquiétudes en Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, où les autorités redoutent que des combattants partis faire le jihad ne commettent des attaques à leur retour chez eux.
"Nous savons que (l’EI) a le désir d’établir une province dans cette région et que des groupes dans cette région (...) lui ont prêté allégeance", a expliqué Kumar Ramakrishna, spécialiste de ces questions à l’Université technologique de Nanyang à Singapour. "La menace constituée par le retour de combattants du Sud-Est asiatique radicalisés dans la région Irak/Syrie sont un autre facteur de préoccupation, avec la possible émergence de loups solitaires", a-t-il ajouté.
A en croire le cabinet de consultants Soufan Group spécialisé dans le renseignement, de 500 à 700 Indonésiens ont rejoint les rangs de l’Etat islamique, et des dizaines sont depuis rentrés dans leur pays.
L’archipel, où la police était en alerte maximale pendant les fêtes de fin d’année après avoir déjoué un attentat suicide projeté à Jakarta pour le Nouvel An, n’avait pas connu d’attentats majeurs depuis ceux qui ont fait neuf morts en juillet 2009 dans des hôtels de luxe à Jakarta. – VNA