L’Union européenne est le deuxième importateur deproduits agricoles, sylvicoles et aquatiques vietnamiens, à ceci près que seuls17 de ses États membres sont pour l’instant concernés. 17 sur 27 : autant direqu’il reste de la marge et que nos entreprises auraient tout intérêt à profiterdes opportunités que leur offre cet accord de libre-échange. Un marché de 450millions d’habitants, ce n’est certes pas à négliger. C’est en tout cas ce quiressort des propos de Nguyên Quôc Toan, responsable du développement du marchéagricole au ministère de l’|Agriculture et du Développement rural.
« La quasi-totalité des États membres de l’Unioneuropéenne ont besoin d’importer des produits tropicaux », note-t-il. « Or, lesfruits et les produits aquatiques font partie de nos produits phares. Pareilpour nos produits sylvicoles, dont le chiffre d’affaires à l’exportations’élève désormais à plus de 11 milliards de dollars, grâce notamment à l’accordbilatéral sur l’exportation du bois vietnamien ».
L’accord de libre-échange entre le Vietnam et l'Unioneuropéenne prévoit la suppression progressive de la quasi-totalité (99,2%, trèsexactement) des droits de douane entre les deux signataires, dans les 7 ans àvenir pour l’Europe et dans 10 ans pour le Vietnam. Mais pour conquérir lemarché européen, les producteurs vietnamiens devront surmonter un certainnombre d’obstacles techniques, à commencer par des mesures de sécuritésanitaire et des exigences de traçabilité de plus en plus draconiennes.
« L’Union européenne est un marché très exigeant »,avertit Nguyên Chi Hiêu, économiste. « Les consommateurs européens veulentacheter des produits de qualité et pour ce faire, ils sont prêts à payer plus.Les producteurs vietnamiens doivent donc améliorer la qualité de leurs produitset surtout, garantir leur traçabilité. Or, c’est là notre point faible… »
En principe, du fait de leur complémentarité, les produitsagricoles vietnamiens et européens ne devraient pas se faire concurrence. Maisque se passera-t-il si une entreprise étrangère investit dans une usine detransformation de produits agricoles au Vietnam et exporte ensuite les produitstransformés vers l’Union européenne ? Eh bien, c’est elle qui en tirera tout lebénéfice.
Le fait est que la transformation donne de la valeurajoutée aux produits agricoles. Or, force est de constater que cette industrieest peu développée et mal structurée au Vietnam, comme le déplore Dang Kim Son,ancien directeur de l’Institut de politiques et de stratégies de développementagricole du ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
« Si le Vietnam ne construit pas d’usines detransformation de produits agricoles, ce sont des entreprises étrangères quivont le faire et qui du coup, pourront profiter des retombées de l’accord »,nous dit-il. « L’idéal serait de drainer des investissements européens dans latransformation, d’acquérir du savoir-faire et des technologies pour exportervers l’Union européenne. Mais en serons-nous capables ? »
Autre défi à relever : la labellisation des produits.Pour Nguyên Dang Nghia, directeur du Centre d’études et de consultation enagriculture tropicale, il y va de la crédibilité des producteurs vietnamiens. «Nous devons absolument labelliser nos produits agricoles dans les paysimportateurs et créer des marques performantes sur le marché mondial. Unemarque connue est un gage de crédibilité pour nos produits et nos entreprises», dit-il.
L’accord de libre-échange entre le Vietnam et l'Unioneuropéenne est incontestablement un levier pour nos exportations agricoles.Encore faut-il savoir actionner ce levier… -VOV/VNA