Le ministère de l’Éducation et de la Formation, et celui de la Culture, des Sports et du Tourisme ont demandé en janvier 2013 aux localités d’insérer les patrimoines culturels du Vietnam dans leur programme d’enseignement général. Plusieurs établissements ont déjà mis en place cette directive.

À l’heure de l’explosion des nouvelles technologies de l’information, les jeunes sont de plus en plus attirés par des jeux vidéo et des divertissements qui prônent la violence. L’introduction de la culture populaire dans les écoles a donc pour objectif de les inciter à s’intéresser à des activités plus «saines».

À travers les jeux

«Enseigner l’héritage culturel du Vietnam à l’école est un axe important de la réforme de l’enseignement général. Nous souhaitons par ce biais aider la jeune génération à prendre conscience du respect, de la préservation et de la promotion des valeurs traditionnelles du pays», explique un représentant du ministère de l’Éducation et de la Formation.

Aussi la culture populaire est-elle désormais intégrée dans le programme d’enseignement de plusieurs établissements scolaires du pays, qui organisent des activités ludiques.

Voici l’exemple de l’école primaire Dich Vong A, à Hanoi, qui organise chaque année une fête foraine. «Nous ne l’avons pas créée pour le folklore. Avec un nouveau thème chaque année, cette foire fait partie intégrante de notre stratégie éducative. Et cela fonctionne, elle est devenue un rendez-vous incontournable. Les élèves profitent de la journée pour s’amuser, regarder les stands et acheter tous types d’objets artisanaux», explique la directrice d’école Nguyên Thi Phuong Lan.

Cette kermesse offre aux élèves un espace de rencontre et d’échange, de valorisation et de mutualisation de leur travail quotidien, permettant d’enrichir leur vécu culturel. Ces rencontres sont également l’occasion de découvrir les us et coutumes de différentes régions : des pièces de théâtre mettent en scène des rites du Nouvel An, et des jeux populaires sont proposés comme la lutte à la corde, les échecs traditionnels, etc. «C’est une petite action de grande valeur», estime-t-elle.

De plus, à l’occasion de la Fête de la mi-automne, l’école organise pour ses élèves une «fête de la pleine lune» au Musée de l’ethnologie, toujours à Hanoi. Il s’agit d’une animation au cours de laquelle les élèves interprètent divers répertoires traditionnels (chant ou danse), et participent à des jeux. Ils sont également initiés à l’artisanat, et fabriquent eux-mêmes leurs lanternes, leurs figurines en pâte de riz colorée, et leurs gâteaux de la mi-automne, etc. « Ces activités permettent de renforcer efficacement l’échange, la solidarité, la conscience, l’amour de la nature et du pays, contribuant ainsi à inculquer aux jeunes les traditions culturelles de la communauté des ethnies du Vietnam», confie Nguyên Thi Phuong Lan.

Et d’ajouter : «Aujourd’hui, les élèves manquent d’expériences et de connaissances pratiques. Afin que ces activités ludiques aient le maximum d’impact, elles doivent être associées à des événements précis».

Une jeune génération responsable


Non seulement Hanoi, mais bien d’autres localités s’intéressent aussi à cette problématique. Chaque province a mis en place ses mesures propres.

\Des jeux populaires sont proposés aux écoliers comme la lutte à la corde. Photo : Thanh Vu/VNA

Dans le Nord du pays, Phú Tho a ainsi décidé d’axer son action sur la conservation et la relance du hát xoan en tentant de raviver l’intérêt de la population pour ce chant printanier traditionnel. Des cours ont donc été incorporés dans les programmes scolaires. Pour Nguyên Bích Hà, enseignante de l’École des ethnies de Phú Tho, il ne s’agit pas seulement d’enseigner des chansons, mais également de sensibiliser les élèves sur l’immense valeur des airs traditionnels de leur pays, et sur la responsabilité qui leur incombe quant à leur préservation. «Dans cette optique, nous pensons que la perspective de se produire sur scène constitue une réelle motivation. Il est ainsi plus aisé de les inciter à apprécier le +Hát xoan+ et de façonner leurs goûts musicaux», estime Nguyên Bích Hà.

Et si la province de Phú Tho a son hát xoan , celle de Bac Ninh (Nord) possède son chant alterné quan ho , et celle de Nghê An ses chants folkloriques "Ví " et "Giặ m " .

Enfin, à Hô Chi Minh-Ville, l’enseignement de la musique traditionnelle dans les écoles prend une place importante dans la transmission des savoirs dans ce domaine. À la rentrée 2012-2013, l’école primaire Trân Bình Trong (5 e arrondissement) a ainsi créé une nouvelle discipline et le succès a été immédiat, encourageant de fait les autres établissements à faire de même. De nombreux chercheurs et éducateurs se préoccupent de cette question, dont Trân Van Khê.

Il y a une dizaine d’années, ce professeur était l’un des premiers à s’engager pour la démocratisation de la musique traditionnelle auprès de la jeune génération. En 2004, il a ainsi participé à développer la créativité des élèves de l’école primaire Trân Hung Dao (Hô Chi Minh-Ville). Mais pour de multiples raisons, le projet n’a pas pu s’étendre à d’autres structures. À regrets pour le professeur Trân Van Khê.

Il a ensuite fallu attendre l’année scolaire 2012-2013 pour que la ville mette en place des mesures concrètes. «Dans la pratique, il s’agit de la transmission d’un socle de connaissances sur la musique traditionnelle d’un côté, et d’ateliers de chants et de danse de l’autre. Non seulement les élèves, mais les enseignants doivent également être impliqués, ainsi fourniront-ils une formation des plus efficaces». C’est en tout cas ce qu’affirme Nguyên Thi Kim Ân, directrice de l’école primaire Trân Bình Trong.

Le Vietnam n’échappe pas aux conséquences non moins néfastes de la mondialisation. Inciter les jeunes générations à continuer de porter le flambeau des valeurs traditionnelles du Vietnam, grâce à la musique et aux jeux, le défi reste donc immense. - VNA