Hanoi (VNA) - Comme 2018 apporte de nouveaux et plus grands accords de libre-échange (ALE), les entreprises vietnamiennes sont confrontées à des choix difficiles. Elles peuvent s’adapter et progresser dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, ou rester là pendant que les marchandises importées inondent le marché du pays.

Les accords de libre-echange : une benediction ou une plaie ? hinh anh 1Les produits textiles représentent est l'un des groupes de marchandises du Vietnam qui bénéficieront le plus de l’accord de libre-échange UE-Vietnam. Photo : VNA

Trân Thanh Hai, directeur adjoint du Départemement d’import-export du ministère de l’Industrie et du Commerce (MoIT), a déclaré qu’à partir de 2018, 85% des exportations vietnamiennes sont assujetties à des niveaux de droits nettement abaissés de zéro à 5%.

Dans le cadre de la politique du gouvernement visant à accroître l’autonomie économique et à promouvoir les importations et les exportations durables, les exportations vietnamiennes vers les marchés soumis aux ALE ont fortement augmenté en 2017, contribuant 213,8 milliards de dollars au chiffre d’affaires de l’année de 408 milliards de dollars, selon les chiffres du MoIT.

Trân Thanh Hai était optimiste quant au fait que les entreprises vietnamiennes bénéficieraient davantage des ALE bilatéraux et multilatéraux avec des partenaires tels que Hong Kong, le Japon et la République de Corée.

Néanmoins, il a admis que le processus d’élévation de la valeur des exportations vietnamiennes pourrait ne pas être aussi facile que prévu. Étant donné que chaque ALE est taillé sur mesure pour répondre aux besoins des États membres, ils ont des niveaux d’engagement et des normes différents.

Par exemple, il était très préoccupé par le fait qu’une société automobile vietnamienne ne pourrait que bénéficier d’un taux d’imposition de 0% lorsqu’elle exporte dans les pays de l’ASEAN si ses produits ont au moins 40% des composants originaires du Vietnam.

Par conséquent, Trân Thanh Hai a suggéré que les entreprises nationales se concentrent sur le respect des normes établies par l’ALE Vietnam-République de Corée et l’Accord de partenariat économique global ASEAN-Japon.

Les règles d’origine encourageraient le pays à produire localement, plutôt que d’importer des matériaux et des pièces. Mais cela pourrait s’avérer un long et difficile processus pour les entreprises vietnamiennes, a-t-il ajouté.

Acheter moins, vendre plus?

Lê Tiên Truong, vice-président de l’Association du textile et de l’habillement du Vietnam (VITAS) a déclaré que le taux de croissance des exportations de textiles et de vêtements vers le marché européen pourrait ne pas être immédiatement stimulé par l’ALE UE-Vietnam (EVFTA), en raison de règles d’origine préférentielles.

Actuellement, l’industrie vietnamienne du textile et de l’habillement doit importer 70% de ses matières premières, dont 42% proviennent de la Chine et le reste de l’ASEAN et de la République de Corée.

D’autre part, à partir de 2018, de nombreux droits d’importation préférentiels au Vietnam seront progressivement réduits à 0%, à condition que les marchandises importées respectent les dispositions du MoIT sur l’origine des marchandises et le certificat d’origine (CO) et figurent dans les 17 ALE auxquels le Vietnam est partie.

Pham Tuân Anh, chef adjoint du Département des relations internationales du ministère des Finances, a déclaré sur le portail Internet du ministère du Plan et de l’Investissement que la réduction et l’élimination des droits d’importation doivent être soigneusement effectuées, de peur que cela nuise au budget de l’Etat et aux activités de production domestiques.

Les importations éligibles à un contingent tarifaire à droits nuls proviennent principalement d’accords commerciaux relatifs à l’ASEAN, bien que les pactes signés avec le Japon, la Chine, la République de Corée et l’Union économique eurasiatique soient également significatifs, selon les rapports de fin d’année 2017 du Département général des douanes du Vietnam.

Depuis que ces réductions ont été rendues publiques après la signature des ALE, le ministère des Finances et le monde des affaires vietnamien ont eu amplement le temps de se préparer, a déclaré Pham Tuân Anh.

Malgré les craintes d’une baisse des recettes fiscales de l’État, le Département général des douanes du Vietnam a annoncé un revenu total de 297.060 milliards de dôngs en 2017, dépassant ainsi de 9,6% les prévisions et de près de 1% l’objectif fixé, selon le journal Hai Quan (Douanes), organe du Département général des douanes.

Bien que le Vietnam accuse un déficit commercial avec la Chine, l’ASEAN et le République de Corée, le chiffre d’affaires annuel du pays sur ce marché a fortement augmenté, de 60,6%, 24,5% et 31% respectivement en 2017, a indiqué Pham Tuân Anh.

Par conséquent, les ALE vietnamiens aideraient à promouvoir la croissance économique, attirer les investissements étrangers, augmenter les recettes budgétaires de l’Etat, créer des emplois et résoudre les problèmes de sécurité sociale, au lieu de nuire à l’équilibre import-export, a-t-il indiqué. – VNA