Sydney (VNA) - Le 28 juillet 1995 marque une étape importante dans le processus d’intégration régionale et internationale du Vietnam, avec son adhésion officielle à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).
À l’occasion du 30e anniversaire de cet événement marquant, le président de l’Association des Vietnamiens de Canberra, président de l’Association des entrepreneurs vietnamiens de la ville, et récipiendaire de la Médaille de l’Ordre d’Australie (OAM), Harry Hoang, a partagé avec le correspondant de l’Agence vietnamienne d’Information (VNA) en Australie ses réflexions sur les contributions notables du Vietnam à l’ASEAN au cours de ces trois décennies.
Selon Harry Hoang, grâce à sa position géographique stratégique et à sa capacité à gérer habilement les tensions régionales, le Vietnam joue un rôle essentiel dans le maintien de la fluidité des échanges commerciaux entre l’ASEAN, la Chine et l’Australie. Le pays s’est également illustré par sa participation active à l’élaboration de la Déclaration sur la conduite des parties en Mer Orientale (DOC), contribuant ainsi à la paix et à la sécurité régionales ainsi qu’à la cohésion au sein du bloc.
Au regard des 30 dernières années, Harry Hoang salue les progrès remarquables de l’économie vietnamienne, qui s’est développée de manière durable et multisectorielle, avec une forte capacité d’innovation, notamment dans le domaine des technologies vertes. Le Vietnam a su capter l’attention des investisseurs internationaux et s’est imposé comme un acteur majeur dans la diversification et la résilience des chaînes d’approvisionnement régionales. D’après lui, alors que les pays de l’ASEAN étaient historiquement perçus comme des “ateliers du monde”, le Vietnam est le premier à maîtriser à la fois la technologie et la production, ouvrant la voie à une véritable étiquette “Made in ASEAN”, symbole d’une autonomie économique croissante pour la région.
Le Vietnam émerge également comme un leader dans plusieurs domaines clés tels que l’exportation de produits agricoles, la technologie, le tourisme, l’éducation et les technologies vertes. Cette diversité sectorielle renforce la réputation internationale du pays et crée de nouvelles opportunités pour les entreprises vietnamiennes sur les marchés mondiaux.
Selon Harry Hoang, l’adhésion du Vietnam à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2007, soit seulement 12 ans après son entrée dans l’ASEAN, témoigne d’une volonté affirmée d’ouverture au monde. La présence croissante d’entreprises vietnamiennes dans plusieurs pays de la région – comme le Myanmar, l’Indonésie ou la Thaïlande – notamment le groupe Viettel qui exporte son savoir-faire technologique, illustre un modèle fondé sur l’“exportation de l’intelligence” vietnamienne.
Sur le plan commercial, le Vietnam est aussi l’un des premiers pays de l’ASEAN à avoir conclu un accord tarifaire avec les États-Unis. Pour Harry Hoang, cela démontre non seulement l’importance du Vietnam dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, mais aussi sa capacité stratégique en matière de négociation. Il propose que l’ASEAN, avec le Vietnam comme moteur, envisage un mécanisme commun de dialogue tarifaire avec les États-Unis afin de défendre au mieux les intérêts régionaux.
Abordant le rôle de l’ASEAN dans un contexte géopolitique complexe, Harry Hoang estime que l’ASEAN, en partenariat avec l’Australie, peut devenir un pilier économique stable de l’hémisphère Sud – un “refuge sûr” face aux incertitudes mondiales. Toutefois, pour consolider sa position centrale, l’ASEAN doit viser l’autonomie financière, notamment dans le développement des infrastructures. Il recommande la création d’un fonds d’investissement commun, géré par les pays membres eux-mêmes, inspiré du modèle de Viettel au Myanmar, afin de réduire la dépendance vis-à-vis des grandes puissances.
En matière de science et de technologie, il souligne le potentiel des jeunes d’Asie du Sud-Est dans les disciplines scientifiques. Toutefois, l’ASEAN reste encore en retrait par rapport à des pays comme le Japon en matière d’innovation. Il plaide pour le développement de technologies adaptées aux réalités environnementales, sociales et culturelles de la région, condition essentielle à une croissance durable.
En se projetant à l’horizon 2045, Harry Hoang se montre confiant quant à la perspective pour le Vietnam de devenir la première économie de l’ASEAN en termes de PIB. Le développement dynamique du secteur des technologies de l’information – notamment avec des entreprises comme FPT – et l’abondance de talents jeunes, disciplinés et persévérants, constituent un atout de taille pour que le Vietnam devienne le centre de production technologique de l’ASEAN, à l’image de l’Inde dans le domaine des logiciels.
Il rappelle néanmoins que cette avancée technologique devra aller de pair avec le développement social équilibré et la protection de l’environnement. Il appelle à encourager la jeunesse vietnamienne à s’investir dans la recherche scientifique, les initiatives pour la paix et les efforts de préservation de la nature. Il estime que si le traitement des déchets et la régénération écologique deviennent des spécialités de l’ASEAN, cela conférera à la région un avantage compétitif stratégique.
Harry Hoang exprime sa conviction qu’en 2045, les Vietnamiens du monde entier seront de plus en plus fiers de leurs origines, de leur langue, de leur culture et de leur identité – des éléments fondamentaux qui continueront à porter le Vietnam sur la voie de l’excellence régionale et mondiale.- VNA