Hanoï (VNA) - Après s’attaquer avec succès au COVID-19, le Vietnam a encore enregistré une croissance de 1,8% du PIB au cours du premier semestre de 2020 malgré une croissance négative dans la plupart des régions du monde, a estimé le professeur agrégé honoraire Suiwah Leung à l'École de politiques publiques Crawford de l'Université nationale d'Australie.
Dans un article intitulé "L’économie vietnamienne résiste à la tempête de COVID-19 – bonne politique ou chance?" publié récemment sur le site du Forum d’Asie de l’Est, Suiwah Leung a constaté que l’économie et la population vietnamiennes sont souvent décrites comme "résilientes". Nulle part cela n’est plus approprié que dans le cas de la pandémie de COVID-19.
Selon un rapport de la Banque mondiale "Juillet 2020 Faire le point", les performances économiques récentes du Vietnam sont le résultat de ses deux moteurs de croissance – la demande d’exportation et la consommation intérieure – qui se sont déclenchés séquentiellement au cours des deux premiers trimestres de 2020.
De janvier à la mi-avril, les exportations du Vietnam ont enregistré une augmentation de 13% par mois. Au cours de cette période, la consommation intérieure a été modérée en raison de distanciations sociales strictes et de verrouillages. Puis, de la mi-avril à la fin juin, l’économie intérieure était en mode de reprise, le secteur manufacturier progressant de 30% tandis que les exportations de marchandises s’effondraient. La Banque mondiale prévoit un taux de croissance annuel de 2,8 à 3% pour le Vietnam en 2020 et un retour à la croissance d’avant la crise de 6,8% en 2021.
Cette prévision dépend du fait que le gouvernement utilise activement la politique budgétaire pour soutenir la croissance à très court terme, et que l’économie continue de bénéficier du détournement des échanges et des investissements à moyen terme grâce à la participation à des accords régionaux de libre-échange comme le Accord de libre-échange UE-Vietnam conclu en juin 2020.
L’une des mesures immédiates pour soutenir la croissance consiste à alléger les restrictions à la mobilité, étant donné que le tourisme contribue pour environ 10% à la croissance du PIB.
D’autres mesures fiscales comprennent l’augmentation des dépenses au titre du programme d’investissement public approuvé, en particulier les dépenses consacrées aux projets d’aide publique au développement en préparation. Le soutien stratégique du secteur privé, tel que l’investissement dans l’infrastructure numérique du pays, est également mis en œuvre.
À la mi-août, le ministère de l’Information et de la Communication a annoncé le lancement de la plateforme de blockchain akaChain qui aide les entreprises à raccourcir le temps consacré à des tâches telles que les procédures électroniques Know Your Customer, l’évaluation du crédit et les programmes de fidélisation de la clientèle. Une sécurité et une transparence améliorées sont également possibles dans les développements futurs de cette technologie. Dans un pays à la démographie relativement jeune, l’enseignement et l’apprentissage à distance, ainsi que la télémédecine, sont des progrès qui ont été impulsés par le COVID-19.
Le secteur privé formel n’est qu’un domaine qui a besoin de soutien. Le secteur privé informel du Vietnam (dans le tourisme et d’autres services) est important et peut rebondir plus rapidement que le secteur formel une fois que les restrictions relatives au COVID-19 seront assouplies. Le rapport de la Banque mondiale souligne un certain nombre de risques associés à cette stratégie à court et moyen terme tels que la hausse de la dette publique ou un assouplissement monétaire qui pourrait entraîner une nouvelle détérioration de la qualité des prêts et une augmentation du nombre de prêts improductifs dans le système bancaire.
La Banque mondiale a souligné que les réformes fondamentales étaient nécessaires. Elles comprennent la restructuration des banques et des entreprises publiques et la mise en place d’institutions publiques efficaces et responsables. Dans une économie très ouverte comme celle du Vietnam, et pendant une période où l’économie mondiale a été durement touchée par le COVID-19, la résilience à court terme doit s’accompagner d’une volonté politique de poursuivre les réformes structurelles qui continueront de créer une dynamique à long terme.
Bien qu’il ait pu y avoir un élément de chance dans le détournement du commerce et des investissements à court terme ainsi que dans le calendrier de gestion de la pandémie, une bonne politique a généralement été adoptée et continuera d’être cruciale pour assurer la croissance économique à long terme du Vietnam. -VNA