Quang Ninh (VNA)– Rattachéà la province septentrionale de Quang Ninh et limitrophe de la Chine, ledistrict de Binh Liêu a une population composée à 96% de minorités ethniques.
Il y a unedizaine d’années, l’économie locale reposait essentiellement sur lariziculture, l’élevage et l’exploitation forestière. En 2015, Binh Liêu acommencé à attirer des touristes qui, en général, n’y passaient pas la soirée.Les plus entrepreneuses des femmes du district se sont alors demandé pourquoi. Etelles ont trouvé la réponse.
Si lestouristes ne voulaient pas rester plus longtemps, c’est d’une part, parcequ’ils ne savaient pas ce qu’ils pouvaient faire d’intéressant, et d’autrepart, parce que les hébergements manquaient. Voilà l’explication qu’a trouvéeLy Thi Hanh, domiciliée dans la commune de Dông Van.
Elle adécidé que la situation devait changer et qu’il fallait montrer aux touristesles montagnes, les forêts et les rizières en terrasse de son district, maisaussi les inviter à partager des moments de vie qu’ils ne pouvaient trouvernulle part ailleurs.
C’estainsi qu’elle a créé la toute première auberge chez l’habitant de Binh Liêu, composéede maisons sur pilotis typiques des Dao, et où les touristes peuventaccompagner les locaux aux champs pour repiquer le riz, au ruisseau pourcapturer des escargots, et dans la forêt pour cueillir des feuilles aveclesquelles ils prépareront un bain thérapeutique à la traditionnelle. De quoileur donner envie de rester plus longtemps, estime Ly Thi Hanh.
«Audébut, ça a été difficile parce qu’on manquait à la fois d’argent etd’expériences. Heureusement en 2016 j’ai pu suivre une formation de guide touristiqueet de gestion de maisons d’hôtes organisée par le comité provincial desminorités ethniques et par l’université de Ha Long. Je me suis aussi renseignéeauprès de professionnels d’autres localités. Par rapport à mes métiersprécédents, l’auberge donne des revenus supérieurs et stables.
Nousemployons trois personnes et collaborons avec d’autres villages pour vendrechez nous leurs produits», fait-elle savoir.
Ly Thi Hanh a donc été unepionnière. Elles sont aujourd’hui plus de 200 femmes de Binh Liêu à participerà la chaîne touristique en mettant en valeur le patrimoine culturel desminorités ethniques locales. Grâce à ce modèle, le tourisme se développe,l’économie familiale et locale aussi, et les autochtones sont plus que jamaisconscients de la nécessité de préserver leur identité culturelle, affirme LàiThi Hiên, présidente de l’Union des femmes du district.
«Depuisle début de l’année, plus de 200 de nos membres ont participé à des ateliers deformation divers, dont beaucoup concernaient le tourisme. Nous les aidons àaccéder à des prêts bancaires sans hypothèque pour ouvrir et faire fonctionnerdes auberges qui, en général, marchent très bien», indique-t-elle.
Letourisme de Binh Liêu ne pourra décoller que s’il est basé sur l’agriculture etla ruralité. C’est en tout cas ce qu’ont constaté les professeurs del’université de Ha Long, qui ont collaboré avec le comité populaire de BinhLiêu pour organiser des ateliers de formation aux savoir-faire du tourisme àl’intention des autochtones.
Trân Khanh Phuong, domiciliée dans la commune deLuc Hôn, a participé à l’une de ces formations. «Lesformateurs nous ont appris à faire des cocktails avec des fruits locaux, telsque l’orange et le fruit du canarium. Les touristes adorent», dit-elle.
En cemoment-même, des milliers de touristes vietnamiens et étrangers affluent versBinh Liêu pour se prendre en photo sur sa colline couverte de canne à sucrerustique (sorte de grande herbe fleurie qui ressemble au roseau des marais),pour participer à sa fête intitulée «Récoltes dorées», mais aussi pourcontempler ses multiples cascades aussi splendides les unes que les autres.
Etce n’est pas tout. Outre les visites, ils viennent aussi pour passer de beauxjours dans un cadre rural original, aux côtés des locaux, comme le rappelleTrinh Dang Thanh, le directeur adjoint du Département du tourisme de laprovince de Quang Ninh.
«Leshabitants de Binh Liêu ont su créer des produits touristiques mettant en valeurl’agriculture et la ruralité, qui sont leur principal atout. Ce secteurd’activité s’avère particulièrement prometteur pour les femmes issues de minoritésethniques», constate-t-il.
Binh Liêu est donc devenu unmodèle de tourisme culturel et agricole qui mérite de faire des émules… -VOV/VNA