Lorsque lespremiers pêchers et pruniers fleurissent sur les éperons rocheux au bordde la rivière Noire (Nord-Ouest), les H’Mông de tous les villagesvivant près du cours d’eau entament en grande pompe les préparatifs pourle Nouvel An traditionnel.
Cette floraison correspond aumoment de la récolte du riz. Elle marque aussi la fin des travauxchampêtres et le début d’un- temps de repos et de festivités. Après larécolte du riz et du maïs, les H’Mông ont souvent un mois de congé, du1er au 30e jour du dernier mois du calendrier lunaire. Ils nettoientl’autel des ancêtres et de la maison, confectionne des banh giây(gâteaux ronds de riz gluant pilé) et préparent leurs plus beauxvêtements.
Des plumes de poulet sur l’autel
L’unede leurs coutumes consiste à coller des papiers colorés sur leursoutils de travail, qu’ils déposent ensuite sur l’autel pendant les troisjours du Têt, en signe de gratitude. En outre, des papiers colorés sontaussi collés sur les murs pour attirer les faveurs des génies. LesH’Mông pensent que leurs prières se concrétiseront grâce à ces papiers,qu’ils fabriquent eux-mêmes pour les grandes occasions.
Aumoment du réveillon, les habitants vont puiser de l’eau au ruisseau etdemandent au génie de leur en accorder en suffisance pour eux et lescultures. Ils apportent aussi avec eux un paquet de riz et invitent lesgénies à profiter du Têt.
Le coq, considéré comme un animalsacré par les H’Mông, est une offrande indispensable lors descérémonies du Nouvel An. Selon une légende, il est le symbole du géniedu Soleil, qui donne lumière et vie à l’être humain.
L’autel tient une place très importante dans la maison. À l’approche du Nouvel An, on y colle des plumes de poulet.
Lechef de famille organise une cérémonie l’après-midi du dernier jour del’année lunaire pour inviter les ancêtres et les esprits à entrer dansson domicile et à profiter des réjouissances du Têt.
Dès le23e jour du dernier mois du calendrier lunaire, les habitants tuent lescochons. La viande est partagée entre voisins. Toutefois, les individusqui portent le prénom de Giàng ne mangent jamais le coeur du porc.
Onraconte qu’un jour, alors qu’un porc avait été tué pour le présenter enoffrande au fantôme, le plus jeune d’une famille de trois frèressurveillait la viande pendant qu’elle cuisait. Lorsque ses deux grandsfrères sont arrivés, ils n’ont pas trouvé le cœur du porc. De peur quecela ne se sache, ils ont tué leur petit frère pour lui prendre son cœuret le faire passer pour celui du porc. Plus tard, le cœur du porc a étéretrouvé et le meurtre a été découvert.
Ne pas laisser mourir le feu
Leplateau d’offrandes des H’Mông pour le Têt comporte de la viande depoulet, du banh giây, du mèn men (un plat préparé à base du maïs) et unebouteille d’alcool de maïs. Le banh giây des H’Mông est trèsparticulier. Il est composé de jaune d’œuf mélangé avec du riz gluant,enveloppé dans des feuilles de bananier ou de maranta.
LesH’Mông ont plusieurs croyances. Pour que la récolte soit abondante etles animaux en bonne santé, ils évitent de marcher sur le feu durant leTêt, ne soufflent pas dessus, ne laissent pas l’eau l’éteindre etévitent de faire brûler le banh giây lorsqu’il cuit.
Durantcette période, les enfants jouent à des jeux traditionnels avec desbâtons et des toupies ainsi qu’au lancer de pao, qui permet aux jeunesgens de trouver l’élu(e) de leur cœur. À noter que cette période derelâche est aussi propice aux mariages.
Comme dans toutesles régions du pays, le 1er jour du premier mois lunaire, les gens sesouhaitent une bonne année, une bonne santé et de bonnes récoltes. Lesfemmes déposent des offrandes sur l’autel des ancêtres.
Lesvillageois rendent visite à leurs voisins et à leur parenté, mangentdes gâteaux ronds de riz gluant et boivent de l’alcool de maïs, quifinit par leur faire tourner la tête! - CVN/VNA