Hanoi, 4 avril (VNA) - Havre de paix et de sérénité, le temple Dô, niché au cœur du village de Dinh Bang, province septentrionale de Bac Ninh, est un haut lieu de tourisme culturel et spirituel.
Selon le Dai Viêt su ky toàn thu (Annales complètes du Dai Viêt) - un ouvrage de référence sur l’histoire vietnamienne rédigé à l’époque féodale par plusieurs générations d’historiens du pays - le temple Dô accueillait les rencontres entre le roi Ly Thai Tô, fondateur de la dynastie des Ly (XIe - XIIIe siècle), et les habitants du royaume, dans le but de collecter leurs opinions sur l’édification de la nation et sa protection.
Le temple Dô a été édifié sous la dynastie des Ly, puis repris par celle des Lê postérieurs (XVe - XVIe siècle). Au départ, la bâtisse n’était qu’un temple dédié aux ancêtres impériaux. Il est ensuite devenu un lieu de culte et finalement, un temple totalement tourné vers la reconnaissance éternelle des rois fondateurs du pays du Dai Viêt, les rois Ly. Cette époque est centrale dans l’Histoire du Vietnam, le Dai Viêt étant considéré comme l’une des ères les plus prospères de l’histoire féodale du pays.
Malgré sa valeur inestimable, le temple Dô a été entièrement démoli en 1952 pendant la première guerre d’Indochine. "Mais avec la tradition Uông nuoc nho nguôn (Quand on boit de l’eau, on pense à la source), les habitants du village de Dinh Bang ont décidé de reconstruire le temple en 1989, avec la contribution des descendants des Ly, ainsi que de donateurs des quatre coins du pays", a relaté Nguyên Duc Vy, responsable du comité de gestion du temple.
Un patrimoine architectural et culturel
Photo : Trân Truong/CVN
S’étalant sur une superficie de 3 ha environ, le temple Dô a été construit avec minutie et raffinement. La porte Ngu Long menant à l’entrée de la partie principale du temple est gravée de cinq dragons. Lorsque les deux portes sont ouvertes, on pense immédiatement aux images de dragons s’envolant dans le ciel.
Le grand sanctuaire de Cô Phap (Cô Phap Diên) solennellement doré et laqué, est réservé à l’autel, et comprend des tablettes ancestrales ainsi que des statues des huit rois Ly. Cet emplacement sacré constitue également le point d’orgue du temple Dô, qui a été méticuleusement érigé. Son intérieur est soigneusement arrangé et minutieusement orné avec un autel empli de belles offrandes et de fleurs.
En plus du sanctuaire, le temple Dô dispose également d’autres sites captivants, tels que Thuy Dinh (maison sur l’eau), le lac de demi-lune, ou encore l’édit royal qui décidait du transfert de la capitale à Hanoï, rédigé par le roi Ly Thai Tô. Ce tableau en céramique a été fabriqué par les artisans du village de poterie de Bat Tràng.
D’ailleurs, Thuy Dinh est bâti sur le lac de demi-lune, doté de 8 toits de tuiles superposées et de grands piliers en bois de fer. Auparavant, cet endroit était exclusivement consacré aux mandarins, qui y contemplaient des scènes de marionnettes sur l’eau. Ce monument apparaissait aussi sur la pièce de monnaie distribuée par la Banque de l’Indochine. "L’architecture du temple Dô dénote une belle harmonie avec les piliers, les charpentes et les portes fabriqués en bois de fer (gô lim) et de Magnolia dandyi centenaire(1)", a remarqué Nguyên Duc Thin, responsable des recherches sur le temple Dô.
Grâce aux valeurs culturelles, historiques et architecturales de cet ensemble, le temple Dô et les tombeaux des rois Ly ont été reconnus comme vestige national spécial en 2014.
Lieu de culte sacré des villageois
Traversant les vicissitudes du temps et de l’histoire, ce lieu sacré a su bien préserver sa beauté intemporelle et est devenu depuis des années un lieu de culte pour les villageois de Dinh Bang.
Tous les ans, un homme et une femme sont élus par les villageois et les autorités locales pour devenir maître et maîtresse des rites spirituels au temple Dô. Ils assument la responsabilité de préparer et présider notamment les grandes fêtes du village, dont l’anniversaire de la mort des rois.
Le maître de rituel, autrement dit "quan đám", dirige le processus de la fête. Il présente des offrandes, des bâtonnets d’encens, des fleurs, de l’eau et de l’alcool à chaque roi. Au fil des siècles, ces rituels se sont transmis de génération en génération, jusqu’à nos jours. Le maître des rites élu devra apprendre lui-même ou à l’aide des anciens maîtres les pratiques et costumes convenables.
Ce travail exige donc la prudence et du dévouement.
Suite au culte des rois, c’est celui des reines, réalisé par l’équipe des femmes, avec la maîtresse des rites en tête. Le processus reste le même mais s’ajoutent des danses et musiques traditionnelles, comme autrefois.
"Cette année, j’ai eu la chance d’être désignée comme maîtresse des pratiques des offrandes d’encens aux reines vénérées au temple Dô. Je suis responsable de préparer les offrandes comme fleurs, encens, fruits, offrandes végétariennes ou non. Le rite comprend cinq étapes : offrandes d’encens, offrandes de fleurs, de fruits, de plats et la présentation des requêtes aux rois", a confié Ngô Thi Hoa, maîtresse des rites.
La cérémonie de l’anniversaire de la mort des rois des Ly permet de rapprocher les générations actuelles avec leurs ancêtres qui les protègent contre les esprits malveillants et leur permettent de recevoir des anciens monarques une bonne santé et la prospérité pour le peuple et la nation. Elle reflète également le sentiment et la grande reconnaissance que vouent les habitants de la terre natale des rois Ly envers leurs empereurs défunts. - CVN/VNA