Hanoi (VNA) - C’est au troisième siècle après Jésus-Christ que les Vietnamiens ont commencé à produire leur propre papier, le papier do, à partir de l’écorce du rhamnoneuron balansae, qui est un arbuste originaire du sud-est du Yunnan et du Nord du Vietnam. Modernité oblige, ce papier traditionnel a perdu sa place dans la vie quotidienne. Mais le savoir-faire perdure, grâce à la détermination de certains artisans, mais aussi à la prise de conscience d’une partie de la population.
Autrefois, le papier do était largement utilisé comme support à des textes, des calligraphies, des sentences parallèles, des dessins populaires ou rituels, des canons bouddhiques, également… Aujourd’hui, peu de gens l’utilisent et quand ils le font, c’est essentiellement à des fins esthétiques. C’est le cas du peintre Nguyên Manh Duc.
«Le papier do est en soi un objet esthétique qui est très prisé des peintres. Les traits de pinceau semblent plus libres, plus authentiques et plus beaux sur ce support que sur de la soie», constate-t-il. «Et décidément, nos clients le préfèrent à la soie. Le problème, c’est que les producteurs ont besoin d’un marché beaucoup plus vaste que celui des peintres. L’État, les scientifiques, les artistes doivent leur prêter main forte».
Traitée suivant des procédés que seuls quelques artisans connaissent, l’écorce du rhamnoneuron balansae devient le papier do, qui a la particularité d’être spongieux, absorbant, léger et résistant, tant aux mites qu’à l’humidité. Dans la province de Bac Ninh, plusieurs villages continuent de pratiquer ce métier.
«Pour rendre au papier do ses lettres de noblesse, il faut accroître son applicabilité», estime Ngô Thu Huyên, une artisane du village Duong Ô. «Ma famille produit actuellement pour certaines unités de l’armée et l’office national d’archivage. Mais nous avons aussi pour clients de jeunes amoureux de la calligraphie et de l’aquarelle. Pour ce qui est de la production à proprement parler, certaines étapes sont aujourd’hui mécanisées».
Parmi les différents types de papier do, celui qui est utilisé pour les ordonnances royales est de la meilleure qualité qui soit. À en croire certains spécialistes dans ce domaine, le papier vietnamien serait le plus résistant au monde. Sa longévité serait de 700 ans, contre 400 seulement pour les papiers japonais, chinois et coréens. L’unique famille vietnamienne à s’être vu confier par la cour la fabrication de ce papier spécial est les Lai, de l’arrondissement de Câu Giây, à Hanoi.
Lai Phu Thach, un descendant du dernier fabricant qui travaillait à la cour royale des Nguyên, est aussi le seul artisan à détenir les secrets du métier. «C’est mon père qui m’a transmis ce savoir-faire. Dans le village, personne d’autre n’est capable de produire ce papier. J’espère que l’État fera quelque chose pour préserver ces techniques originales», dit-il.
Avant que l’État n’intervienne, les artisans comptent sur leur propre créativité et sur le regain d’intérêt pour ce papier traditionnel de la part de leurs clients. Certains ambitionnent même d’exporter leurs produits. – VOV/VNA