Le «nid douillet» des Môngs de Hà Giang
Hà Giang est une province frontalière de
l’extrémité Nord du pays, bien connue pour le fameux drapeau géant de
Lung Cu et le haut plateau de Dông Van, classé parc géologique mondial
par l’UNESCO. Cette province conserve de nombreux aspects culturels
traditionnels de 22 ethnies, dont les Môngs sont les plus représentés.
Parmi les nombreux aspects de leur riche culture, celle de l’habitat
mérite que l’on s’y attarde.
Selon Hùng Dinh Quy,
ex-directeur du Service provincial de la culture, des sports et du
tourisme, les experts considèrent qu’il y aurait 200.000 représentants
de cette ethnie à Hà Giang, de deux groupes différents aisément
reconnaissables à leurs vêtements : Môngs blancs et Môngs fleurs. Ils
représentent plus de 31% de la population provinciale.
Vivant dans les montagnes, souvent là où les autres ethnies ne
s’installent jamais, les Môngs ont un habitat très particulier, qui leur
permet de résister aux rigueurs de l’hiver. Que la maison soit grande
ou petite, il faut qu’elle dispose de trois travées et de deux portes
(une principale et une secondaire), et au minimum deux fenêtres. La
travée de gauche est réservée à la cuisine et à la chambre du couple ;
celle de droite au chauffage et aux invités. Celle du milieu, souvent
plus large que les deux autres, abrite l’autel des ancêtres. C’est aussi
là que sont accueillis les invités et que la famille prend les repas.
Dans la famille Mông, on dort souvent sur un lit de bois ou de bambou.
Tous les membres obéissent à des règles strictes : interdiction pour
l’enfant et la belle-fille d’aller là où dort le père ou le frère du
mari, et réciproquement.
Un autre point important, c’est
que les maisons ne peuvent pas être collées les unes aux autres, même
celles d’une même famille. Lorsqu’une personne décède, les Môngs ont
différentes coutumes, et l’une d’elle est de faire le tour de la maison
un certain nombre de fois, variable selon que l’on est un homme ou une
femme. Si les maisons se touchent, alors ce rite funéraire ne peut être
exécuté, avec comme conséquence que les morts ne peuvent se reposer en
paix.
Les Môngs accordent une grande importance au choix
du lieu de la maison. Pendant la construction des murs, il y a des
règles à respecter, dont l’interdiction pour les personnes étrangères de
pénétrer sur le chantier, surtout les femmes. Les ouvriers utilisent un
cadre de bois long de 1,5m, large de 0,5m. Ils jettent à l’intérieur de
la terre débarrassée des pierres et végétaux, puis la tassent.
Cette étape de construction nécessite des dizaines de personnes,
recrutées parmi les jeunes du village. Une fois les murs érigés, le
maître des lieux choisit un jour faste pour aller couper du bois en
forêt afin de faire les piliers et la porte. Une étape qui nécessite
auparavant, d’organiser une cérémonie de culte aux génies des arbres et
de la forêt, afin que ceux-ci ne s’offusquent pas de la coupe du bois.
La santé des membres de la famille, l’harmonie et le bonheur en
dépendent...
Quand les piliers coupés sont ensuite amenés
devant la maison, il ne faut surtout pas les mettre au sol mais les
poser immédiatement. Les portes sont aussi en bois. Aucune pièce de
métal n’est ajoutée. Car les Môngs considèrent la maison comme une
personne, et la porte comme un de ses organes. Y ajouter des éléments en
fer, élément froid, est jugé comme inapproprié.
Un
autre aspect original de l’architecture traditionnelle Mông réside dans
ce mur de pierres qui entoure la maison. Pour le construire, le
propriétaire doit passer des mois à ramasser des milliers de pierres, de
dimensions différentes, qui sont posées les unes sur les autres. Aucun
liant n’est ajouté. Une barrière en bois, souvent décorée de papiers
rouges, vient compléter l’ensemble.