Hanoi, 18 novembre (VNA) – Depuis quelques années, le Vietnam multiplie les traités de libre-échange avec des pays tiers. L’impact de ce processus sur l’emploi est globalement considéré comme positif, mais avec cependant des différences selon les niveaux de qualification.
 
Le libre-echange bouscule aussi le marche de l’emploi vietnamien hinh anh 1Un cours de technologie automobile à l’École de formation professionnelle de Hà Tinh (Centre). Photo : VNA

Diplômé de l’Université de commerce, Nguyên Van Thuân, 27 ans, s’est présenté à certaines compagnies à capitaux étrangers. Au cours de ses quatre années dans le monde professionnel, il a changé d’emplois cinq fois pour différentes raisons.

"Les entreprises qui rémunèrent le mieux demandent toujours aux travailleurs d’être qualifiés et de faire mieux quel que soit le poste. Je trouve que le marché du travail est dynamique, mais je manque de compétences dans certains domaines. C’est pourquoi, j’ai décidé de travailler et d’étudier en même temps pour répondre aux exigences", partage-t-il.

Sans formation, Lê Thi Anh Hông, 22 ans, originaire de la commune de Hông Ly dans la province de Thai Binh (Nord), est ouvrière dans une entreprise textile située dans la zone industrielle Phu Minh à Hanoï. Son salaire est d’environ
6-7 millions de dôngs par mois.

“Les travailleurs peu qualifiés comme moi ne trouvent que des emplois simples et instables avec un salaire bas”, affirme-t-elle.

Accords de libre-échange : un nouveau souffle

Selon Dào Quang Vinh, directeur de l’Institut des sciences sociales du travail, les engagements sur le travail dans les Accords de libre-échange (FTA) de nouvelle génération sont stricts et exigent des parties membres de les respecter scrupuleusement.

L’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) dispose de deux engagements sur le travail que sont les conventions 19.3 sur le droit du travail et 19.6 sur le travail forcé.

Pour la période 2021-2025,  les FTA de nouvelle génération auront un impact fort sur le marché du travail au Vietnam. Plus précisément, l’Accord de libre-échange Union européenne- Vietnam (EVFTA) permettra au pays de créer plus de 8.000 emplois par an et de 7.000 à 12.000 pour le CPTPP. Le nombre d’emplois augmentera dans les secteurs faisant appel à beaucoup de travailleurs. En outre, les salaires seront plus élevés dans les entreprises d’exportation de main-d’œuvre et à capitaux étrangers.   
 
Dào Công Hai, ancien directeur général adjoint du Département de gestion des travailleurs vietnamiens à l’étranger du ministère du Travail, des Invalides de guerres et des Affaires sociales, souligne que si les besoins en travailleurs qualifiés ne cessent d’augmenter, ils baissent pour ceux peu qualifiés. C’est pourquoi, les travailleurs, en plus de leur qualification professionnelle, doivent être formés sur les technologies informatiques, le marketing, la communication…

Pour Dào Quang Vinh, la compétitivité de la force de travail est encore basse par rapport à celle des pays de la région et du monde. Cela nécessite de modifier la Loi sur le travail et l’emploi pour la conformer aux engagements dans les FTA. En parallèle, il faut renouveler les processus de recrutement, la rémunération et la formation. Il est également nécessaire d’étudier et d’établir des politiques d’assistance  au recrutement des travailleurs âgés.    
     
Selon le Département de l’emploi, fin juillet, le pays comptait 91.200 travailleurs étrangers venus d’une centaine de pays et territoires. Phùng Quôc Vuong, chef du Bureau de gestion du travail du Département de l’emploi, informe que la loi permet actuellement le recrutement de travailleurs étrangers à des postes qu’un travailleur vietnamien ne peut assumer.

Vers une meilleure gestion des travailleurs étrangers
 
"La venue d’étrangers continuera d’augmenter à l’avenir. Cependant, le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales limite leur accès à quatre postes : expert, directeur exécutif, technicien, gestionnaire, et ce selon des critères précis", remarque M. Vuong.

Pour pouvoir employer des travailleurs étrangers, les entreprises doivent soumettre au Comité populaire provinciale ou municipal un rapport expliquant leurs raisons de faire appel à un étranger au lieu d’un Vietnamien.

Les résultats de l’étude "Candidats étrangers au Vietnam : perspectives et défis", récemment publiés par le groupe Navigos, indiquent que 30% des travailleurs sondés ont choisi le Vietnam comme première destination dans la région Asie du Sud-Est, avant Singapour, la Thaïlande et la Malaisie.

Cette étude a aussi souligné que le Vietnam était une destination idéale pour les entreprises d’investissement direct étranger (IDE) en raison de sa forte croissance et de ses politiques commerciales. Cependant, dans certains domaines émergents, la main-d’œuvre nationale ne répond pas à la demande tant sur la qualité que la quantité. C’est pour cette raison que les candidats étrangers sont choisis par ces entreprises. À l’avenir, les besoins en travailleurs étrangers augmenteront de 20% chaque année. Un défi de taille pour le pays, notamment en termes de gestion.

Face à ce challenge, Lê Quang Trung, directeur adjoint du Département de l’emploi, estime que les organismes de gestion étatique au niveau local se doivent de contrôler rigoureusement la délivrance des permis aux entreprises. – CVN/VNA