Le dernier jugement de Monsanto fait naitre de nouveaux espoirs pour les victimes vietnamiennes hinh anh 1Des victimes vietnamiennes de l'agent orange. Photo : VNA
 
Hanoï (VNA) – Au Vietnam, le nom de Monsanto fait penser à l’agent orange, l'herbicide contenant de la dioxine, une famille de molécules persistantes et cancérigènes, qui a été utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam

En 2004, l’Association des victimes vietnamiennes de l’agent orange (VAVA) a porté plainte contre 37 entreprises américaines productrices de ce défoliant, dont Monsanto. En 2009, un tribunal a été fondé à Paris pour traiter cette affaire mais le gouvernement américain et Monsanto ont refusé de comparaître. 

Le 18 avril 2017, les cinq juges du Tribunal Monsanto à La Haye ont présenté publiquement leur avis juridique consultatif. Les juges ont conclu que Monsanto s’est engagé dans des pratiques qui ont un impact négatif sur le droit à un environnement sain, le droit à l’alimentation et le droit à la santé. La conduite de Monsanto a également affecté la liberté indispensable à la recherche scientifique. Cependant, Monsanto a refusé d’être présent aux auditions, dénonçant une «parodie de procès».

Le 10 août 2018, le jury d’un tribunal de San Francisco a considéré que Monsanto, filiale du groupe multinational Bayer, a agi avec “malveillance” et que son herbicide Roundup, ainsi que sa version professionnelle RangerPro, avaient "considérablement" contribué à la maladie de Dewayne Johnson, le plaignant dans cette affaire, atteint d’un cancer en phase terminale après avoir vaporisé de l’herbicide Roundup pendant plusieurs années.

Le géant de l’agrochimie américain a été condamné en conséquence à dédommager le jardinier américain à hauteur de 289,2 millions de dollars. Entre 2012 et 2014, Dewayne Johnson avait vaporisé sur des terrains scolaires d'une petite ville de Californie, dans l'ouest des États-Unis, du Roundup, dont le principe actif est le glyphosate, un désherbant aussi efficace que controversé, ainsi que du RangerPro.

Avec ce jugement, de nouveaux espoirs pour la justice ont vu le jour. 

Selon Merle Ratner, coordinatrice de la Vietnam Agent Orange Relief & Responsibility Campaign, ce jugement historique produira de grands effets sur les procès similaires contre Monsanto. Merle Ratner a indiqué que Monsanto avait immédiatement décidé de faire appel après la décision des jurés. Cependant, ce jugement est un grand encouragement pour les personnes qui se sont levées et se lèvent pour demander à Monsanto d’indemniser les victimes de ses produits toxiques. Elle a affirmé qu’elle continuerait d’œuvrer pour que l’administration et le Congrès américains prennent des mesures afin de faciliter le traitement des conséquences de l’agent orange au Vietnam. Merle Ratner s’est également engagée à poursuivre les formalités juridiques nécessaires afin que les entreprises américaines productrices de l’agent orange dédommagent les victimes vietnamiennes. 

Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a déversé sur les forêts du Vietnam environ 80 millions de litres de produits chimiques, dont 61% était de l’agent orange. Le dommage causé à l’environnement a été immense et extrêmes furent les dommages corporels infligés.

Selon l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA), plus de 150.000 victimes de la deuxième génération d’après-guerre, 35.000 de la troisième génération, 2.000 de la quatrième génération, le pays compte plus de 4,8 millions de personnes directement exposées au défoliant, dont 3 millions en subissent encore les séquelles.-VNA