Le septuagénaire Lê Van Quy grave depuis un demi-siècle les stylos aubord du lac Hoàn Kiêm, à Hanoi. À vous de concocter votre messagepersonnalisé, une date importante, un prénom, une citation, et dechoisir entre plume ou bille !
Chaque jour, au bord du lacde l’Épée restituée (lac Hoàn Kiêm), un vieil homme attend les clientsen face du temple Ngoc Son. C’est Lê Van Quy, un homme à la boucheédentée et aux yeux souriants, originaire de la province de Hung Yên(Nord). Il pratique le métier de graveur depuis plus de 50 ans, etcontinue bien que les clients se font de plus en plus rares. L’outilqu’il utilise est fabriqué par lui-même : un manche enroulé de latex, lebout en métal effilé.
«Dans le passé, pendant la guerre,avant de partir au front, les jeunes Hanoïens demandaient aux artisansinstallés à côté du temple Ngoc Son (lac de Hoàn Kiêm) de graver leurstylo. Nom, date de naissance, de départ, images d’animaux... Ce styloétait considéré comme un objet précieux. Il était attaché à toute leurvie, pendant les batailles, le repos jusque dans la mort», explique LêVan Quy. Cet homme est maintenant le seul artisan graveur du lac del’Épée restituée. L’âge d’or de son métier est terminé ; cependant, ilcontinue de graver pour ceux qui le souhaite.
Identifié grâce au stylo gravé
LêVan Quy est né en 1936 dans une famille nombreuse. En raison desdifficultés financières, il arrête ses études au CM1 et part pour Hanoipour travailler comme cordonnier. Un jour qu’il se promène le long dulac Hoàn Kiêm, il découvre ces graveurs sur stylo. Il décide d’apprendrele métier, seul. «Je me suis mis à faire les boutiques de fournituresscolaires pour racheter les stylos usagés ou cassés, pour m’exercer.Après deux mois d’apprentissage, je me suis installé devant la ported’entrée du temple Ngoc Son avec le panneau +Calligraphie sur stylo, 2minutes seulement+». M. Quy gravait alors au prix de 2 hào (1 hào =dixième du dông), une somme dérisoire. Les clients étaient nombreux.«Pour les images simples, il me fallait deux minutes. Pour d’autres pluscompliquées, la durée variait entre 5 et 10 minutes, et le prix étaitde 5 hào», confie-t-il.
Parmi les clients, Lê Van Quycompte aussi des étrangers. Un jour, un Chinois lui demande de graver unanimal «qui mange beaucoup et grandit rapidement». M. Quy réfléchit uninstant puis grave la tête d’un cochon bizarre. Le client est satisfaitet très étonné d’apprendre que l’artisan n’a pas dépassé le niveau CM1.De nombreux touristes ont demandé à M. Quy de graver l’image des troisrégions du pays. Le graveur choisit le symbole de chaque région.Beaucoup de clients étrangers de retour au Vietnam cherchent l’artisanQuy pour de nouvelles gravures, sur des cadeaux souvenirs notamment.
Sonsouvenir le plus mémorable est sa rencontre avec un vieil homme, pèred’un jeune mort au combat. «Il m’a remercié car grâce au stylo quej’avais gravé, il a pu identifier les restes de son fils. Dessus étaienten effet écrit son nom et sa date de naissance», confie-t-il.
Àl’heure actuelle, les clients se font rares. Mais, le vieil artisan esttoujours fidèle à son poste. Outre les stylos plume, M. Quy peut peutgraver des laques poncées, des portables, des ordinateurs portables etdes briquets. Prix modique : 20.000 dôngs. Le travail est toujours trèsfin, précis, irréprochable.
Pour arrondir ses fins de mois,le vieil homme est aussi gardien de motos pour les visiteurs du templeNgoc Son. «Ce métier de graveur ne me rapporte pas beaucoup, ce n’estpas avec cela que je vais m’enrichir ! Mais il y a toujours despersonnes qui me cherchent pour embellir un stylo, un cadeau, unsouvenir. Cela me rend joyeux».
Personnaliser un stylo engravant un message ou un prénom, une belle idée de cadeau pourencourager un candidat à un examen, pour célébrer un départ à laretraite, un anniversaire ou un Nouvel An. Pensez-y, M. Quy vous attend !-VNA