Le culte de la Déesse-Mère fait son festival à Hanoi
D’après le Pr. Ngô Duc
Thinh, spécialiste dans ce domaine, ce culte est une croyance
multiculturelle qui n’existe qu’au Vietnam. Il s’intéresse non seulement
à la vie de l’homme après la mort, mais aussi à sa vie dans le présent
avec ses trois vœux : santé, richesse et belle carrière. Ce qui explique
pour quoi cette religion est toujours importante dans la vie moderne.
De plus, ce culte qui s’est répandu dans le delta du
fleuve Rouge, notamment les provinces de Nam Dinh, Thai Binh et Ninh
Binh, a une claire connotation patriotique, illustrée par le fait que
près de 50 génies sont adulés dans ce culte, dont des célébrités
historiques comme Trân Hung Dao, adulé en tant que Génie Trân.
Le culte de la Déesse-Mère inclut, entre autres, le rituel hâu dông
(médiumnité) dans lequel sera présenté le chant châu van. Ce dernier est
une forme d’art religieux qui combine chant et danse pour invoquer les
esprits durant les cérémonies de possession du rituel hâu dông. Le rite
hâu dông et le chant châu van sont souvent réalisés dans les temples où
les saints sont vénérés.
Le rituel Hâu dông, appelé
encore Hâu bong, considéré comme un rite religieux de la Déesse-Mère,
est une activité religieuse populaire à la dimension à la fois
spirituelle et artistique. Hâu dông est un rituel associé à des valeurs
artistiques folkloriques, de littérature, musique, danse, arts
plastiques, arts du spectacle et de fête populaire. Les artistes et les
médiums sont censés être en mesure de communiquer directement avec les
esprits, tandis que les participants à la cérémonie (le public) espèrent
avoir un contact avec les esprits pour leur demander leur bénédiction.
Hâu dông a souvent lieu dans des temples ou palais,
où il y a toujours un espace religieux solennel pour adorer et faire des
offrandes aux êtres saints. Le rituel de culte de la Mère est symbolisé
par des statues, peintures folkloriques, décors et costumes de cinq
couleurs représentant les cinq éléments de la cosmologie orientale
(métal, bois, eau, feu et terre).
Il est joué sur
une scène devant l'autel de la Déesse-Mère. Les médiums d'un rituel Hâu
dông peuvent être des hommes ou des femmes ayant la capacité de
communiquer avec les esprits et servir d’intermédiaires entre eux et les
humains. Chaque médium est aidé par deux assistants chargés de
l'évolution de ses costumes appropriés à chaque session.
Des musiciens sont assis près de la scène et jouent de la flûte, de
tambours et d’une cithare à deux cordes, accompagnés par deux ou trois
chanteurs qui chantent quand l'esprit s’est incarné dans le médium. Pour
chaque performance Hâu dông, de nombreux esprits peuvent se manifester.
Pour chacune des transes, une session commence. En général, il y a
environ 36 séances pour un Hâu dông, représentant chacune un esprit, une
déesse, un mandarin ou un objet sacré.
Lors de
chaque session, les danses représentent les caractéristiques de
l'esprit. Si c’est un général ou un mandarin, les danses seront
inspirées des arts martiaux, avec des mouvements rapides et forts -
avec armes et drapeaux militaires. Et si c’est une déesse de montagne,
habituellement une femme ethnique, les danses seront accompagnées
d’éventails en plume, blancs, verts, rouges ou jaunes, chacun étant
adapté à la décoration du palais de chaque déesse.
Une séance pour un prince comprendra des danses avec une lance, un
gourdin ou un arc et des flèches, tandis que pour la session d'une
princesse, les danses sont douces, fluides avec de beaux costumes, des
éventails et des fleurs...
Une session Hâu dông
utilise des mouvements de danse hautement conventionnels et stylisés.
Tous les mouvements du corps sont effectués de manière telle que le
public a l'impression que l'esprit est sur scène en, face d'eux, incarné
dans le corps du médium. En plus de la performance corporelle, la
valeur littéraire de Hâu dông se reflète à travers les chansons, les
danses, les contes riches en valeurs philosophique, musicale et humaine.
- VNA