Hô Chi Minh-Ville (VNA) – Un boxeur, c’est a priori combattif… La preuve avec Tchico Santu, un Français de 42 ans, qui tient un centre d’entrainement à Thu Duc, c’est-à-dire dans l’œil du cyclone… Bien évidemment, Tchico Santu a dû remiser ses gants et fermer son centre. On vous laisse deviner pourquoi… Mais là où d’autres se seraient laissés aller au découragement, notre champion des rings, lui, a choisi de ne pas rester les bras croisés et de se faire livreur en attendant que la mégalopole du Sud finisse de mettre l’épidémie de Covid-19 K.O…
À Hô Chi Minh-Ville, l’épidémie n’en finit plus de faire des ravages, et ce sont ainsi des milliers de personnes qui se retrouvent durement impactées. Tchico Santu ne fait pas exception à la règle. Il n’a certes pas été contaminé, mais il a dû mettre son travail entre parenthèses et surtout accepter de se retrouver loin de sa famille…
«Ma femme était enceinte et elle a voulu accoucher à Biên Hoa, d’où elle vient… Et là, pas de chance : 3 ou 4 jours après la naisance de notre bébé, il y a eu des cas là-bas et la ville a été mise en quarantaine… Du coup, ça fait trois mois que je ne vois plus ma famille…», raconte-t-il.
Pas drôle de se retrouver dans une telle situation… Mais Tchico Santu, lui, n’est pas du genre à se laisser abattre. Son centre de boxe est fermé? Eh bien qu’à cela ne tienne : en attendant, il livre de la nourriture, gratuitement, à celles et ceux qui en ont besoin, et des gens qui en ont besoin, il y en a beaucoup, en ce moment…Mais il est comme ça, notre boxeur au grand cœur : il renvoie l’adversité dans les cordes et décoche des élans de générosité en guise d’uppercuts!...
«L’armée est là pour aider la population, c’est vrai, mais toutes les aides sont bienvenues. Moi, c’est Hanh qui m’a mis le pied à l’étrier. Hanh, c’est la propriétaire du magasin de téléphonie où je me rends habituellement. Elle a lancé une campagne de distribution de produits de première nécessité et quand elle m’en a parlé, ça a été ni une ni deux : je lui ai aussitôt proposé de lui donner un coup de main. C’est comme ça que j’ai commencé à livrer des paquets. Honnêtement, ça me fait beaucoup de bien de faire ça, et puis quand je me lance dans quelque chose, j’aime bien être à 100%!», confie Tchico Santu.
Ne pas parler couramment le Vietnamien n’est pas un problème pour notre boxeur-livreur. Les contacts doivent de toutes façons être réduits au plus strict minimum. Pas de grandes effusions, donc, mais le cœur y est, et les regards suffisent à exprimer la gratitude.
«Il n’y pas de frontière, comme on dit si souvent. C’est vrai que je n’ai aucun contact direct avec les gens, mais il y a des échanges de regards qui en disent long et qui n’ont pas besoin de traduction», dit-il.
Comment expliquer un tel geste de solidarité de la part d’un étranger? La générosité? L’envie de se rendre utile?... Ici, dans notre pays, Tchico Santu a une famille, du travail et des amis. La vérité, c’est que notre pays est devenu le sien…
«Ça fait 15 ans que je suis ici. Il faut vraiment qu’on sorte bientôt de cette épidémie, et tous ensemble… C’est vrai que je ne connais pas bien le vietnamien, mais j’ai juste un mot à dire : Viêt Nam vô dich!», lance-t-il en riant.
«Viêt Nam vô dich!», «le Vietnam est invincible!»… Dans ce combat contre la crise sanitaire, l’union fait la force, et peu importe l’âge, la nationalité ou le métier... On est tout ensemble, on se bat ensemble et on gagne ensemble! – VOV/VNA