"Dans ma maison, que de ventilateurs, il n'y a plus de places pour les gens", dit avec un air amusé Dô Ngoc Long, dont le doux sobriquet est "Long qui aime les anciens ventilateurs".

Lui, comme un certain nombre de Hanoiens, ont un faible pour la collection et la restauration des anciens ventilateurs.

Dans le microcosme des collectionneurs d'anciens ventilateurs, Long est l'un des plus connus. Sa maison à deux étages, sise dans la rue Hoang Hoa Tham, est littéralement remplie de ventilateurs, dans la cour, dans la cuisine et même sous les escaliers.

"Après avoir passé plus 20 ans à acheter, rechercher et réparer des ventilateurs, je n'arrive pas à savoir précisément combien de ventilateurs me sont passés entre les mains. Peut-être plus de 800", déclare ce fringant quadragénaire.

Sa collection est composée pour l'essentiel de ventilateurs Marelly, une marque italienne fondée à la fin du 19 siècle. Un produit costaud, inusable, qui explique que certains modèles valent plusieurs milliers de dollars.

Sa passion est contagieuse. Sa femme et ses deux enfants aiment briquer les précieux ventilateurs et, comme lui, les dévorent des yeux.

Long est devenu ainsi un expert de la restauration des ventilateurs, et sa renommée retentit bien au-delà des frontières nationales. Il peut parler des heures durant des six générations de ventilateurs Marelly, avec quelque 130 modèles différents, des ventilateurs envoyés de France et des Etats-Unis pour une restauration, sans oublier de vanter les pièces de rechange qu'il a créées lui-même.

Long fait savoir qu'après le Têt du Chat (2011), il ouvrira un musée privé pour présenter sa collection de Marelly.

Autres figures parmi ces passionnés d'anciens ventilateurs: Trân Công Phuc, domicilié dans la rue Ta Hiên, et Lê Tân, rue Hang Bô, qui possèdent de belles collections de Marelly, d'Emi (Pays-Bas), d'Eon et de Calor (France); les premiers ventilateurs étrangers présents à Hanoi, durant la période coloniale.

Selon M. Tân, les premiers ventilateurs Marelly ont été importés à Hanoi en 1902, au service des fonctionnaires et des colons français. Et pour qu'un Vietnamien puisse prétendre acquérir un tel appareil, il lui fallait être richissime.

Et d'après M. Phuc, les anciens ventilateurs les plus recherchés actuellement sont le ventilateur de plafond à deux ailes et celui en forme de fiole à alcool. A Hanoi, on en trouve encore quelques-uns au Service de l'électricité de Hanoi et à la Banque d'Etat du Vietnam.

C'étaient déjà MM. Tân et Phuc qui avaient restauré des ventilateurs de ce type là, avant de les revendre à des collectionneurs étrangers.

"Si c'était possible, je garderais pour moi tous ces trésors comme un témoignage de la capitale d'antan", confie M. Phuc, un brin nostalgique. - AVI