La mégapole du Sud étend son empire vers la mer
Hô Chi Minh-Ville
dispose de tous les atouts pour développer une économie maritime digne
de ce nom. Une solution qui multiplie les avantages, dont celle de
faciliter les travaux d’adaptation au changement climatique.
La mégapole du Sud possède des conditions favorables au développement
d’une économie étendue vers la mer. Débouchant sur un large estuaire et
secondé par des centaines de kilomètres de voies fluviales, il est tout à
fait possible d’y construire des ports maritimes viables et prospères.
Cette idée n’est pas nouvelle, puisqu’elle apparaît
déjà dans la grande planification de 1993, avant de prendre plus de
consistance suite à ses deux réactualisations majeures opérées depuis.
Dans la planification de 1993, elle n’était indiquée
que comme une notion vague, puisqu’il s’agissait surtout de définir les
orientations possibles de développement.
Il a
fallu attendre la modification de 1998 pour voir cette idée prendre
forme, date à laquelle les autorités locales ont demandé au Premier
ministre d’apposer son sceau pour le développement du nouveau centre
urbain de Nam Sài Gon, de la zone franche Tân Thuân, de la zone
industrielle Hiêp Phuoc et du district de Cân Gio.
La dernière mise à jour de cette planification décidée par la ville -
effectuée en 2010 et approuvée par le chef du gouvernement - fixe le
développement du centre urbain portuaire de Hiêp Phuoc (4.000 ha), pour
le doter d’un réseau de ports maritimes modernes. La zone industrielle
de Hiêp Phuoc est à 16 km du centre-ville. Elle comprendra un port en
eau profonde réservé aux seuls navires de grand tonnage et regroupera
des entreprises opérant dans des secteurs polluants comme la chimie
(engrais, produits phytosanitaires et autres composés chimiques).
Le directeur du Service des ressources naturelles et de
l’environnement de Hô Chi Minh-Ville, Dào Anh Kiêt, est convaincu que
s’étendre vers la mer cumule les avantages pour la ville, prenant pour
exemples la disponibilité de nouveaux terrains pour la construction des
centres urbains, des zones industrielles, et citant les ports maritimes
qui permettront d’accueillir des navires de grand tonnage.
Mais
le point le plus important dans cette planification réside dans le fait
qu’elle aborde la problématique de l’adaptation au changement climatique
et tente d’y répondre. En effet, la majeure partie des ouvrages
destinés à limiter les impacts de ce phénomène qui ne cesse de prendre
de l’ampleur - ports maritimes, digues, barrages - sont en passe d’être
achevés.
Cependant, la ville manque de capitaux pour investir
comme elle le voudrait dans le développement des technologies - propres
notamment. Autre difficulté : la population n’a encore aucune
«conscience écologique», ce qui ne facilite pas la tâche des autorités
pour faire appliquer et faire respecter par tous les normes
environnementales.
Dans cette stratégie également, la ville se
focalise surtout sur le développement des ports maritimes. Le directeur
adjoint du Service municipal de planification et de l’architecture
Nguyên Dinh Hung indique qu’il faut aussi s’intéresser à l’évacuation
des eaux de crue, à la plantation (l’on pense aux forêts de mangroves,
certainement le meilleur rempart contre la montée du niveau de la mer,
qui plus est 100% naturel)…
Adaptation au changement climatique
Les autorités de Hô Chi Minh-Ville et de Rotterdam, (Pays-Bas), ont
récemment dressé un bilan de leur programme «Hô Chi Minh-Ville s’étend
vers la mer» et signé un mémorandum de coopération pour la période
2013-2015.
Ce programme résulte d’un accord entre les
gouvernements vietnamien et néerlandais sur l’adaptation au changement
climatique et la gestion des ressources en eau signé en 2010. En
seulement deux ans, il a permis d’aboutir à la création d’une base de
données sur le changement climatique, à une stratégie d’adaptation d’ici
à 2100 (CAS), ainsi qu’à un plan d’action pour son déploiement.
Selon
les autorités de Hô Chi Minh-Ville, ces documents serviront de
référence pour l’orientation du développement de la ville vers la mer et
la construction de ports, dans le contexte où cette localité essuie de
plein fouet les conséquences de la modification du climat. Ce programme a
en plus permis d’améliorer sensiblement les compétences des cadres qui y
ont participé.
La CAS comporte six grands volets : conditions
géologiques et hydrologiques ; approche graduelle contre les inondations
; rénovation et agrandissement du réseau d’évacuation des eaux
pluviales ; construction de réserves d’eau (lacs réservoirs) ; lutte
contre les inondations et l’invasion, l’infiltration de l’eau salée dans
les terres ; élargissement des espaces verts. Selon cette stratégie, il
sera désormais interdit de réaliser des constructions sans aménagement,
et des écluses seront installées en travers des cours d’eau afin
d’éviter les inondations dans la ville, provoquées lors des forts
coefficients de marée.
Associée correctement aux plans futurs de
développement, cette stratégie devrait permettre d’inscrire Hô Chi
Minh-Ville dans une vraie logique de développement durable, concrétisée
par des faits et non de simples promesses. - VNA