Chaque année, la population de Hanoi augmente grosso modo de 70.000 personnes alors que la superficie de parcs et autres espaces verts n’évolue quasiment pas. Une situation d’autant plus en plus alarmante que certains parcs sont parfois victimes de «grignotages» illégaux.

Personne n’a ainsi oublié le projet, fin 2008, d’hôtel au sein du parc Thông Nhât, un des «poumons verts» de la capitale, qui n’a finalement pas abouti grâce à l’opposition de l’opinion publique et des médias.

C’est un fait, le taux d’espaces verts à Hanoi est très modeste : 2,4m² par personne. Un taux bien inférieur aux 7 à 10m²/personne considérés comme idéaux pour une vie harmonieuse. À Paris et Washington, ce taux est de 10m² ; à Moscou, de 26m²...

Mais les espaces verts, ce ne sont pas seulement les parcs, ce sont aussi tous ces arbres, dont beaucoup sont centenaires, répartis le long des rues de la capitale. Imaginez Hanoi au coeur de l’été sans leurs ombres bienfaitrices! Et pourtant, ces arbres sont menacés par de nombreux intérêts économiques, aussi bien de particuliers que d’organismes. Si certains profitent de l’arbre devant leur maison pour y suspendre des pancartes de publicité, d’autres cherchent à les abattre sous divers prétextes, notamment celui «de nuisance au commerce».

«Tout le monde ou presque cultive des plantes sur son balcon ou sa terrasse. Par contre, rares sont ceux qui s’intéressent à la protection des arbres du domaine public. Cela est très dommage et mérite d’être critiqué», considère le professeur Pham Ngoc Dang, président de l’Association vietnamienne de l’environnement et de la construction.

Selon M. Dang, les critères d’une ville verte et écologique sont plus faciles à suivre dans les nouvelles zones urbaines que dans les anciens quartiers. En l’état actuel, la meilleure stratégie est de préserver les vieux arbres intra-muros, du moins ceux qui ne sont pas une menace pour la sécurité. Et dans les nouvelles zones urbaines, d’en planter autant que possible.

Le Vietnam n’a pas encore défini la notion - et encore moins les critères - de ce qu’est une cité verte. Néanmoins, selon les urbanistes, elle doit satisfaire aux normes d’espace, d’ouvrages, de voies de communication, d’industrie non polluante, de qualité de l’environnement et de population respectueuse de l’environnement.

Au Vietnam, et plus particulièrement à Hanoi, on s’intéresse guère à cette notion de zone urbaine verte. En général, dans tous les nouveaux quartiers, la superficie réservée aux arbres et espaces verts est insuffisante, comme le montre l’exemple de la zone urbaine de Nam Trung Yên dans l’arrondissement de Câu Giây. Des milliers de personnes y vivent mais l’on n’y trouve que quelques arbres de petite taille.

Selon Nguyên Duc Manh, chef adjoint du bureau de planification de la Compagnie des parcs et des plantes de Hanoi, depuis janvier, 800 arbres ont été taillés et 350 autres coupés. Suivant le plan de prévention des tempêtes et inondations pour 2012, ce sont plus de 3.800 autres arbres qui ont été élagués ou coupés. Cet entretien est nécessaire pour protéger la vie des habitants, mais doit se faire en veillant à préserver au maximum ce patrimoine végétal.

«Protéger les arbres est la responsabilité de tous. Cette mission doit impliquer la participation aussi bien des organisations que des particuliers», a estimé le professeur Pham Ngoc Dang.

Par ailleurs, avant de planter quoi que ce soit, il faudra demander l’avis de la population concernant l’emplacement et les essences. On peut aussi imaginer des mouvements de plantation d’arbres au sein des quartiers, avec le soutien des autorités locales ou de mécènes, a précisé M. Dang. -AVI