Les grandes chaînesinternationales de restauration rapide sont bien implantées au Vietnam.Mais les enseignes vietnamiennes tiennent bon et continuent de régalerles papilles. État des lieux.
Début février 2014, legéant américain McDonald’s a ouvert son premier restaurant au Vietnam.Un peu tard, si l’on compare avec KFC (arrivé en 1997), Lotteria (2004),Pizza Hut (2007), et dans une moindre mesure Burger King (2011) etStarbucks (2013).
Actuellement, presquetoutes les grandes marques internationales de restauration rapide sontimplantées au Vietnam, où elles représentent 70% des parts de marché.Les fast-foods sont devenus les lieux de rendez-vous privilégiés desjeunes citadins. Chics et pas trop chers.
Dans un pays où65% de la population a moins de 35 ans, où une classe moyenne émerge,la restauration rapide est promis à un bel avenir. Ces dernières années,ce segment a maintenu une croissance de 15% - 20% par an, aiguisantl’appétit des grandes marques internationales. Les jeunes citadinsvietnamiens vont dans les fast-foods étrangers pour y manger certes,mais pas seulement. Leur espace moderne, de style occidental, et leurréputation, ne sont pas étrangers à leur succès.
La restauration nationale menacée ?
Même si elle est face à des concurrents sérieux, la restauration rapidevietnamienne ne veut pas se contenter des miettes. De l’appétit, elleen a aussi. Pour s’en sortir, pas d’autres solutions que de fairedifférent, et de se reposer sur le savoir-faire culinaire vietnamien.Ses enseignes les plus connues comme Riz 123 et ABC misent ainsi sur lefast-food «au goût vietnamien». Selon des spécialistes, si décoration etmarketing sont bien menés, les fast-foods vietnamiens peuvent attirerautant de clients voire plus que leurs homologues étrangers, pour lasimple et bonne raison qu’ils proposent des plats collant parfaitementau goût des clients.
Ce n’est pas seulement le segmentde la restauration rapide qui a connu ces dernières années une «invasionétrangère», mais le secteur de la restauration dans son ensemble. Pours’en convaincre, le nombre de restaurants japonais, sud-coréens outhaïlandais qui ont pignon sur rue dans les grandes villes. Lesrestaurants de Corée du Sud n’ont pas eu trop de mal à s’implanter grâceaux séries télévisées (les fameux soap operas), véritablesambassadrices de la culture sud-coréenne.
Selon Lê TuânAnh, de l’Université de la culture, «la gastronomie est un élément trèsimportant pour les touristes. Au Vietnam, ce segment est peu ou malexploité, la gastronomie nationale est insuffisamment mise en valeur. Onn’a pas encore de stratégie concrète en la matière. Pourtant, lestouristes étrangers qui visitent notre pays souhaitent déguster desplats vietnamiens et pas ceux qu’ils ont l’habitude de consommer chezeux ! La chose la plus importante, c’est se faire connaître, donc lemarketing».
Des enseignes qui cartonnent
Certaines enseignes vietnamiennes résistent bien à «l’invasion» desgéants de la restauration rapide. C’est le cas de Vina One avec sesplats «à la vietnamienne» comme pho, un des symboles de la gastronomievietnamienne, com tâm (riz cassé), qui compte sept restaurants à Hô ChiMinh-Ville. «Je n’ai pas peur de la concurrence, avoue fièrement PhanTri Thành, chef de la chaîne Vina One. Regardez ! Nous sommes à côté desKFC et Lotteria, et pourtant nous sommes toujours bondés».
«L’hygiène alimentaire, la qualité du service et surtout des prixraisonnables sont des facteurs importants pour attirer et garder lesclients», considère-t-il. Autre exemple d’enseigne vietnamienne qui a del’appétit : Banh mi Tuân Mâp (pain de Tuân Mâp), qui propose dessandwiches bien vietnamiens. Elle compte déjà une centaine d’échoppesdans tous les arrondissements de Hô Chi Minh-Ville et même dans lesprovinces voisines comme Dông Nai, Vung Tàu, Binh Duong…
Il y a quelques temps, un groupe de jeunes Saïgonnais a créé l’enseigneXôi la chuôi (riz gluant enveloppé dans des feuilles de bananier). Déjàsix restaurants, et une renommée grandissante. Interrogé sur le devenirde la restauration vietnamienne face à l’invasion de la cuisineétrangère, le Docteur Nguyên Nha, ancien directeur de l’Institutd’études de la gastronomie du Vietnam, se montre très optimiste : «Avecses 300 plats, dont beaucoup adorés des étrangers, et sa créativité,notre gastronomie n’a pas à s’inquiéter. La gastronomie étrangèrecontribuera juste à l’enrichir, certainement pas à la remplacer».
Selon lui, un projet «Cuisine vietnamienne, cuisine du monde» estactuellement déployé. L’objectif est de former des cuisiniersvietnamiens aux standards internationaux et de développer une«gastronomie touristique».
Pour sa part, Nguyên Quôc Ky,directeur général du voyagiste Vietravel, a informé quel’Administration nationale du tourisme a confié à sa compagnie la tâched’élaborer un projet ambitieux dénommé «Développement de la gastronomiedu Vietnam au niveau mondial». Concrètement Vietravel s’oriente versl’élaboration d’un label «Cuisine du monde» pour la cuisine nationale.Selon les prévisions, ce projet sera achevé en 2018. -CVN/VNA