Le Vietnam, l’un des pays les plus exposés aux changements futurs du niveau de la mer du fait de sa géographie et de sa topographie, prend le problème à bras-le-corps pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résistance.

Selon le Comité intergouvernemental sur le changement climatique de l’ONU, le Vietnam est le deuxième des cinq pays qui seront les plus affectés par le changement climatique, à commencer par la montée des eaux compte tenu de ses zones littorales de faible altitude - les deltas du Mékong et du fleuve Rouge - où vivent plus de 20 millions de personnes.

Dans un scénario élaboré en 2012 par le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, le climat de l’ensemble du pays connaîtra d’importantes modifications. Vers la fin du XXI e siècle, la température moyenne sera supérieure de 2,3°C. La pluviosité augmentera fortement durant la saison des pluies et diminuera considérablement en saison sèche. Le niveau de la mer sera supérieur de 75 cm par rapport à celui de la période 1980-1999.

Les canicules accompagnées d’importantes invasions d’eau salée séviront dans le delta du Mékong dont la population connaîtra de nombreux problèmes, notamment par manque d’eau potable. Les eaux salées pénètreront de plus en plus profondément dans les terres, la salinité étant estimée atteindre de 20% à 30%.

D’après le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, si le niveau de la mer augmente d’un mètre, environ 39% de la superficie et 35% de la population du delta du Mékong seront directement affectés.

Plus de 10% de la superficie et 9% de la population du delta du fleuve Rouge et de Quang Ninh, plus de 2,5% de la superficie et 9% de la population des provinces littorales du Centre, et environ 7% de la population de Hô Chi Minh-Ville en subiront également les effets directs.

Selon les statistiques, les calamitiés naturelles, plus fréquentes et plus dangeureuses, ont fait 285 morts et disparus au Vietnam en 2013 et provoqué des dégâts économiques estimés à environ 28.000 milliards de dôngs (plus de 1,3 milliard de dollars).

Les remontées d’eau salée menacent les récoltes et le mode de vie des habitants des régions littorales du pays, notamment celles du Nam Bô occidental où 1,77 millions d’hectares, soit 45% des terres arables, sont affectés par la salinisation.

L’eau salée pénètre désormais jusqu’à 40-45 km à l’intérieur des provinces de Soc Trang et Bên Tre, voire jusqu’à 70 km par certains endroits. Dans la province de Hâu Giang, la salinité est estimée atteindre de 5% à 7%.

Or c’est dans le delta du Mékong que plus de la moitié de la récolte vietnamienne de riz est produite, et même davantage pour les poissons et les fruits.

Le phénomène inquiète non seulement les paysans du delta, mais il intrigue également les scientifiques et les chercheurs, au Vietnam comme à l’étranger. Ces derniers ont avancé trois groupes de solutions, le premier étant la construction et l’aménagement des ouvrages hydrauliques pour contrôler la quantité et la qualité de l’eau.

L’édification et la consolidation des digues maritimes, fluviales sont une nécessité au Vietnam qui compte 28 provinces et villes littorales, 2.360 rivières d’une longueur unitaire supérieure à 10 km et 26 affluents de grands fleuves.

Afin de se protéger contre les crues et inondations, le Vietnam dispose de 5.716 km de digues fluviales, 2.700 km de digues maritimes dont 3.509 km de digues fluviales et 759 km de digues maritimes dans le Nord.

Le deuxième groupe de solutions consiste à informer et sensibiliser le public via les médias et les conférences, développer les technologies de prévisions météorologiques et hydrologiques, rajuster la structure des plantes, bien gérer les forêts de protection et planter la mangrove.

Si le premier groupe de solutions occasionne souvent de grandes dépenses, le second est moins onéreux et respectueux de l’environnement. Leur combinaison permet ainsi de réduire les coûts d’investissements tout en augmentant leur efficacité.

Dernier point mais non le moindre, il convient également de construires des centres urbains aquatiques dans les régions comme le delta du Mékong qui est quadrillé par une multitude de canaux, de rizières.

Le gouvernement dispose d’une stratégie nationale dans laquelle sont définis plusieurs scénarii sur les impacts du changement climatique au cours des 50 prochaines années, en fonction des différents modèles de prévision de l’évolution du phénomène (fourchette basse, intermédiaire, et haute).

Pour protéger la population des zones à haut risque, le gouvernement met en œuvre le programme de "cohabitation avec les crues" qui, selon les prévisions, concernera près de 135.000 foyers d’ici 2015. - VNA