Paris (VNA) - Les travailleurs indochinois à Toulouse pendant les deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945) est le thème d’une exposition en cours à la mairie de la ville de Toulouse.
Ouverte du 2 au 23 avril, l’exposition relève d’un projet culturel et pédagogique multidimensionnelle de Toulouse qui entend contribuer à transmettre au grand public l’histoire des travailleurs indochinois, vietnamiens surtout, amenés en France en 1915, puis à nouveau en 1940. L’objectif est de donner à voir cette migration coloniale organisée, à l’origine de la première présence de Vietnamiens sur le territoire métropolitain.
Prenant la parole lors du vernissage de l’exposition, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, président de Toulouse Métropole, a qualifié ce projet de "palpitant" et apprécié cette exposition qui traite un sujet "peu connu du grand public", et qui pourtant fait "partie intégrante" du "patrimoine commun", de la "richesse culturelle" de Toulouse.
L’exposition réunit une centaine de photos tirées des archives. Elle rapproche de façon inédite les deux périodes. Elle est construite autour des témoignages des travailleurs indochinois ou de leurs descendants.
Ce projet est l’œuvre d'une équipe de trois spécialistes : Dzu Lê Liêu, enseignante en audiovisuel et réalisatrice ; Liêm-Khê Luguern, enseignante en histoire-géographie et docteur en histoire (EHESS) ; Laure Teulières, maître de conférences en histoire contemporaine (de Université Toulouse Jean-̀Jaurès) et codirectrice de la revue "Diasporas. Circulations, migrations, histoire".
Selon la docteure en histoire Liêm-Khê Luguern, les deux guerres mondiales ont provoqué l’arrivée de dizaines de milliers d’Indochinois, pour l’essentiel des Vietnamiens, tirailleurs et travailleurs recrutés pour participer à l’effort de guerre, surtout au sein des industries produisant pour la Défense nationale de la France. Des milliers d’entre eux ont ainsi vécu en région toulousaine, dans l’Ariège et les Hautes-Pyrénées, le Tarn et le Tarn-et-Garonne, jusque dans le Lot forestier. Certains ont été employés dans les poudreries ou les arsenaux de la région, à Toulouse, Tarbes, Castelsarrasin, Castres, Pamiers ; d’autres ont fait du bois ou des travaux champêtres, notamment durant l’Occupation.
Le travail de recherche des organisateurs a fait revivre les dures conditions des travailleurs, le départ contraint pour beaucoup, le dépaysement, l'exploitation, mais pour certains aussi l'occasion d'un itinéraire social atypique, de solidarités et de fréquentations nouvelles.
L’exposition est composée de 13 panneaux afin de pouvoir être présentée de façon itinérante. Elle est accompagnée d'un Livret pédagogique qui devrait aider les élèves lors de leur visite de l’exposition et d’une bande-vidéo qui recueille la parole de descendants de travailleurs indochinois passés en région toulousaine.
Toujours dans le but de mettre en lumière le sort des travailleurs indochinois, une journée d’études "Asiatiques au travail en France durant les deux guerres mondiales" a été organisée le 1er avril à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Des érudits français ou français d’origine vietnamienne ont fait des interventions se rapportant au sujet de travailleurs indochinois. Il s’agit notamment de " L'émergence d'un prolétariat en Indochine à l'époque coloniale " par Daniel Hémery, maître de conférences honoraire des universités, Université Paris VII – Denis Diderot ; "Les travailleurs vietnamiens dans l'industrie de guerre de 1915 à 1919" par Mireille Lê Van Hô, archiviste-paléographe, conservateur des bibliothèques ; "Les Travailleurs vietnamiens requis en 1939-1940" par Liêm-Khê Luguern, docteur en histoire (EHESS), Collège Albert Camus de Gaillac.
Dans le cadre de cette journée d’études a aussi été organisée une table ronde, sous la direction du maître de conférences Laure Teulières. -VNA