Comme d’autres villages de métier traditionnel, celui de Chuông(commune de Phuong Trung, district suburbain de Thanh Oai, à Hanoï) aconnu ces dernières années une passe difficile car la demande intérieureen nón lá (le fameux chapeau conique vietnamien) a fortementbaissé. Les villageois cherchent donc à étoffer leur offre et misentparticulièrement sur la vente aux touristes et à l’exportation.
Les nón lá actuels sont de formes et tailles très diverses.Outre les produits à usage quotidien, on y trouve aussi ceux à vocationpurement décorative. Quelle que soit sa forme, la confection de cechapeau iconique nécessite des savoirs et des techniques artisanalesprécis que les femmes du village de Chuông maîtrisent parfaitement.
La fabrication d’un chapeau conique est entièrement réalisée à la main.Pour qu’il soit à la fois esthétique, léger et solide, la qualité desmatières premières est primordiale. Ainsi, pour avoir un beau chapeau,les artisanes se fournissent en feuilles de latanier, un palmier quel’on trouve dans les provinces de Quang Binh, Hà Tinh et Nghê An(Centre).
Les feuilles doivent être assez jeunes et frottées dans le sable pourles ramollir et les sécher au soleil. On utilise aussi du bambou pourréaliser l’ossature du chapeau : seize sont nécessaires. Cette matièrepremière vient quant à elle des provinces de Hoà Binh (Nord) et de ThanhHoa (Centre).
Du fil, qui vient du Sud et plus précisément de Hô Chi Minh-Ville,permet de coudre les feuilles de latanier sur les cerceaux. Il s’agit làde l'étape la plus difficile dans la confection du chapeau conique. Unouvrier qualifié en couture doit en outre s'assurer que les feuilles nesont pas cassées et doit à la fin contrôler son œuvre pour s’assurer deson imperméabilité. Il étale alors sur la surface extérieure du chapeauune fine couche d'huile de pin pour éviter à son futur porteur d’avoirla tête trempée.
Les villageois de Chuông ouvrent leur marché spécialisé dans le nón les 4e, 10e, 14e, 20e, 24e et 30e jours de chaque mois lunaire. Se déroulant dans un espace historique,celui de la cour de la pagode Chuông, un grand nombre de personnes - desartisans aux commerçants en passant par les simples curieux - yaffluent les jours d’ouverture, entre 05h00 et 08h00 du matin. Lesvendeuses y proposent des chapeaux coniques de toutes sortes, en gros ouau détail, mais également les matières premières permettant de lesréaliser.
Le marché de Chuông est l'un des rares marchés qui conserve encorel'atmosphère de la campagne, animée mais pas agitée. Les visiteursapportent souvent des lampes de poche pour vérifier et choisir lesmeilleurs matériaux pour la confection du chapeau. Les commerçants sontassis derrière de haute pile de chapeaux, à tel point que l'acheteur nepeut pas toujours voir le visage du vendeur.
Ainsi, le marché de Chuông avec six jours d’ouverture par mois estdevenu une routine familière et indispensable pour les habitants duvillage de Chuông depuis des générations. - CVN/VNA