Dông Hô, des estampes populaires et des anges gardiens

Dans le petit village de Dông Hô (district de Thuân Thành, province de Bac Ninh) quelques artisans passionnés mènent un combat acharné pour maintenir vivante une forme d’art séculaire: les estampes populaires qui ont fait la renommée de leur terroir.

"Hôi làng" (Fête du village) par les artisans Nguyên Dang Chê et Trân Nhât Tân. Photo: baobacninh.com.vn
"Hôi làng" (Fête du village) par les artisans Nguyên Dang Chê et Trân Nhât Tân. Photo: baobacninh.com.vn

Hanoi (VNA) – Dans le petit village de Dông Hô (district de Thuân Thành, province de Bac Ninh) quelques artisans passionnés mènent un combat acharné pour maintenir vivante une forme d’art séculaire: les estampes populaires qui ont fait la renommée de leur terroir.

De dix-sept familles autrefois, il n’en reste plus que deux aujourd’hui - les Nguyên Dang et les Nguyên Huu - qui perpétuent cette tradition ancestrale. Mais leur détermination est inébranlable. Prenez Nguyên Dang Chê, vingtième génération de sa lignée: ses mains expertes transforment encore aujourd’hui les matériaux les plus simples en des œuvres d’art.

«La nature nous offre tout ce dont nous avons besoin», explique-t-il avec passion. Le papier vient de la plante «dó» (rhamnoneuron balansae). Les fleurs de sophora japonica deviennent un jaune éclatant, les feuilles d’indigo se métamorphosent en vert profond, tandis que les cendres et la nacre donnent vie au noir et au blanc.

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L'artisan Nguyên Dang Chê. Photo: donghofolkpainting.com

Pour que les estampes populaires de Dông Hô suivent les tendances modernes tout en préservant leur aspect traditionnel, l’artisan Nguyên Dang Chê maintient les étapes de fabrication, des matériaux aux méthodes, en passant par les couleurs, les techniques de gravure sur bois et d’impression. Il ne modifie que les thèmes pour renouveler les oeuvres.

«Partout où j’ai vu des estampes de Dông Hô, j’ai demandé à les avoir ou je les ai achetés. Aujourd’hui, toutes les estampes ont été restaurées. J’ai personnellement gravé 100 planches de bois et d’autres pour 10 autres séries d’estampes», explique-t-il.

La relève est assurée. Nguyên Dang Tâm, fils de Nguyên Dang Chê, porte fièrement le flambeau. «Mon père nous montre la voie. Sa dévotion totale à son art nous inspire chaque jour», dit-il.

Plus loin dans le village, Nguyên Thi Oanh incarne la fusion parfaite entre tradition et modernité. Attachée au papier dó et aux planches de gravure depuis l’âge de 9-10 ans - elle est aujourd’hui sexagénaire -, elle continue de travailler avec assiduité malgré le travail manuel éprouvant. Elle est issue de la lignée Nguyên Dang et est devenue la belle-fille du défunt maître artisan Nguyên Huu Sam. Ce destin l’a davantage motivée à préserver et développer le métier traditionnel des deux familles.

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L'artisane Nguyên Thi Oanh. Photo: VOV

«Depuis mon enfance, ma passion pour ce métier ne m’a jamais quittée. Je m’efforce de préserver, de collectionner et de restaurer l’héritage de nos ancêtres, tout en apportant de nouveaux thèmes pour enrichir les estampes populaires de Dông Hô. L’innovation est essentielle pour garantir un développement durable. À ce jour, j’ai créé près de 60 nouveaux thèmes», confie-t-elle.

Parmi les estampes créées par Nguyên Thi Oanh, beaucoup ont été primées lors de concours consacrés aux produits artisanaux emblématiques. Depuis plusieurs années, elle s’implique activement dans la promotion de l’art des estampes populaires de Dông Hô lors d’événements majeurs, tant au niveau national qu’international. Son époux, Nguyên Huu Hoa, également maître artisan, est toujours à ses côtés.

«Ce métier connaît des hauts et des bas. Notre plus grand défi n’est pas artistique, mais économique. Nous devons sans cesse innover dans notre façon de présenter et commercialiser nos estampes», confie-t-il.

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"Le mariage des rats", le tableau le plus célèbre du village de Dong Ho. Photo: baotintuc

Les autorités locales ont compris l’enjeu. La création du Centre de conservation des estampes populaires de Dông Hô, avec ses milliers d’artefacts précieusement conservés, témoigne de cette prise de conscience. Vuong Dinh Tuyên, responsable culturel local, coordonne une vaste campagne de promotion qui dépasse largement les frontières nationales.

«Dans le but de préserver et de mettre en valeur les estampes populaires de Dông Hô, le Comité populaire de la commune de Thuân Thành et son bureau de la culture et de l’information ont récemment collaboré avec les médias nationaux et locaux. Cette coopération a permis l’organisation de diverses actions visant à promouvoir cet art auprès des visiteurs, qu’ils soient vietnamiens ou internationaux», explique-t-il.

La reconnaissance de cet art comme patrimoine culturel immatériel national en 2013 n’est qu’une étape. Car au-delà des distinctions officielles, c’est tout un pan de l’âme vietnamienne qui continue de vibrer dans chaque gravure sur bois, dans chaque impression minutieuse, dans chaque couleur naturelle soigneusement préparée. – VOV/VNA

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