Les grandes nations commerciales ont promis samedi à Davos de relancer le cycle de Doha de libéralisation des échanges, au point mort depuis 2008, s'engageant à tout mettre en oeuvre pour aboutir à un accord en juillet, apprend-on de l'AFP.

"Tout le monde s'est mis d'accord pour dire que nous sommes en fin de partie, que nous devons conclure un accord en juillet", a expliqué à la presse le commissaire européen au Commerce Karel De Gucht à l'issue d'une réunion d'une trentaine de pays de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), en marge du Forum économique mondial (WEF) de Davos (Suisse).

"Pour cela, nous avons besoin de nouveaux projets de textes en mars", a-t-il ajouté.

Le ministre japonais de l'Economie, du commerce et de l'industrie, Banri Kaieda, a confirmé que "les coprésidents (de la réunion) avaient proposé d'avoir un texte révisé d'ici à Pâques, si possible en avril, et d'avoir un (accord d') ensemble conclu en juillet".

Peu après, dans un communiqué, la Confédération helvétique, l'organisateur de la rencontre, a elle aussi confirmé que les ministres, au cours de leur rencontre de plus de trois heures, s'étaient "mis d'accord sur la nécessité d'avoir tous les textes de négociations sur tous les dossiers de Doha en avril et un accord global sur le paquet en juillet".

Le représentant américain au Commerce, Ron Kirk, s'est montré plus prudent sur les échéances. Il a toutefois reconnu qu'il y avait un "sentiment d'urgence" partagé sur la nécessité de "s'engager immédiatement pour saisir la fenêtre d'opportunité" actuelle. "Les Etats-Unis y participeront activement", a-t-il assuré.

Le directeur de l'OMC, Pascal Lamy, s'est félicité d'une "totale convergence" des participants sur l'importance de parachever cette année l'accord destiné à ouvrir les économies mondiales, par le biais de milliers de levées de droits de douane pour les produits industriels et de réductions draconiennes des subventions à l'agriculture.

Ces déclarations relancent l'espoir d'un aboutissement du laborieux cycle, entamé en 2001 dans la capitale du Qatar et qui a cristallisé pendant de longues années les oppositions entre pays riches et en développement. Plus récemment, les Etats-Unis étaient montrés du doigt comme étant les plus réticents.

La crise de 2008, qui a fait resurgir les craintes de protectionnisme, la montée en puissance des économies émergentes, l'arrivée de la nouvelle
administration américaine ainsi que la "guerre des monnaies" ont quelque peu changé la donne.

Selon plusieurs sources proches des négociations, cette dernière avancée est également à mettre sur le compte d'un rapprochement entre Washington et Pékin depuis le G20 de Séoul en novembre. D'après ces sources, les deux pays ont convenu que le commerce constituait un domaine adéquat pour "cimenter" leurs relations, difficiles sur de nombreux sujets.

Pendant la réunion, samedi matin, la volonté des deux pays d'avancer a été tangible, ont relevé ces sources, prévoyant une réaction en chaîne positive des autres pays réticents, comme l'Inde et le Brésil, qui ne voudront pas être accusés d'un échec à la fin de l'année.

Les risques d'une déroute et ses conséquences sur l'économie mondiale ont également pesé dans la balance au lendemain du vibrant appel du Premier
ministre britannique David Cameron et de son homologue allemande Angela Merkel à conclure un cycle "bénéfique pour tous". Mais, a reconnu M. de Gucht, "il y a encore beaucoup de travail à faire".- AVI